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Le nouveau gouvernement s’en prend aux pauvres en Suède

par internationalen

À compter du 1er octobre, la nouvelle loi sur l’assurance chômage entrera en vigueur, ce qui détériorera considérablement les choses pour toutes les personnes qui recevront une notification de prestations à partir de cette date. Cependant, les personnes déjà au chômage continueront de percevoir des prestations selon l’ancien système pendant les 300 premiers jours, ce qui reste maigre mais ne constitue pas une détérioration.

C’est lors d’une conférence de presse en février dernier que le gouvernement a annoncé les changements qui deviennent aujourd’hui réalité. Nous pouvons constater une amélioration dans la nouvelle loi, dans la mesure où le plafond est légèrement relevé pour le montant que vous pouvez gagner tout en continuant à percevoir 80 % de vos indemnités – jusqu’à un revenu mensuel de 34 000 couronnes pendant les 100 premiers jours –, mais sinon, tout va dans le sens contraire.

Aujourd’hui, on touche 80 % pendant les 200 premiers jours de chômage, mais désormais, ce taux sera ramené à 70 % après 100 jours. Actuellement, le taux est de 70 % entre le 200e et le 300e jour, mais la coalition Tidö le ramène à 65 %.

Cependant, ce sont les chômeurs de longue durée qui perçoivent actuellement une aide à l’activité qui sont les plus touchés par ces mesures, une catégorie dans laquelle on entre après 300 jours sans emploi et dont le niveau d’indemnisation est de 65 %. Les partis de gauche souhaitent maintenir la limite à ce niveau, mais la réduire de cinq points de pourcentage tous les 100 jours, pour atteindre un seuil final de 365 couronnes après impôts pour chaque jour ouvrable normal. Les personnes qui bénéficient déjà d’une aide à l’activité seront également touchées par cette détérioration après 100 jours d’indemnisation à compter du 1er octobre.

Aujourd’hui, certains chômeurs ne perçoivent qu’un peu plus de 9 000 couronnes suédoises nettes par mois d’aide, mais avec 365 couronnes suédoises par jour, cela signifierait une détérioration significative, avec moins de 8 000 couronnes suédoises par mois à leur disposition. Mais comment peut-on vivre avec cela, avec un loyer de peut-être 5 000 à 6 000 couronnes ? La vérité est que davantage de chômeurs sont contraints de demander une aide sociale, que les coûts sont répercutés sur les municipalités et qu’un fardeau encore plus lourd pèse sur les services sociaux déjà en sous-effectif et surchargés. De plus, les personnes qui vivent déjà dans des conditions extrêmement précaires sont encore plus mises sous pression, avec tout ce que cela implique en termes de souffrance personnelle et de risque de troubles psychologiques. Mais lors de la conférence de presse de l’année dernière, le ministre du Travail de l’époque, Johan Persson (L), a déclaré avec aplomb : « Nous renforçons désormais notre politique en faveur de l’emploi. L’assurance chômage doit être un tremplin vers de nouvelles perspectives, et non un hamac dans lequel on risque de rester coincé pendant longtemps ».

L’attaque des partis conservateurs contre les chômeurs de longue durée est purement inhumaine et n’est rien d’autre qu’une chasse aux pauvres en Suède, avec l’idée sous-jacente que certaines personnes n’ont tout simplement pas le droit de donner un peu de lustre à leur existence. Nous devons toutefois garder à l’esprit que cela ne devrait pas nécessairement se passer ainsi, et que cela n’a d’ailleurs pas toujours été le cas en Suède : jusqu’au 1er juillet 1993, le niveau d’indemnisation des chômeurs était de 90 % pendant 300 jours, et même pendant 450 jours pour les personnes âgées de plus de 50 ans ! Ce n’est pas non plus cette indemnisation généreuse qui a fait grimper le chômage. Au contraire, pendant plusieurs décennies, il n’atteignait même pas un tiers de son niveau actuel.

Il est également essentiel de comprendre que cette politique de droite repose sur un véritable objectif de classe. En effet, la seule possibilité pour la classe ouvrière de s’imposer face aux détenteurs du capital est de refuser, collectivement et individuellement, de travailler dans n’importe quelles conditions. Pour ce faire, deux choses sont nécessaires : une caisse de grève et une caisse de chômage. La caisse de grève est le fondement de l’organisation syndicale et ce qui donne au collectif la possibilité de faire grève pour faire valoir ses revendications.

. L’assurance chômage fixe un seuil minimum pour le salaire et les conditions de travail de chaque individu, une dernière bouée de sauvetage qui permet de refuser des emplois aux salaires et conditions de travail abusifs. La prétendue « ligne de force » de la droite n’a jamais visé à réduire le chômage, mais à utiliser celui-ci pour détériorer la situation de tous les travailleurs. Une partie importante de cette stratégie consiste à détériorer les conditions d’octroi des allocations chômage.

Pour réduire réellement le chômage, la politique du gouvernement Tidö – qui repose principalement sur la détérioration des conditions pour les demandeurs d’emploi et la baisse des impôts – est totalement contre-productive. Nous aurions aujourd’hui besoin de beaucoup plus de mains pour remettre en état et développer le système de protection sociale. Pensez également à toutes les ressources qui devraient être consacrées à la mise en place d’une véritable transition climatique verte. De plus, il est grand temps de procéder enfin à une réduction significative du temps de travail. Un changement radical de politique ouvrirait la voie à une réduction drastique du chômage !

Publié par Internationalen le 3 octobre 2025, traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec l’aide de DeepLpro