
1. L’impact global des hausses tarifaires de Trump est de porter le taux moyen des droits de douane sur les importations de biens des États-Unis à 26 %, soit le niveau le plus élevé depuis 130 ans.

2. La formule utilisée pour établir le tarif de chaque pays exportant vers les États-Unis n’est pas liée à des taxes injustes, des subventions ou des barrières non tarifaires imposées par les pays sur les exportations américaines. Au contraire, elle suit une formule simple : la taille du déficit commercial des États-Unis vis-à-vis de chaque pays est divisée par la taille des importations des États-Unis en provenance de ce pays, puis divisée par deux. Un exemple : Les États-Unis ont un déficit de 123 milliards de dollars avec le Vietnam, d’où ils importent 137 milliards de dollars. Ce pays est donc réputé avoir des barrières commerciales équivalant à un tarif d’importation de 90 %. La formule des États-Unis consiste à appliquer un droit de douane réciproque de moitié (45 %), afin de réduire le déficit bilatéral de moitié. Problème : le Vietnam n’applique pas de droits de douane de 90 % sur les exportations américaines, de sorte qu’il ne peut éviter une réduction de ses ventes aux États-Unis en acceptant de réduire ses « droits de douane » sur les exportations américaines.
3. Les mesures auront un impact significatif sur les pays du Sud. Certains des taux tarifaires les plus élevés se trouvent dans des pays en développement à faible revenu d’Asie du Sud et du Sud-Est, comme le Cambodge ou le Sri Lanka.
4. Les droits de douane de Trump ne concernent que les importations de biens, pas les services. Les États-Unis accusent un déficit sur les biens avec les pays de l’Union européenne, c’est pourquoi Trump a imposé des droits de douane de 20 % sur ces importations. Mais il n’y a pas de mesures contre les services (environ 20 % de l’ensemble du commerce mondial). L’UE enregistre un excédent de biens avec les États-Unis, mais un déficit important en matière de services (banques, assurances, services professionnels, logiciels, communications numériques, etc.) avec les États-Unis. Si les services avaient été inclus, le déficit des États-Unis vis-à-vis de l’UE aurait pratiquement disparu.
5. Tous les pays, même ceux qui accusent un déficit avec les États-Unis en matière de biens échangés, sont soumis à un droit de douane de 10 %. Cette règle s’applique également aux pays qui ne commercent pas avec les États-Unis ou qui n’ont pas de population (Diego Garcia, Antarctique...). Les droits de douane appliqués au Royaume-Uni sont de 10 %, par exemple. Ainsi, bien que le commerce de marchandises du Royaume-Uni soit pratiquement à l’équilibre avec les États-Unis (58 milliards de dollars contre 56 milliards de dollars), il prendra tout de même un coup du fait d’une perte d’exportations de marchandises vers son plus grand partenaire commercial, les États-Unis. Si la formule tarifaire de Trump pour les biens était appliquée au Royaume-Uni, il n’y aurait pas de droits de douane sur les importations en provenance de ce pays. En revanche, si le commerce des services était inclus, les droits de douane sur les importations en provenance du Royaume-Uni s’élèveraient à 20 % ! Morgan Stanley estime que le nouveau régime tarifaire pourrait retrancher jusqu’à 0,6 point de pourcentage à la croissance britannique (qui est de toute façon pratiquement nulle).
6. Les droits de douane entraîneront une hausse substantielle des prix - Les consommateurs des États-Unis subiront les conséquences de la hausse des prix d’une grande variété de produits alimentaires de base et de biens essentiels qui ne peuvent physiquement pas être produits dans le pays, les ménages les plus pauvres étant les plus durement touchés. L’industrie américaine devra faire face à des coûts plus élevés pour les fournitures intermédiaires, les machines et les équipements, ce qui réduira à néant les avantages marginaux liés à la réduction de la concurrence étrangère.
7. Autre exemple : les droits de douane de 54 % imposés à la Chine pourraient entraîner une baisse des importations de 507 milliards de dollars, alors que la Chine n’exporte que 510 milliards de dollars. Les droits de douane imposés par Trump sur la Chine réduiraient les importations américaines d’environ 20 %. Cela provoquerait un « choc d’offre » similaire à la période de la pandémie, entraînant une récession et/ou une inflation aux États-Unis.
8. Les représailles des autres pays entraîneront une chute des exportations américaines. Dans les années 1930, après l’imposition des droits de douane dans le cadre de la loi Smoot-Hawley, les représailles ont entraîné une chute de 33 % des exportations américaines et une baisse en spirale du commerce international, appelée « spirale de Kindleberger » : un cycle dans lequel les droits de douane réduisent les échanges, puis les représailles les réduisent encore, puis d’autres représailles, puis des effets de premier ordre sur la production, puis des effets de second ordre, puis d’autres droits de douane et représailles, jusqu’à ce que le commerce mondial tombe de 3 milliards de dollars en janvier 1929 à 1 milliard de dollars en mars 1933.

9. Une guerre commerciale tarifaire frapperait l’économie des États-Unis plus durement que Smoot-Hawley, puisque le commerce représente aujourd’hui une part du PIB trois fois plus importante qu’en 1929, et 15 % du PIB en 2024 contre environ 6 % en 1929.
10. Le PIB réel des États-Unis pourrait reculer de 1,5 à 2 points de pourcentage cette année et l’inflation pourrait atteindre près de 5 % si ces droits de douane ne sont pas annulés rapidement (prévisions d’UBS).
11. La baisse de la croissance commerciale due aux droits de douane entraînera une diminution des flux de capitaux internationaux, ce qui affaiblira l’investissement et la croissance économique à l’échelle mondiale.