Soutien massif à Hugo Blanco contre les attaques de l'extrême droite péruvienne

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En moins de 48 heures, plus de 2.000 personnes ont signé un manifeste de soutien à l'une des références historiques du mouvement paysan, indigène et écologiste du Pérou et de l'Amérique latine, le légendaire homme politique de gauche, Hugo Blanco, qui a été vilipendé, diffamé et attaqué par des secteurs d'extrême droite au sein des forces armées, de la police nationale péruvienne, des journalistes et des politiciens.

Parmi les signataires, figurent la célèbre et prestigieuse anthropologue et féministe argentine, Rita Segato, le secrétaire technique du gouvernement territorial autonome du peuple Wampis, Shapiom Noningo, l'eurodéputé Miguel Urbán, l'intellectuel uruguayn Ra·l Zibechi, Alberto Acosta, président de l'Assemblée constituante équatorienne en 2007, Bo Lindblom, ex-président de la section suédoise d'Amnesty International, l'actuel maire de Cádiz José Maria González Santos, la dirigeante asháninca Ketty Marcel López, tout le Conseil du peuple Maya (Guatemala).

Synthèse Pérou

Ont également signé : l'intellectuel Boaventura de Sousa Santos (Portugal), Maristella Svampa (Argentine), Edgardo Lander (Venezuela), Joan Martínez-Alíer (Catalogne), Alberto Chirif (Pérou), Jaime Pastor, politologue et éditeur de Viento Sur (Espagne), ainsi que les congressistes péruviens Indira Huilca, María Elena Foronda, Marisa Glave, Rodrigo Arce et Marco Arana, les députés espagnols Gerarddo Pisarello et María Dantas, la députée Mireia Vehi des CUP (Candidaturas d'Unitat Popular, Catalogne), les ex-députéÃes de l'Assemblée de Madrid Ra·l Camargo, Carmen San José, et David Llorente, de Castille La Mancha, entre autres, ainsi que le journaliste Pepe Mejía, l'économiste et écosocialiste Manuel Gari, l'économiste suisse Charles-André Udry, l'écrivain et professeur de l'UAM (Université autonome de Madrid) Jorge Riechman. Par leurs signatures, ils/elles appuient cette brève prise de position.

Cette déclaration répond à un communiqué de l'Association des officiers généraux et amiraux du Pérou (Adogen-Per·), une association qui appuya le coup d'État du président Alberto Fujimori, lorsque celui-ci a dissous le Congrès le 5 avril 1992. Lorsque de nombreux officiers de haut rang des forces armées péruviennes furent accusés de corruption, l'Adogen ne publia aucun communiqué de condamnation. Elle s'est aussi manifestée contre le rapport final de la Commission de la Vérité, constatant l'implication de militaires dans la violation des droits humains, les disparitions, les tortures et les exécutions extra-judiciaires.

Dernièrement, lorsque l'implication de haut gradés militaires dans le narcotrafic a été dénoncée - une information avalisée par l'ambassade des États-Unis à Lima et divulguée entre autres par le major de l'armée péruvienne Evaristo Castillo - l'Adogen n'a publié aucune déclaration de presse.

La note de l'Adogen, signée par son président, le général brigadier Ra·l O'Connor, dit : " Nous exprimons notre totale indignation et notre rejet du documentaire parrainé et diffusé par le ministère de la Culture, mettant en valeur la figure du guérillero Hugo Blanco, un individu qui assassina et tortura des membres de la police nationale péruvienne et des paysans péruviens, lors d'un clair soulèvement contre la nation et l'État de droit, en violant de manière flagrante la Constitution et les lois de la République… ».

Par la suite, plusieurs politiciens situés à la droite de la droite péruvienne - comme â´ntero Flores-Aráoz et Javier Villa Stein, à travers la Coordination républicaine - exprimèrent leur rejet du documentaire et de la figure du mythique dirigeant paysan Hugo Blanco.

Mais le fait qui retient l'attention, c'est qu'au nom de ladite Coordination républicaine s'exprima aussi Luis Giampietri, qui rejette " de manière catégorique et nette la publication de la propagande : Hugo Blanco, Río Profundo, un film qui sous couverture d'un documentaire fait uniquement l'apologie du terrorisme et exalte le terroriste assassin et criminel Hugo Blanco, qui exécuta et assassina de sang-froid de courageux membres de la police effectuant leur travail constitutionnel ».

Alors vice-amiral et spécialiste en renseignement naval et opérations spéciales, Luis Alejandro Giampietri Rojas participa, le 18 juin 1986, à la tuerie des pénitenciers où moururent plus de 300 prisonniers. Dans l'île de El Frontón, en face des côtes de Callao, les militaires bombardèrent le " Pavillon bleu », où s'étaient retranchés les détenus. Beaucoup de ces derniers moururent écrasés par la chute des lourdes parois du bâtiment, mais beaucoup d'autres furent abattus par les balles tirées à bonne distance par l'infanterie de marine en action.

En 2006, Giampietri occupa la première vice-présidence aux côtés du président social-démocrate Alan Garcia.

Hormis des militaires retraités et des politiciens, des journalistes d'extrême droite ont diffusé des diffamations contre l'ex-sénateur, ex-député et membre de l'Assemblée constituante de 1979, Hugo Blanco Galdós, à propos de la projection du documentaire Hugo Blanco, Río Profundo, réalisé par Malena Martínez. Dans la bande-annonce officielle de ce documentaire, qui a remporté des prix internationaux, on entend le dirigeant de Cuzco expliquer : " Je suis complètement contre le terrorisme, je crois qu'il faut convaincre les gens par des paroles… Mais quand les gens décident de s'armer pour se défendre, c'est de l'autodéfense ».

Les deux mille personnes signataires en appui à Hugo Blanco affirment :

" Les soussignés, citoyens de l'Amérique latine et d'autres continents, rejettent cette accusation qui, 50 ans après les événements ayant vu se soulever les paysans appauvris de la vallée de La Convención et Lares, prétend criminaliser et discréditer l'homme politique, l'ex-député, l'ex-sénateur et le persévérant activiste pour les droits de la nature. Aujourd'hui, âgé de 86 ans, Hugo Blanco Galdós est considéré comme l'un des dirigeants pionniers dans les luttes pour la réforme agraire et contre l'extractivisme qui perce les entrailles de nos territoires.

" Hugo est un exemple par son engagement infatigable en faveur de la justice et avec les peuples, que ce soit à Pucallpa, Cajamarco, La Convención et El Cauca. Aussi parce qu'il est l'un des rares dirigeants de gauche ayant pu aujourd'hui faire un tournant significatif, sans perdre ses convictions, vers une autre lutte revendicative : pour l'environnement. Blanco le résume d'une manière implacable : avant de lutter pour le socialisme, il s'agit aujourd'hui de lutter pour la survie de notre espèce ».

Les signatures continuent à être recueillies à l'adresse suivante : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLScRC5hrZYPj6UeT5vlkXkQdOTMZXXK-3YAeK3iwXF4aLhpGVw/viewform

Pepe Mejía, journaliste, est un des signataires de l'appel en soutien à notre camarade Hugo Blanco Galdós. L'article original a paru dans Poder Popular, site d'informations publié par Anticapitalistas, le 21 juin 2020. (Traduit de l'espagnol par Hans-Peter Renk).