En réussissant à tenir face à l'agression israélienne en été 2006 — après avoir déjà, en 2000, contraint les forces israéliennes d'évacuer l'essentiel du Sud Liban — le Hezbollah (Parti de Dieu) a naturellement attiré les regards de tous les anti-impérialistes. Son succès lui a aussi valu des sympathies, jusqu'à conduire certains analystes à des idéalisations, par réaction aux qualificatif de " terroriste » et de " islamo-fasciste » que l'administration de Bush lui a collés, le mettant dans le même sac que l'Al Qaida. Ainsi la sociologue d'origine libanaise, Nahla Chahal va jusqu'à dire que " le Hezbollah n'est pas encore assez conscient qu'il est un mouvement de la théologie de la libération » (interview à Rouge du 14 septembre 2006), comme si la théologie, à l'instar de la prose, pouvait être faite sans le savoir…
Dans notre précédent numéro nous avions publié les analyses de Gilbert Achcar sur l'intégrisme islamique et sur le Hezbollah. Nous ouvrons nos colonnes cette fois-ci à d'autres points de vue : celui de Nicolas Qualander, militant de la Ligue communiste révolutionnaire (section française de la IVe Internationale), qui prépare une thèse de doctorat sur ce sujet ; celui de Chris Harman, dirigeant de la Tendance socialiste internationale et du Socialist Workers Party britannique ; et enfin celui de Marie Nassif-Debs, membre du Bureau politique du Parti communiste libanais, qui a bien voulu répondre à nos questions lors de son passage à Paris en septembre. (J.M.)