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La construction de la grève du 24 janvier en Argentine

par Correspondant·es
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L’appel à la grève et à la mobilisation ont un caractère syndical marqué. C’est la CGT qui l’impulse et donne le ton. L’analyse des camarades est que la direction de la CGT se mobilise fondamentalement contre les mesures qui attaquent directement ses intérêts en tant qu’appareil (financements, droits et moyens, etc.), beaucoup plus que pour défendre tous les droits de tous les travailleurs.

L’état de la mobilisation n’apparaît pas encore clairement. La pression de la base syndicale et au-delà est supérieure à ce qu’elle a été par le passé mais reste pour l’instant en dessous de ce qu’elle devra être pour entraîner la CGT dans un vrai affrontement. D’un côté il y eu une part importante de mobilisation spontanée le 20 et le 27 décembre et, sans doute sous cette pression, la direction de la CGT, et c’est assez nouveau, ouvre la porte aux autres centrales syndicales, minoritaires mais plus combatives et à certains mouvements piqueteros.  Il y a des réunions communes, des appels communs. Certains secteurs commencent à s’organiser à la base, c’est le cas dans la culture et dans certaines assemblées de quartier. Mais, de l’autre côté des négociations en sous-main avec le gouvernement restent possibles, avec la possibilité que des concessions à la CGT « minimisent » la mobilisation du 24.

L’attitude du gouvernement Milei

Derrière l’agressivité affichée du gouvernement Milei, il y a des signes d’une certaine volonté d’atténuer certaines mesures. Il y a des négociations avec les gouverneurs de Provinces (péronistes pour beaucoup) pour modifier des mesures qui atteignent de plein fouet les intérêts locaux (exemple la pêche dans les régions côtières), les prix des transports publics ont certes été augmentés, mais pas tous (les trains) et surtout beaucoup moins qu’attendu (40% quand même !). Les licenciements dans la fonction publique n’ont pas encore été aussi massifs qu’annoncés, beaucoup ont été reportés, ainsi que beaucoup de contrats prolongés, de quelques mois. Tout ceci visiblement pour désamorcer un peu la colère qui pourrait s’exprimer le 24.

Le congrès et les possibilités d’un vote contre le décret et le paquet législatif

Rien n’est encore fait et encore moins voté. Il y a d’abord tout un imbroglio juridique, dont de nombreux recours déposés par la voie judiciaire.

En ce qui concerne le congrès (le regroupement des députés et des sénateurs) il a deux voies (qui se combinent) pour se prononcer. D’une part, sur le décret présidentiel, un simple vote par « oui » ou par « non », sans modification. D’autre part, sur la « loi omnibus » (énorme paquet législatif) il y a un article qui permet au congrès d’examiner séparément les textes et de décider quels sont ceux qu’il vote ou pas.

Il peut y avoir des votes dès le 25 janvier (raison de la date fixée pour la grève du 24) mais cela peut aussi prendre des mois. Jusqu’en mars ou même au-delà. Cela laisserait du temps pour des tractations avec la majorité du congrès, les secteurs de l’« opposition collaborationniste » (certains macristes, radicaux…) qui seraient d’accord avec le contenu (privatisations, casse du droit du travail…) des mesures mais pas sur la forme (certains articles priveraient les assemblées de tout pouvoir).

Milei n’est pas forcément pressé. Rappelons que le décret s’applique tant qu’il n’a pas été invalidé par le congrès. Et tous, en fait attendent de voir l’ampleur de la mobilisation du 24 janvier et des possibilités de résistance qu’elle peut ouvrir.

L’attitude du FIT-U face au 24

Les camarades critiquent fortement la décision du FIT de manifester le 24 avec son propre cortège. Ce qui leur semble contradictoire avec la nécessité de pratiquer une politique de front unique. D’autant plus que cette décision implique de faire défiler dans leur cortège les syndicats qu’ils dirigent, y compris si cela les fait manifester en dehors de leur fédération (cas du syndicat universitaire). Bien sûr en face les péronistes de la CGT sont sectaires et refusent de reconnaître leurs responsabilités dans la victoire de Milei (certains l’attribuent même au FIT), mais cela ne devrait pas les pousser le FIT à l’être lui aussi.

Les camarades de DS, quant à elles et eux, manifesteront avec leurs syndicats, y compris en distribuant des tracts avec leur déclaration et leurs idées sur le « plan de lutte nécessaire ».

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