Le 28 mars 2016
Contrairement à la plupart des pays européens et bon nombre de pays asiatiques ou latino-américains, aux États-Unis le mot même de " socialisme » avait une connotation négative dans la très grande majorité de la population. Et si le mouvement syndical étatsunien a une longue tradition de luttes radicales, il n'a jamais eu une expression politique de gauche, de grand parti s'identifiant à la lutte de la classe ouvrière.
La campagne de Bernie Sanders, seul sénateur élu indépendamment des partis Démocrate et Républicain, a déjà légitimé le terme " socialisme », même si le contenu de ce mot n'est pas pour autant clarifié. Cette campagne réunit des larges masses populaire et apparaît comme une forme de continuité et d'élargissement du mouvement Occupy. C'est un phénomène nouveau.
S'il y a peu de chances que Sanders puisse l'emporter sur Hillary Clinton, il a déjà obtenu la majorité des suffrages dans 15 États sur 35 où des primaires ont eu lieu, remportant 44 % des délégués élus (mais seulement 6 % des " super délégués » non élus) et totalisant plus de 6,4 millions de voix ainsi que plus de 28 000 délégués des comtés (dans certains États le nombre de votes obtenu par les délégués qui élisent ensuite les délégués fédéraux n'est pas calculé), ce qu'aucun candidat se réclamant de gauche n'avait encore réalisé.
La gauche socialiste révolutionnaire est faible et divisée. Si elle a joué un rôle important dans les luttes contre les guerres, dans celles pour les droits civiques et dans les grèves ouvrières, elle n'a jamais encore réussi à former un parti capable de jouer un rôle politique de premier plan.
Synthèse et articles Inprecor
- Etats-Unis
Dans cette gauche anticapitaliste il y a un large accord en ce qui concerne l'importance des changements idéologiques en cours, résultat de la campagne de Bernie Sanders. Par contre, sur la tactique à suivre pour pouvoir influencer ceux qui se mobilisent en faveur de Bernie, il y a un désaccord. Comme en témoignent les deux articles que nous reproduisons, certains se sont engagés dans la campagne électorale, sans aucune illusion en ce qui concerne la possibilité de transformer la Parti démocrate, alors que d'autres font le choix de rester en dehors de cette campagne et de chercher dans les luttes des terrains communs avec les supporteurs de Bernie. S'il n'est pas nominé, ce dernier a annoncé qu'il soutiendra Clinton. L'avenir dira si ce choix conduira à la disparition du courant politique qu'il a déjà rassemblé. Car comme Sanders l'a clairement annoncé le 18 janvier dernier, " ce qui se joue ce n'est pas l'élection d'un président, qui est impuissant contre Wall Street, mais la naissance d'un "mouvement politique d'en bas dans ce pays" ».(JM) ■