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Loi de financement universitaire : un premier échec pour Milei ?

© La Izquierda Diario

La semaine dernière des manifestations massives ont eu lieu dans toute l’Argentine pour la défense des universités publiques et contre le veto de Milei à une loi votée par le Parlement pour les financer. 

Cette loi vise à récupérer le budget perdu depuis que le gouvernement Milei est entré en fonction, à cause de la forte inflation et de la politique d’ultra-austérité. Elle vise particulièrement à revaloriser les salaires des travailleurEs enseignantEs ou non (qui ont chuté de 30 % en moyenne) et les bourses étudiantes.

Un veto sur le financement des universités publiques qui ne passe pas

Il y a quelques semaines le Parlement avait approuvé une loi pour réévaluer les pensions mais le gouvernement avait opposé son veto constitutionnel. Le pouvoir législatif a néanmoins la possibilité d’imposer sa loi s’il réunit les deux tiers des législateurs présents dans les deux chambres. En cette circonstance, Milei a réuni le nombre suffisant de députéEs pour empêcher que la loi passe. La mobilisation sur ce sujet au début de septembre avait été importante mais pas massive avec 50 000 manifestantEs à Buenos Aires et une forte répression.

Par contre, le veto de Milei sur la loi universitaire se heurte à une plus forte opposition au Parlement. Et il est probable que le Sénat s’y opposera à plus des deux tiers, et il est possible, bien que non certain, que la chambre des députéEs en fasse autant.

Milei moins populaire

Dans le même temps, la popularité de Milei commence à chuter. Plusieurs enquêtes d’opinion, y compris dans les médias de droite, font état pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir d’une chute des opinions favorables à son gouvernement et à sa personne. Alors qu’il était encore à plus de 52 % en juillet, il est maintenant en dessous de 50 % et frise les 40 % dans certains cas. Ce qui reste élevé si on tient compte de toutes les mesures d’austérité qu’il a imposées depuis près d’un an et qui ont détérioré brutalement les conditions de vie d’une majorité des classes populaires et moyennes. Cette perte de crédit est à mettre en relation avec le fait que des secteurs politiques ou syndicaux, jusque-là bien conciliants avec Milei, s’autorisent à un jeu plus libre et à des gestes d’opposition ou de résistance.

Des manifestations massives

Le profond attachement de la population pour l’université publique (qui est gratuite en Argentine, sans condition d’accès et d’un haut niveau international), le discrédit croissant de Milei et le fait que ce sont les autorités universitaires et tous les syndicats qui ont lancé l’appel expliquent le succès des manifestations du 2 octobre. Elles ont eu lieu dans toute l’Argentine, y compris dans les petites villes, et ont été, du point de vue du nombre, du même ordre de grandeur que celles du mois d’avril dernier, c’est-à-dire massives : de centaines de milliers jusqu’à un million de personnes… Contrairement aux manifestations de ces derniers mois, elles n’ont donné lieu ni à des affrontements ni à la répression. On a même vu des politiciens comme Massa, l’ancien candidat péroniste aux dernières élections présidentielles, ou des parlementaires de l’UCR, le parti « radical » traditionnel de la bourgeoisie, dans les rangs des manifestantEs. Utilisant ces présences, Milei et les médias à son service ont bien sûr qualifié ces manifestations de « propagande politique ». Mais rien ne dit que cela suffise à arrêter le mouvement.

Avant et pendant le vote au Parlement dans la semaine qui vient, des grèves universitaires et des manifestations sont prévues dans tout le pays. Il sera important de voir si le mouvement étudiant, largement absent depuis des années, se mobilise massivement à cette occasion. En tout cas l’espoir grandit d’infliger à Milei ce qui constituerait une première défaite politique après plus de dix mois de gouvernement autoritaire et ultralibéral.

Publié par L’Anticapitaliste le 10 octobre 2024

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