Déclaration de la Ligue de la Gauche Ouvrière (LGO)

Tunis, sur la place de la Kasbah, dans la nuit du 26 au 27 février 2011, la rumeur de la démission de Ghannouchi circule. La joie explose. Photothèque Rouge/Fremen Tabr

Non au gouvernement de Ghannouchi/Mebazaa " constitutionnaliste », fabrication de l'Amérique et de la France !

Depuis le 14 janvier, les restes de l'appareil du dictateur Zine el Abdine Ben Ali manœuvrent par diverses méthodes et différents moyens pour reconstruire sa dictature et assurer le transfert du pouvoir sur une base constitutionnelle à Fouad Mebazaa et Ghannouchi, eux qui sont parmi les symboles célèbres du régime dictatorial de Ben Ali.

Et les restes du régime peuvent attirer le parti de Néjib Chebbi, le mouvement d'Ahmed Ibrahim et certaines autres personnalités pour appartenir au premier gouvernement Ghannouchi dans une tentative d'arrêter le cours de la révolution. Cependant, cette manœuvre n'a pas réussi. Une réponse s'est produite avec un accroissement des manifestations sur l'ensemble du pays et la demande déterminée du renvoi de Ghannouchi et de la dissolution des organes du régime, avec à leur tête le Parti du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Ceci s'est manifesté par l'organisation de l'action de protestation devant le palais du gouvernement.

Devant une telle situation, Mebazaa et Ghannouchi, avec derrière eux les organes obstinés du régime, ont poursuivi les manœuvres, s'appuyant cette fois-ci sur la bureaucratie de l'UGTT, partenaire historique du régime de Ben Ali, pour conserver le pouvoir, après que cette bureaucratie ait fait machine arrière sur sa précédente position qui refusait le gouvernement, le RCD y participant, et appelait à la dissolution de ce parti.

Cette position s'est imposée à lui en raison de la détermination des masses populaires et leur persévérance pour le renvoi du gouvernement de Ghannouchi. La base syndicale combative, qui a eu un rôle dans la direction des luttes du mouvement populaire, considérait que la position de l'UGTT, exprimée par une partie de son organe administratif le 27 janvier, d'appui au modelage réalisé sur le gouvernement et réalisé via la France et l'Amérique au travers du représentant américain (Feltman) des affaires étrangères, ne représentait en fait que la consécration de la protection des intérêts de ces deux pays. Elle signifiait aussi l'encerclement de la révolution et de la vague révolutionnaire capable de susciter sa continuité dans l'ensemble des régions arabes. Elle visait donc à assurer ainsi la poursuite de l'hégémonie impérialiste de cette politique qui n'a engendré que davantage d'exploitation, d'appauvrissement, de marginalisation et de dépendance. Cela représentait enfin une position favorable aux restes du régime de Ben Ali et aux ennemis des revendications des masses et de la révolution.

Le gouvernement Ghannouchi-Mebazaa, " constitutionnaliste » et fabrication de la France et de l'Amérique, a montré son visage répressif et sanguinaire face à la volonté des masses et de la révolution depuis son premier jour quand il a dirigé et orienté les organes et les bandes de sa police pour intervenir par la force sur la place de la Kasbah et réprimer les protestataires par les méthodes les plus vicieuses, ce malgré l'arrêt des protestations. Car la révolution de la liberté et de la dignité est permanente. Après tout ce qu'a réussi notre peuple avec l'ensemble de ses couches ouvrières, jeunes, femmes et ses secteurs combatifs parmi les syndicalistes, les organes politiques et de droits humains, les partis, les organisations politiques, attachés aux réussites de leur révolution, il poursuivra l'avancée dans la direction de la réalisation de ses objectifs avec la poursuite de la lutte de masse sous toutes ses formes. Il ne cèdera pas devant les organes et les bandes du régime dictatorial qui ont tenté de rompre cette trajectoire par la propagation de l'anarchie ou par la propagande de ce gouvernement dépourvu de toute légitimé et qui n'est autre que la continuation du régime de Ben Ali et de ses alliés impérialistes.

La Ligue de la gauche ouvrière (LGO) exprime donc son appui aux revendications des masses populaires de notre peuple. La LGO considère que le nouveau gouvernement Ghannouchi n'est autre qu'une manœuvre nouvelle pour stopper notre révolution sans que ses revendications ne soient réalisées. Cette nouvelle tentative se déroule sur la base même du régime Ben Ali, selon ses lois, ses organes répressifs et sa bureaucratie, avec l'infamante ingérence française et américaine.

Nous devons rester fermes sur les revendications de notre peuple. Nous appelons à la poursuite des mouvements et à la fermeté dans la confrontation avec la nouvelle alliance (Mebazaa-Ghannouchi-Chebbi-Ibrahim-Jrad) qui est soutenue par la France et l'Amérique. De même, nous appelons les comités populaires, les syndicats et les unions opposés au nouveau gouvernement à s'allier autour du Front du 14 janvier pour poursuivre la lutte en faveur de la réalisation des revendications de la révolution, de la liberté et de la dignité.

Celles-ci sont :

► A bas le gouvernement Ghannouchi-Mebazaa, fabrication de l'Amérique et de la France !

► Dissolution du RCD !

► Dissolution du Parlement, du Sénat et de toutes les structures de la haute fonction publique !

► Dissolution des organes de la police politique !

► Levée de l'état d'urgence !

► Confiscation des biens du RCD et des biens de la famille corrompue !

► Annonce immédiate d'un programme de réformes !

► Emploi des chômeurs !

► Contrat à durée indéterminée pour tous les travailleurs temporaires !

► Dissolution des sociétés de sous-traitance !

► Baisse immédiate des prix des matières et des services de base !

► Révision de la loi sur l'impôt !

► Annulation de la dette !

► Formation par le Congrès national de protection de la révolution d'un gouvernement provisoire, populaire et ouvrier qui offre de la manière la plus large l'exercice des libertés démocratiques afin d'organiser les élections pour une Assemblée constituante ! ■

1er février 2011