Nous sommes déjà dans une intifada

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5 juin 2014, Mustafa Barghouti participe à un manifestation de solidarité avec les Palestiniens emprisonnés. (Photo Salih Zeki Fazlioglu/Anadolu Agency/Getty Images)
Chronologie récente Israël et Palestine(Inprecor)

Leena Dallasheh : Un cessez-le-feu a été déclaré entre Israël et le Hamas à 2 heures du matin, le vendredi 21 mai. Pouvez-vous nous donner un aperçu de la situation sur le terrain en Cisjordanie et dans la bande de Gaza depuis lors ?

Mustafa Barghouti : Toutes les actions militaires ont été complètement arrêtées, mais l'intifada (1) continue - le soulèvement populaire en Palestine et ses manifestations principalement pacifiques et non violentes sont en cours. Nous avons eu deux fois un très grand nombre de manifestations aujourd'hui, vendredi 21 mai. La première a eu lieu à 2 heures du matin, lorsque la déclaration de cessez-le-feu a été publiée - les gens sont simplement descendus dans la rue sans rien planifier. Il y a eu un énorme rassemblement à Gaza, puis de grandes manifestations à Hébron, Naplouse, Ramallah, Bethléem, et vraiment partout. C'était la célébration de ce que les gens considéraient comme une victoire.

À partir de vendredi 21 mai à midi, de grandes manifestations ont affronté l'armée israélienne en de nombreux endroits, notamment à Ramallah, Naplouse, Jénine et Hébron. Et l'armée a attaqué les manifestants avec des grenades assourdissantes ainsi que des bombes lacrymogènes, mais aussi avec des balles métalliques recouvertes de caoutchouc. À Jérusalem aussi, ils ont attaqué les fidèles avec des grenades assourdissantes et des bombes lacrymogènes, mais cela n'a pas duré longtemps.

Donc, en fait, malgré le cessez-le-feu, nous avons une atmosphère continue de soulèvement. D'une certaine manière, le message était clair : l'action militaire a peut-être cessé, mais la lutte pour la libération continue. La lutte pour mettre fin au système d'occupation, de nettoyage ethnique et d'apartheid continue.

Le quartier Sheikh Jarrah en particulier était toujours bloqué. L'armée l'a fermé ; elle ne permet à personne d'y entrer, ni aux journalistes ni même aux médecins. Pendant ce temps, les colons sont libres d'aller et venir, et de faire ce qu'ils veulent.

Leena Dallasheh : Certains ont émis l'hypothèse que les affrontements qui ont débuté à Jérusalem et l'intensification des protestations qui ont suivi sont le début d'une troisième intifada. Qu'en pensez-vous ?

Mustafa Barghouti : Oui, je pense en fait que nous sommes déjà dans une intifada. Mais chaque intifada est très spéciale et différente dans ses caractéristiques. Les manifestations actuelles sont un véritable soulèvement. Ce que je vois, c'est un niveau très clair d'engagement envers les trois principes de base qui ont caractérisé la première Intifada : l'auto-organisation, l'autonomie et le défi lancé aux Israéliens concernant l'occupation et le système de discrimination.

Nous pensons donc que ce soulèvement va se poursuivre, mais nous pensons aussi que, cette fois, l'objectif est un peu différent de celui de la première et de la deuxième intifada. La combinaison des participants est différente. Il y a deux caractéristiques majeures : tout d'abord, il y a un niveau d'unité étonnant et sans précédent - peut-être pour la première fois depuis 1936 - entre toutes les composantes du peuple palestinien, qu'elles vivent dans la zone de 1948 (qui est connue sous le nom d'Israël), ou qu'elles vivent dans les territoires palestiniens occupés (la Cisjordanie, Jérusalem et Gaza), ou dans la diaspora.

Mais l'autre chose - et c'est très important - est que le soulèvement se fait autour d'un objectif commun. Et c'est mon deuxième point : l'objectif n'est pas le même que précédemment, il ne s'agit pas seulement de mettre fin à l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza, y compris Jérusalem-Est. C'est plus que cela. Il s'agit aussi de mettre fin au système illégal de colonisation et au système d'apartheid qu'Israël a créé.

C'est pourquoi ce que nous voyons ici est une lutte unifiée. Et les jeunes en particulier sont très clairs à ce sujet. C'est une troisième caractéristique : le niveau sans précédent de jeunes qui nous rejoignent. De nombreux jeunes qui n'ont jamais participé à quoi que ce soit nous rejoignent, et avec beaucoup d'enthousiasme, et je pense que c'est ce que nous verrons dans les jours à venir.

C'est ce que nous voulons : nous voulons que ce soulèvement continue jusqu'à ce que nous soyons libres, et il prendra différentes formes. La lutte est non-violente, et je pense que ce qui s'est passé, c'est que les Palestiniens ont réussi à combiner correctement la résistance non-violente et leur besoin de se défendre avec une action militaire, lorsqu'ils sont attaqués par les agresseurs israéliens.

Leena Dallasheh : Comme vous le soulignez, nombreux sont ceux qui affirment que ce qu'on appelle l'unité palestinienne " du fleuve à la mer » commence réellement à se concrétiser ces jours-ci. Pouvez-vous expliquer ce qui a conduit à cette unité ?

Mustafa Barghouti : L'oppression israélienne est ce qui nous a unifiés. Human Rights Watch a très bien décrit cette oppression dans son rapport ; elle a également été décrite par B'Tselem, l'organisation israélienne des droits humains. Mais même avant cela, la première reconnaissance de cette situation a eu lieu il y a peut-être deux ans, dans un rapport rédigé par certains des plus éminents défenseurs des droits humains dans le monde. Ce qu'ils ont montré, c'est que les Palestiniens en général - ceux qui vivent dans les territoires occupés et ceux qui vivent dans les frontières de 1948, ainsi que ceux qui vivent dans la diaspora - sont soumis au même système d'apartheid.

Leena Dallasheh : Pourquoi l'unité palestinienne a-t-elle lieu maintenant ?

Mustafa Barghouti : La lutte a mûri, et plusieurs facteurs ont joué un rôle à cet égard. Parfois, les gens mettent du temps à réaliser le type de problèmes auxquels ils sont confrontés. Dans le cas de notre peuple qui vit dans les frontières de 1948, je pense qu'ils en sont arrrivés à comprendre que le mouvement sioniste ne va pas permettre l'égalité. Et que, si le système reste tel quel, ils seront toujours des citoyens de quatrième ou cinquième classe. Et surtout après l'adoption de la loi raciste à la Knesset, la loi sur l'État-nation.

La loi dit qu'Eretz Israël - ce qu'ils appellent la Palestine historique - est exclusivement destinée à l'autodétermination du peuple juif.

Je pense que le peuple palestinien à l'intérieur d'Israël en est arrivé à comprendre que l'égalité ne se produira pas à moins de faire tomber l'ensemble du système. Et il en va de même pour la Cisjordanie. Bien qu'en Cisjordanie, nous soyons sous occupation militaire, nous souffrons également du même système d'apartheid, voire pire.

À mon avis, les gens ont fini par comprendre exactement ce qui leur arrive, et ils ont ensuite décidé d'agir. Bien sûr, comme d'habitude, le déclencheur a été Jérusalem et la mosquée al-Aqsa.

Leena Dallasheh : Les dernières tensions, en particulier en Cisjordanie, ont tourné autour de Jérusalem et, en fait, Jérusalem a été utilisée par l'Autorité palestinienne comme une sorte d'excuse pour reporter les élections présidentielles et parlementaires du mois dernier.

Mustafa Barghouti : L'excuse utilisée par l'Autorité palestinienne [selon laquelle les résidents arabes de Jérusalem-Est ne pouvaient pas participer] n'était pas acceptable. L'Autorité palestinienne avait peur des résultats de l'élection. Nous [l'Initiative nationale palestinienne] n'aurions pas accepté des élections sans Jérusalem - impossibles, bien sûr - mais nous en sommes venus, au contraire, à croire que nous pouvons toujours organiser des élections malgré les objections et les restrictions israéliennes. Nous voulions transformer les élections à Jérusalem en une opportunité pour des actes de résistance non violents. Et je continue de croire que cela aurait été la meilleure occasion de montrer au monde entier comment les gens essaient de voter dans les urnes, et que l'armée israélienne essaie de les en empêcher. Quelle meilleure image pour dénoncer le système d'apartheid israélien ?

Mais, malheureusement, l'Autorité s'est servie de Jérusalem comme d'une excuse et a essayé de présenter les personnes qui demandaient des élections comme si elles étaient opposées à leur tenue à Jérusalem. Mais ce n'est pas vrai : nous voulions tous qu'elles aient lieu à Jérusalem. Et nous avons en fait discuté de cette question au Caire - nous avons décidé ensemble que si Israël empêche les élections, nous procéderions quand même en en faisant un acte de résistance non violent.

D'ailleurs, ce que l'Autorité a demandé à l'époque, c'est la même procédure que celle qui a été incluse dans le processus d'Oslo [restriction des électeurs palestiniens éligibles à Jérusalem-Est]. Cette procédure est insultante pour nous, le peuple palestinien, et nous n'aurions pas dû l'accepter.

Nous ne devrions pas continuer à l'accepter - nous voulons quelque chose de plus. Pourquoi restreindre le vote à seulement 6 500 personnes, qui votent dans des bureaux de poste comme s'il s'agissait d'un autre pays et sans permettre la présence de leur commission électorale centrale ? En 2005, lorsque je me suis présenté à la présidence, Israël a refusé à quiconque le droit de faire campagne. Alors, quand je l'ai fait, j'ai été arrêté quatre fois en un mois. Chaque fois que je suis allé à Jérusalem, j'ai été arrêté.

Les annexes des accords d'Oslo ont été modifiées par Israël en 2005 et 2006. C'est pourquoi nous avons pensé que le fait de demander les mêmes arrangements était une insulte pour nous - et que nous devrions insister pour que tous les habitants de Jérusalem aient le droit de vote.

Leena Dallasheh : Au-delà des élections, Jérusalem semble devenir beaucoup plus controversée, à la fois comme lieu central pour les Palestiniens et pour Israël. Bien sûr, Jérusalem a toujours été importante, mais avez-vous une explication quant à la raison pour laquelle elle semble être l'épicentre de chaque confrontation récente ?

Mustafa Barghouti : Ce n'est pas nouveau. C'est comme ça depuis l'époque des Croisades. Le point tournant de la lutte pour libérer la Palestine des Croisés a été Jérusalem. Jérusalem a donc toujours eu cette importance. C'est le berceau de trois religions, et il y a trois lieux religieux importants.

Les Juifs ont pleinement accès à Jérusalem, quel que soit l'endroit où ils vivent dans le monde, alors que les musulmans et les chrétiens palestiniens n'y ont pas accès - même ceux qui vivent en Cisjordanie et, bien sûr, ceux qui vivent à Gaza. Cette restriction de la liberté de culte a donc été un facteur important.

Mais l'attaque spécifique contre les fidèles à Jérusalem était bien sûr un facteur de motivation. Et l'autre problème est celui des colons de Jérusalem-Est. Les colons israéliens n'ont cessé d'envahir la mosquée al-Aqsa et de promouvoir l'idée de judaïser de grandes parties de la zone d'al-Aqsa. C'est donc, bien sûr, très provocateur. C'est un mélange de provocation religieuse et surtout de provocation nationale.

Leena Dallasheh : La précédente série de conflits au début du Ramadan s'est en fait déroulée à Bab al'Amud (Porte de Damas). Et avant les expulsions de Sheikh Jarrah, il y avait un conflit similaire dans le quartier Silwan, également à Jérusalem. Il semble donc y avoir une augmentation d'incursions des colons à Jérusalem-Est.

Mustafa Barghouti : C'est tout à fait exact. À Silwan, ils prévoient d'expulser 120 maisons. À Sheikh Jarrah, ils veulent expulser 500 personnes. Il s'agit des gens qui ont fait l'objet d'un nettoyage ethnique en 1948 ; ils veulent maintenant répéter ce nettoyage ethnique et remplacer les gens qui vivent là par des colons légaux qui n'ont aucune relation avec l'endroit et n'en sont pas propriétaires.

Bab al'Amud était un autre exemple d'espace que les Israéliens ont essayé de s'approprier. C'est là où les gens avaient l'habitude de respirer et de se détendre pendant le Ramadan. Ce qui se passe à Jérusalem, c'est que les gens sont attaqués dans leurs lieux de culte et dans leurs maisons.

Jérusalem est également très importante sur le plan politique : c'est la capitale de la Palestine. N'oubliez pas que les dernières négociations de Camp David entre Yasser Arafat et Ehud Barak ont échoué précisément à cause de Jérusalem. Et cela a conduit à la deuxième Intifada.

Leena Dallasheh : Vous avez abordé ce sujet, mais j'aimerais que vous développiez votre vision d'un projet politique national palestinien renouvelé. Comment envisagez-vous son évolution ?

Mustafa Barghouti : Je vois ce projet politique comme étant composé de quatre points. Premièrement, la fin complète et totale de l'occupation, y compris de celle de Jérusalem-Est. Deuxièmement, la garantie du droit au retour pour tous les réfugiés palestiniens qui ont été obligés de vivre en dehors de leur pays. Troisièmement, la fin du système du projet colonial des colons, et, quatrièmement, la fin du système d'apartheid dans toutes les parties de la Palestine historique.

En plus de tous ces facteurs, si vous mettez fin au système raciste de l'apartheid, les réfugiés reviendront. Ils ne feront l'objet d'aucune discrimination. Ces personnes auront le droit de revenir - tout comme ils permettent aux Juifs de venir en Palestine et d'obtenir la résidence et la nationalité israéliennes dans l'aéroport, indépendamment de l'endroit où ils vivent et de qui ils sont. Pendant ce temps, les Palestiniens, qui vivent là depuis des milliers d'années, sont privés de leur droit d'être là. Même ceux qui vivent encore à Jérusalem doivent prouver qu'ils ont droit à cette résidence temporaire.

Imaginez : ils occupent votre ville, Jérusalem-Est, et font de tous les habitants des résidents temporaires, tandis que les colons israéliens deviennent des résidents permanents. Je ne pense pas qu'il y ait jamais eu un tel système d'apartheid ; c'est bien pire que ce qu'ils ont construit en Afrique du Sud.

Leena Dallasheh : Je suis d'accord. Alors, comment voyez-vous la route à suivre ?

Mustafa Barghouti : Nous devons établir l'unité palestinienne sur le plan politique. Nous avons besoin d'une direction palestinienne unifiée pour une résistance populaire non violente, et nous avons besoin d'une nouvelle stratégie de projet national qui soit une alternative à ce qui a échoué - en particulier le processus d'Oslo et les accords d'Oslo, et la confiance singulière dans les négociations sans aucune lutte pour changer l'équilibre des forces.

Leena Dallasheh : En plus de l'accent mis sur la stratégie palestinienne interne, y a-t-il également une composante internationale ?

Mustafa Barghouti : Bien sûr. La stratégie que nous proposons depuis cinq ans - et je pense qu'aujourd'hui cette stratégie est totalement ou partiellement adoptée par d'autres groupes - consiste en six points majeurs. Premièrement, la résistance populaire non violente. Deuxièmement, le boycott, le désinvestissement, les sanctions, au niveau international et local. Troisièmement, le maintien de la fermeté du peuple [sumud en arabe : rester sur la terre et résister], car c'est l'élément le plus important pour maintenir le peuple palestinien sur le terrain. Quatrièmement, l'unité et l'établissement d'une direction d'unité nationale. Cinquièmement, l'intégration et l'unité de la lutte des trois composantes [Palestiniens dans les territoires occupés, dans la diaspora et en Israël].

Et enfin, le dernier point est de travailler avec les Juifs progressistes du monde entier. Nous voulons travailler avec ceux qui s'opposent à l'apartheid et à l'occupation israélienne - ceux qui voient ce qu'Israël fait et constatent que cela nuit réellement à leur réputation en tant que peuple juif. Ce qu'Israël fait est en contradiction avec les valeurs morales auxquelles le peuple juif croit. Et c'est pourquoi je pense que ce sixième élément est important - nous pouvons trouver un moyen de faire de la libération de la Palestine une lutte commune.

Propos recueillis le 21 mai 2021

* Mustafa Barghouti (né en 1954 à Jérusalem), médecin, ancien membre du Parti du peuple palestinien (ex-PC), est secrétaire général du parti Initiative nationale palestinienne (INP), fondateur et président de la Palestinian Medical Relief Society (Société palestinienne de secours médical, PMRS). En 2005, il est arrivé deuxième en tant que candidat indépendant à l'élection pour succéder à Yasser Arafat, derrière l'actuel président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Depuis lors, il a été membre du Conseil législatif palestinien et a occupé le poste de ministre de l'information dans le bref gouvernement d'unité palestinienne de 2007.
Leena Dallasheh est professeur d'histoire du Moyen-Orient à l'Université Humboldt à Arcata (Californie, États-Unis).
Cet entretien a été publié par le site web de la revue étatsunienne Jacobin le 25 mai 2021 : https://www.jacobinmag.com/2021/05/mustafa-barghouti-palestine-israel-occupation
(Traduit de l'anglais par JM).

notes
1. Littéralement " soulèvement », terme utilisé le plus souvent pour désigner deux forts mouvements d'opposition populaire contre l'armée d'occupation israélienne, la première (appelée aussi " guerre des pierres ») de décembre 1987 à septembre 1993 (signature des accords d'Oslo, permettant la création d'une Autorité nationale palestinienne en Cisjordanie et à Gaza, avec des pouvoirs limités), la seconde de septembre 2000 jusqu'avril 2003 (trêve et début des pourparlers de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne) ou jusqu'à février 2005 (désengagement unilatéral israélien de Gaza).

Chronologie récente de la Hongrie (Inprecor)

2020

Plus les Juifs s'installentt à Jérusalem Est et en Cisjordanie, plus la solution à deux Etats, avec un Etat palestinien autonome devient difficile à mettre en oeuvre. 230.000 colons à Jérusalem-Est et 440.000 en Cisjordanie. 12 colonies forment un demi-cercle autour de la vieille ville de Jérusalem. La croissance des colonies s'essouffle (4 % par an). Israël cherche à y attirer des Juifs ultraorthodoxes au taux de natalité record.

Le "deal du siècle" proposé par Donald Trump prévoit une Palestine qui serait autonome mais plus indépendante avec un espace territorial extrêmement petit. Cela n'est absolument pas acceptable par les Palestiniens.

Pas d'unité nationale face à la pandémie de COVID. Les ultra-orthodoxes (10 % de la population), les plus touchés, par la COVID, refusent de respecter les consignes de confinement. Le niveau de vie des Palestiniens s'aggrave.

Depuis le printemps, des milliers de personnes se rassemblent tous les samedis soirs contre le gouvernement et pour le départ de Netanyahou.

En septembre, accords de normalisation des relations d'Israël avec les Emirats arabes unis, puis avec Bahreïn. L'opinion palestinienne considère qu'il n'y a plus de soutien à attendre du monde arabe.

Le 8 septembre, couvre-feu nocturne contre la pandémie. 3.100 décès pour 9 millions d'habitants. Les municipalités orthodoxes (1,3 millions d'habitants) le refusent.

Le 18 septembre, reconfinement généralisé.

Le 22 décembre, dissolution de la Knesset et rupture de la coalition entre Netanyahou et Benny Gantz.

2021

Le boycott des produits israéliens par les Palestiniens revient en force.

Le taux d'infection COVID est parmi les plus élevés du monde. Israël ne transfère quelques milliers de doses de vaccin à l'Autorité palestinienne.

Le 23 mars, nouvelles élections, la quatrième en deux ans.

La colonisation juive de Jérusalem Est prend de l'ampleur, y compris autour de l'esplanade des mosquées. L'objectif de ces implantations est d'empêcher tout partage d'Israël avec les Palestiniens. A Jérusalem Est, huit familles palestiniennes sont menacées d'expulsion par une organisation nationaliste israélienne.

En mai, au cours du Ramadan, des heurts opposent des jeunes Palestiniens et policiers israéliens autour de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem. Les affrontements font des centaines de blessés palestiniens et dégénèrent en conflit régional. Le Hamas tire des milliers de roquettes sur Israël. Tsahal riposte par des frappes massives sur Gaza.

Pour la première fois dans l'histoire du conflit palestinien, la Cisjordanie suit le mouvement, les Arabes citoyens d'Israël se soulèvent par solidarité partout dans le pays.

A Lod, ville mixte judéo-arabe tout près de Tel-Aviv, durant plusieurs nuits, de violentes émeutes de guérilla urbaine éclatent. Les Palestiniens expriment leur colère face au lourd bilan humain des bombardements israéliens à Gaza.

Mahmoud Abbas est faible, il n'a plus aucun pouvoir. Les Palestiniens se battent sous la houlette des islamistes et du Hamas.

Le 13 juin, le parlement israélien vote la confiance à une coalition hétéroclite. Elle comprend une assemblage de partis des plus hétéroclites, de l'extrême droite à la gauche en passant par un parti islamiste palestinien. Elle a réussi à s'unir contre Benyamin Netanyahou, mis en cause dans des affaires de corruption. Celui-ci est chassé du pouvoir après douze ans à la tête d'Israël.

Israël a un nouveau Premier ministre : le politicien d'extrême droite du parti Yamina, Naftali Bennett. Il est encore plus à droite que Netanyahou. Il est fermement opposé à la création d'un Etat palestinien. Il prévoit un plan d'annexion partiel de la Cisjordanie, de rattacher à Israël la zone C qui couvre les deux-tiers du territoire occupé et regroupe toutes les colonies juives.

En mai et juillet, élections législatives et présidentielle en Palestine.