L'onde de choc des révolutions tunisienne et égyptienne continue à se diffuser dans tout le monde arabe et au-delà. Depuis plusieurs jours, c'est la Libye qui est au centre de la tourmente révolutionnaire. Les évènements évoluent de jour en jour, d'heure en heure, mais tout dépend aujourd'hui de l'extraordinaire mobilisation du peuple libyen. Des centaines de milliers de Libyens sont montés, souvent à mains nues, à l'assaut de la dictature de Khadafi. Des villes et des régions entières sont tombées aux mains du peuple insurgé. La réponse de la dictature a été sans pitié : répression impitoyable, massacres, bombardements des populations à l'arme lourde et par de frappes aériennes. Aujourd'hui, c'est une lutte à mort entre le peuple et la dictature.
La révolution libyenne s'intègre dans tout un processus qui couvre tout le monde arabe, et au-delà l'Iran ou la Chine. Les processus révolutionnaires en Tunisie et en Égypte se radicalisent. En Tunisie, les gouvernements tombent les uns derrière les autres. La jeunesse et les organisations ouvrières poussent toujours plus loin leur mouvement. Toutes les formes de continuité avec l'ancien régime sont remises en cause. La revendication d'une Assemblée constituante, opposée à toutes les opérations de sauvetage du régime, devient de plus en plus forte. Dans les deux pays, Tunisie et Égypte, le mouvement ouvrier se réorganise à la chaleur de vagues de grèves pour la satisfaction des revendications sociales vitales. Cette montée révolutionnaire prend des formes particulières et inégales selon les pays : confrontations violentes au Yémen, à Bahreïn, manifestations en Jordanie, au Maroc et en Algérie. L'Iran est même, de nouveau, touché par une flambée de luttes et manifestations contre le régime d'Ahmadinejad et pour la démocratie.
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C'est dans ce contexte que la situation de la Libye revêt une importance stratégique. Cette nouvelle montée porte déjà en elle des changements historiques, mais ses développements peuvent dépendre de la bataille de Libye. Si Khadafi reprend le contrôle de la situation avec des milliers de morts, le processus sera freiné, contenu voire bloqué. Si Khadafi est renversé, c'est tout le mouvement qui sera d'autant stimulé et amplifié. Voilà pourquoi, toutes les classes dominantes, tous les pouvoirs, tous les régimes réactionnaires du monde arabe soutiennent peu ou prou la dictature libyenne.
C'est aussi dans ce contexte que l'impérialisme états-unien, l'Union européenne et l'Otan multiplient les manœuvres pour essayer de contrôler le processus en cours. Les révolutions en cours affaiblissent, au-delà des discours des uns et des autres, les positions des impérialismes occidentaux. Alors, comme souvent, l'impérialisme prend prétexte d'une " situation de chaos », comme il la nomme, ou de " catastrophe humanitaire » pour préparer une intervention et reprendre le contrôle de la situation. Nul ne doit être dupe des visées des puissances de l'Otan : elles veulent confisquer les révolutions en cours aux peuples de la région, et profiter même de la situation, pour occuper de nouvelles positions, notamment dans le contrôle de régions pétrolières. C'est pour cette raison fondamentale qu'il faut rejeter toute intervention militaire de l'impérialisme nord-américain. C'est au peuple libyen qui a commencé le travail de le finir, avec le soutien des peuples de la région et toutes les forces progressistes à l'échelle internationale doivent y contribuer par leur solidarité et leur soutien.
De ce point de vue, nous sommes en total désaccord avec les prises de positions de Hugo Chavez, Daniel Ortéga et Fidel Castro. Fidel Castro a dénoncé le risque d'une intervention de l'impérialisme nord-américain au lieu de soutenir la lutte du peuple libyen. Quant à Hugo Chavez il a réitéré son appui au dictateur Khadafi. Ces prises de positions sont inacceptables pour les forces révolutionnaires, progressistes et anti-impérialistes du monde entier. On ne s'oppose pas à l'impérialisme en soutenant des dictateurs qui massacrent leurs peuples en révolution. Cela ne peut que le renforcer. La tâche fondamentale du mouvement révolutionnaire, à l'échelle internationale, est de défendre ces révolutions et de s'opposer à l'impérialisme en soutenant ces révolutions pas les dictateurs.
Nous sommes aux côtés du peuple libyen et des révolutions arabes en cours. Notre solidarité inconditionnelle doit s'exprimer pour les droits civiques, démocratiques et sociaux qui émergent dans cette révolution. Une des priorités consiste à appuyer toutes les aides au peuple libyen — aides médicales venant d'Égypte ou de Tunisie, aide alimentaire nécessaire —, à exiger la rupture de tous les contrats commerciaux avec la Libye et la cessation de toute livraison d'armes. Il faut empêcher le massacre du peuple libyen.
Solidarité avec les révolutions arabes !
Soutien au peuple libyen !
Pas d'intervention impérialiste en Libye ! Pas touche à la Libye ! ■
Le 2 mars 2011, Bureau exécutif de la IVe Internationale