Notre camarade Andreas Klocke, avec lequel nous militions dans ce qui était alors le seul groupe de la section grecque de la IVe Internationale, est mort en ce début octobre, très affaibli par une très longue maladie issue d’une opération délicate. Toutes ces dernières années, dans la mesure que ses forces pouvaient lui permettre, Andreas a continué à s’impliquer dans l’observation et l’analyse de ce qui pouvait faire avancer vers la crise révolutionnaire.
Né à Cologne, il a milité dans le GIM, alors section allemande de la IV, puis, s’étant installé en 1988 en Grèce où il enseignait l’allemand, il a rejoint OKDE-Spartakos, où il milita activement et fut animateur de débats et membre de la rédaction de la revue. En dehors de nombreux articles, il fut à l’origine de l’édition de plusieurs ouvrages, que ce soit des traductions en grec de textes allemands, ou en publiant un livre (en grec) en 2015, Révolution politique, nationalisme, socialisme. Ce livre fut présenté au Club Ouvrier de Nea Smyrni (Ergatiki Lescki) par les camarades Christos Kefalis, Tassos Anastassiadis et Manos Skoufoglou, qui entouraient Andreas, déjà affaibli par la maladie. Habitant de cette banlieue d’Athènes créée par et pour les réfugié·es grecs d’Asie Mineure après 1922, Andreas y militait, notamment comme membre fondateur local d’Antarsya et du regroupement pour l’intervention municipale d’une partie de la gauche radicale et révolutionnaire, Poli Anapoda (« la Ville à l’envers »).
La maladie puis la mort d’Andreas sont une grande perte pour ses camarades, pour la qualité de ses analyses mais surtout pour sa conception ouverte de la discussion entre révolutionnaires. Certes, il était en désaccord avec la conception majoritaire dans l’Internationale de construction de partis larges. Il voulait nous persuader que cette voie était une erreur, en alignant des exemples d’échecs, accompagnés d’un petit sourire tout sauf ironique, car même si les discussions pouvaient parfois être rugueuses, pour Andreas une chose était sûre : ces désaccords faisaient partie des discussions entre révolutionnaires, et jamais il n’a prétendu qu’ils opposaient de « vrais révolutionnaires » à des « réformistes », contrairement à la tradition de sectarisme gauchiste qui continue malheureusement de sévir en Grèce. Son insistance sur son désaccord avec la construction de partis larges s’expliquait très concrètement par sa crainte que les sections de la IV s’engageant dans cette voie s’y diluent et affaiblissent ou perdent leur caractère révolutionnaire.
Mais le plus important, comme cela a été rappelé lors de l’hommage rendu à ses obsèques auxquelles participaient ses ancien·nes camarades et ami·es, dont plusieurs militant·es des deux groupes de l’actuelle section grecque, la Tendance programmatique 4e Internationale et l’OKDE Spartakos, c’est que sur l’essentiel des questions de l’heure, Andreas était d’accord avec la ligne de la IV. Et cela se voyait souvent au terme de discussions où son point de vue évoluait par la prise en compte de la réalité du terrain : il en a été ainsi sur la situation dans l’ex-Yougoslavie (face au campisme proserbe de la gauche grecque), sur l’importance de développer Die Linke, etc. Ce pragmatisme, tout à l’opposé de conceptions figées et souvent anachroniques (on peut penser à l’actuelle impressionnante ignorance de la résistance anti-impérialiste du peuple ukrainien par la presque totalité de la gauche grecque) était une qualité qui rendait notre camarade précieux et très estimé. Et c’est cela que nous avons voulu honorer en présentant lors des obsèques le salut de la IVe Internationale.
Et bien sûr, on se rappellera toujours sa gentillesse et son humour, qualités inestimables pour un révolutionnaire! Toutes nos pensées vont à sa compagne, Merry, et à son fils Manolis.
Le 10 octobre 2025
La Tendance programmatique 4 e Internationale est, avec l’OKDE-Spartakos, un des deux groupes constituant la section grecque de la IVe Internationale.