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La signification de l’affaire du Watergate

par Allen Myers

Dix-huit mois après avoir remporté le plus grand succès électoral de l’histoire moderne des États- Unis, après une campagne pour laquelle il avait joui du soutien quasi unanime de la classe dirigeante, Richard Nixon est en passe de devenir le second président des Etats-Unis à être déposé. Et si la Chambre des représentants vote effectivement une loj de déposition du Président, ses chances de se faire acquitter devant le Sénat seront vraiment très limitées. 

Même si les hommes de loi et les membres du Congrès étudient fébrilement la procédure de déposition de Andrew Johnson en 1868, on trouve en fait peu d’éléments parallèles entre les deux évènements. La procédure de déposition de Johnson fut un produit annexe de profondes divisions et de profonds conflits d’intérêts qui traversaient la classe dirigeante U.S. qui venait à peine de sortir d’une longue et sanglante guerre civile. En 1974, par contre, si la couche dirigeante des USA est toujours divisée sur des questions tactiques ces différences n’ont pas donné lieu à des luttes de fraction très dures, et elles ne reflètent pas non plus un défi lancé par de nouvelles couches contre l’hégémonie des capitalistes les plus puissants, ou un conflit fondamental d’intérêts économiques entre des groupes capitalistes opposés.

Les staliniens, les maoïstes et les sectes pseudo-trotskystes des États-Unis ont tous analysé l’affaire du Watergate comme un scandale reflétant des divisions fondamentales au sein de la classe dirigeante. Ces spéculations ont été réfutées par le fait que, si Nixon est déposé, sa succession sera assurée par Gerald Ford, homme choisi personnelle- ment par Nixon et qui, non seulement continuera sa politique, mais utilisera dans l’ensemble le même personnel pour mener cette politique. Et pourtant les politiciens capitalistes qui ont demandé le plus bruyamment la déposition ou la démission de Nixon, ont également bruyamment loué les qualités qui feraient de Ford un bon président.

Si la crise du Watergate ne reflète pas une division fondamentale au sein de la classe dominante américaine, elle témoigne pourtant de l’évolution de l’impérialisme américain au cours du demi-siècle passé. L’infraction dans les bureaux du Comité National du Parti Démocrate ne fut que le catalyseur qui précipita une contradiction existant entre deux éléments de la direction bourgeoise, contradiction qui s’est développée au cours de plusieurs décades. 

Une Contradiction Fondamentale

Historiquement, la classe dirigeante américaine avait un avantage sur ses rivales européennes : elle disposait d’un exécutif fort et centralisé, à la fois chef de l’État et du gouvernement, bien avant que les Etats-Unis ne soient devenus une grande puissance impérialiste. On peut souligner que la bourgeoisie française, en mettant en place un État fort sous de Gaulle, choisit un système présidentiel avec un pouvoir exécutif direct dont le président des États-Unis jouissait depuis des dizaines d’années.

Au cours des dernières années, les libéraux du Congrès se sont plaints du « déséquilibre » qui existait entre le Congrès et le président, reprochant souvent à la branche exécutive d’avoir « usurpé » des pouvoirs supplémentaires. Cependant la vérité est que, au cours de ce siècle, il y a eu très peu de désaccord au sein de la classe dominante sur la nécessité de centraliser les pouvoirs dans l’exécutif. En conséquence, non seulement le Congrès a-t-il approuvé cette centralisation, mais à de nombreuses occasions il a été le premier à lui fournir légalement des pouvoirs supplémentaires. 

Une commission du Sénat présidée par le démocrate Frank Church de l’Ohio et le républicain Charles Mathias du Maryland a fait un rapport l’an passé sur son étude des « lois d’urgence » opérant actuelle- ment aux États-Unis. La commission avait découvert que le pays se trouvait légalement en État d’urgence depuis 1917. 

« …Le Pouvoir de Contrôler la Vie Tous les Américains »

Au cours des 56 années suivantes, le Congrès a passé un total de presque 600 lois supplémentaires – un taux d’environ 12 par an – accordant divers pouvoirs d’urgence additionnels au président. Church et Mathias déclaraient dans un communiqué commun résumant le rapport de la commission : « Le président détient entre ses mains le pouvoir de saisir, d’organiser et de contrôler les moyens de production, d’envoyer des forces militaires à l’étranger, d’appeler les troupes de réserve sous les drapeaux à concurrence de deux millions et demi d’hommes, d’instaurer la loi martiale, de saisir et de contrôler tous les moyens de transport, de règlementer toute entreprise privée, de limiter les voyages, et , par une multitude de moyens, de contrôler la vie de tous les américains »

D’après le rapport de la commission, le Congrès a approuvé la plupart de ces 600 lois « après une analyse plus que sommaire, et virtuellement sans prendre en considération leur effet sur les libertés civiles ou sur la structure délicate de partage des pouvoirs du Gouvernement US ».

Cette centralisation et cette expansion du pouvoir exécutif furent un élément naturel et nécessaire à la montée de l’impérialisme américain jusqu’au rang de puissance dominante du monde capitaliste. Le flic du monde avait besoin d’un gouvernement qui puisse agir partout sans perdre de temps à consulter le Congrès – encore moins la population.

Mais, en même temps, la domination économique du capitalisme américain permettait à la classe dominante de maintenir suffisamment la « paix sociale » de telle sorte qu’il ne fut jamais nécessaire de détruire les illusions démocratiques bien enracinées de la classe ouvrière. Le mythe soigneusement nourri de la démocratie bourgeoise a été un des principaux éléments de la domination capitaliste aux États-Unis – c’est-à-dire la double illusion que (1) les masses, par leur vote, peuvent avoir une influence décisive sur la politique gouvernementale, et (2) qu’il y a des principes constitutionnels, des lois ou des traditions qui garantissent le maintien des libertés sous le capitalisme. Bien que l’on ait assisté à des augmentations ou des réductions des droits démocratiques de la classe ouvrière au cours des dernières périodes de l’histoire américaine, la classe dominante n’a généralement pas jugé nécessaire ou désirable d’introduire des mesures qui saperaient complète- ment ces illusions.

La concentration du pouvoir exécutif nécessaire pour le fonctionnement efficace de l’aventure impérialiste fut, pendant une longue période, très compartimentée, très isolée, au moins pour ce qui est des apparences, du « processus démocratique ». Des évènements comme les raids de Palmer1 après la première guerre mondiale et la chasse aux sorcières de Mac Carthy après la Seconde guerre mondiale, étaient présentés comme, et la large majorité croyait effectivement qu’ils n’étaient que des exceptions à la règle – règle dont la principale composante était avant tout une défense super-zélée de la « démocratie » contre une menace étrangère.

Maintenir les illusions démocratiques

Même dans les pires périodes de réaction, des élections furent organisées. Les présidents pouvaient envoyer des milliers de soldats dans le monde pour balayer la révolution, mais ils recherchaient normalement l’approbation formelle du Congrès, ou étaient capables de mener ces opérations sous la couverture d’un traité ou d’une alliance ratifiés par le Sénat. Bien qu’ils puissent en réalité ignorer les désirs non seulement de la population, mais du Congrès lui-même, ils ne s’arrogeaient pas le droit de le faire selon un « principe constitutionnel », mais préféraient maintenir l’illusion qu’ils ne faisaient qu’appliquer la volonté populaire telle qu’elle s’est manifestée au cours des élections ou de toutes autres manifestations de soutien largement publicisées par les mass media. 

La découverte des agents de Nixon entrés par infraction dans les bureaux du Comité National du Parti Démocrate, cette « infraction de troisième ordre », a fait bien plus que de saper les illusions de la population sur la légitimité des élections capitalistes aux États-Unis -- bien que ce seul fait soit déjà un coup sérieux aux yeux de la classe dominante. Au-delà de ce coup, l’incident et les révélations ultérieures ont montré à la bourgeoisie l’incompatibilité qui existait entre sa tendance à une centralisation plus grande et le maintien du mythe de la démocratie bourgeoise, particulièrement à une époque où de larges masses de la population avaient déjà commencé à remettre ce mythe en question.

Cette contradiction ne représente pas simplement une crise temporaire de « crédibilité » de l’administration Nixon. Pendant un demi-siècle, les illusions démocratiques ont servi de support et de complément idéologiques à la course de l’impérialisme U.S. pour l’hégémonie mondiale. Aujourd’hui les succès mêmes de l’impérialisme et les effets de la radicalisation se sont combinés pour changer ces compléments en éléments contradictoires. La crise actuelle de la classe dirigeante américaine se centre autour de ses efforts pour trouver une nouvelle combinaison ou un nouvel équilibre entre ces éléments fondamentalement irréconciliables de sa domination.

Ce dilemme de la classe dirigeante américaine avait commencé à apparaître à la lumière de la radicalisation qui s’était fait jour à la fin des années 50 et au début des années 60, se dessinant de façon particulièrement aigue dans le cadre du mouvement de masse contre l’agression U.S. au Vietnam. 

Grâce au développement du mouvement contre la guerre du Vietnam, des millions d’américains commencèrent à apprendre qu’on ne pouvait pas faire confiance à « leur » président, qu’il ne leur disait pas la vérité, qu’il ne mentait pas occasionnelle- ment, mais tout le temps, qu’il s’agissait là d’une politique délibérée.

Une Méfiance de Masse 

La « marge de crédibilité » de Lyndon Johnson devait contribuer à la découverte des scandales du gang de Nixon. Le mouvement anti-guerre, particulièrement dans sa composante étudiante, réalisa que l’on ne pouvait pas croire le président et commença à mener ses propres recherches. Généralement ces recherches se centrèrent sur la question de la participation des organismes universitaires à la guerre. Les étudiants dénoncèrent des projets de recherches apparemment innocents comme étant en fait des couvertures pour le développement d’armes nouvelles. On découvrit que des anthropologues et des sociologues recherchaient des moyens de détourner la haine des paysans asiatiques contre les gouvernements corrompus, cataloguaient les opinions politiques des villages les plus reculés et les armes dont ils disposaient, ou établissaient des listes des éléments géographiques pouvant représenter des obstacles pour l’avance des tanks.

Il ne faut pas sous-estimer les effets de cette méfiance de masse et des efforts faits par la jeunesse radicalisée pour découvrir la vérité. Pénétrant jusque
dans les rangs de la bureaucratie gouvernementale, ils rendirent extrêmement difficile pour le gouvernement de pouvoir garder quelque chose de secret. Les bureaucrates qui s’opposaient à une politique particulière – pour quelque que raison que ce soit – découvrirent qu’une « fuite » au bon endroit pouvait souvent être bien plus efficace pour obliger un changement politique que de longues et pénibles discussions au sein de la bureaucratie.

Cette situation a parfois produit des résultats spectaculaires. Ni le massacre de Mylai, ni les papiers du Pentagone ne seraient entrés dans le domaine public sans la radicalisation antérieure et ses effets sur la capacité du gouvernement de garder des secrets. Mylai fut dénoncé grâce aux enquêtes de Seymour Hersch, qui était, à cette époque, journaliste dans une obscure agence de presse locale, et grâce au fait que des avocats de l’armée, engagés dans cette affaire, refusèrent de coopérer avec le Pentagone pour la couvrir.

Daniel Ellsberg était lui-même un des intellectuels que Washington loue en grand nombre pour l’aider, à évaluer et à planifier la stratégie impérialiste. Quand il perdit toute illusion devant l’apparente incapacité du gouvernement d’« apprendre » à partir de son expérience au Vietnam, il commença à envoyer des extraits des Papiers du Pentagone à des membres libéraux du Congrès. Quand il réalisa que cela ne donnait aucun résultat, il essaya le New York Times, qui les publia afin de forcer Nixon à se rapprocher de sa ligne sur la guerre d’Indochine. 

La tendance gouvernementale à une centralisation accrue est également contredite par toutes les victoires démocratiques gagnées par les couches radicalisées de la population. La législation sur les droits civiques, le droit de vote à 18 ans, le droit à l’avortement, l’abolition de la peine de mort, etc., sont autant de concessions arrachées à la classe dominante contre sa volonté -- et ses besoins – d’enrégimenter encore plus la société américaine – volonté montrée par sa tentative de grignoter toujours plus ces concessions. 

La radicalisation a sévèrement miné quelques-unes parmi les plus puissantes méthodes traditionnelles de contrôle de la classe dominante. Le patriotisme de temps de guerre, le racisme et l’anti-communisme sont devenus de moins en moins efficaces, précisément parce que la radicalisation se base sur une opposition aux résultats de cette politique. Johnson et Nixon durent employer des méthodes plus masquées et illégales vis-à-vis de leurs opposants politiques. Ces méthodes représentent la face cachée de la campagne publique pour « la loi et l’ordre » menée par Nixon contre les effets de la radicalisation. Nixon a pu jouir d’un appui substantiel de la classe dominante, aussi bien pour les aspects secrets que publics de sa stratégie – au cours de la campagne de 1972 ce soutien atteignit presque l’unanimité. Nixon ne faisait certainement pas cavalier seul, contrai- rement à ce que certains ont dit, quand il donna le feu vert aux diverses opérations de type Watergate. L’infame plan secret d’espionnage de 1970, par exemple, fut élaboré par une commission recrutée dans les plus hauts rangs de l’appareil de sécurité de l’État. Elle regroupait des directeurs du FBI, de la CIA, de la Defense Intelligence Agency, de la National Securtiy Agency, et les chefs des groupes d’espionnage des différents corps d’armée, en plus d’un attaché de la Maison Blanche, représentant Nixon. Ce sont ces bureaucrates « non partisans » qui restent en poste quel- que soit le parti à la présidence, et à qui la classe dominante donne la charge de défendre les intérêts de la classe capitaliste dans son ensemble, et non pas d’un de ses secteurs.

A Vendre au Plus Offrant

Même les actions de Nixon servant ses propres intérêts plutôt que ceux de sa classe – l’espionnage des démocrates, obtenir des soutiens financiers pour sa campagne contre des faveurs politiques, etc., – ne représentent pas une innovation dans la vie politique américaine. Barry Goldwater a affirmé, et il n’y a pas de raison d’en douter, que les démocrates l’avaient placé sous surveillance électronique durant la campagne présidentielle de 1964. Des postes diplomatiques et des « faveurs » de toutes sortes de la part des officines gouvernementales ont toujours été à vendre au plus offrant. Si la classe dominante américaine ne souhaite pas à priori des politiciens corrompus, elle s’attend tout du moins à en avoir.

Mais c’est la première fois que les opérations « normales » du gouvernement des U.S.A. sont aussi visibles pour tout le pays. Des secteurs influents de la classe dominante sont favorables à une déposition ou à une démission forcée de Nixon, car ils pensent, en faisant cela, réussir à masquer ce côté obscur de la réalité en donnant l’illusion que, après tout, le « système fonctionne ». Mais si, du point de vue de la classe dominante, la déposition de Nixon représente un moindre mal par rapport à une prolongation indéfinie du scandale, elle ne risque pourtant pas de répondre à ses espérances. 

Watergate a déjà miné la crédibilité non seulement de Nixon, mais du gouvernement capitaliste aux États-Unis. La démission forcée ou la déposition de Nixon viendrait confirmer le fait que l’on ne peut pas faire confiance au gouvernement – tout comme la démission d’Agnew vint, pour beaucoup, confirmer le sentiment dominant que « les politiciens sont tous des escrocs ». 

Le retrait de Nixon ajouterait un précédant dérangeant pour la vie politique américaine. Elle répandrait au sein des masses l’idée que leurs droits démocratiques devraient comprendre celui de se débarrasser des présidents impopulaires ou d’autres personnalités officielles sans attendre les prochaines élections. (C’est un droit que les auteurs bourgeois de la Constitution nient – avec raison, du point de vue de leurs intérêts – délibérément au peuple).

Du point de vue de la classe dominante, la meilleure issue du scandale de Watergate – bien qu’elle semble bien improbable -- serait que Nixon fasse des excuses pour ses transgressions, promette de faire mieux dans le futur, et termine son mandat. Cela signifierait que Nixon aurait réussi dans une certaine mesure à masquer la portée de ses crimes et faire accepter au public l’idée que le président devrait a- voir toute latitude de décider quelles actions sont nécessaires à la « sécurité nationale ». 

Le Scandale, C’est le Système Capitaliste !

Les socialistes, au contraire, ont tout intérêt à encourager l’idée, idée qui serait légitimée par la démission de Nixon, que les présidents n’ont pas le droit d’agir dans le secret, d’échapper aux règles de la démocratie, d’espionner les groupes politiques opposés, etc.

Mais si les révolutionnaires ont donc raison de favoriser le retrait de Nixon, ce que la classe dominante décide de faire avec son président n’est pas, pour eux, la question la plus importante. Leur tâche est de saisir l’opportunité offerte par l’affaire Watergate pour expliquer à de nouvelles couches la nature réelle du gouvernement capitaliste aux États-Unis.

Le Socialist Workers Party (SWP - Parti Socialiste des Travailleurs) l’organisation trotskyste américaine, donne un bon exemple de la façon dont cette tâche d’éducation des masses doit être menée. Non content d’expliquer la signification du Watergate dans sa presse, le SWP a contacté des couches qui n’avaient peut-être jamais lu un journal révolutionnaire, mais qui sont maintenant prêtes à entendre une explication socialiste de ce que révèle le Watergate. Cela a pû être fait par l’intermédiaire du procès contre Nixon et 18 de ses subordonnés.

Les socialistes ont toujours dû défendre leurs organisations et leurs militants contre des procès montés de toutes pièces, et ont, depuis longtemps, compris que la meilleure défense était une défense politique qui permette de présenter les éléments du problème à la population et de mobiliser le soutien le plus large possible en défense des droits des victimes. Dans ce procès contre le gang de Nixon, le SWP a dépassé les limites habituellement très grandes d’une telle campagne de défense.

Ce procès attaque le « droit » de Nixon et de ses successeurs de placer sur tables d’écoute, d’entrer par effraction dans les locaux, d’infiltrer et d’attaquer systématiquement les groupes politiques, et il vise à faire interdire par la loi des instruments de chasse aux sorcières tels que la liste subversive du procureur général.

Le plus important, cependant, est que ce procès permet de propager dans tout le pays l’explication que donnent les socialistes révolutionnaires de l’affaire du Watergate. Le Political Rights Defense Fund (PRDF- Fonds de Défense des Droits Politiques) a été mis en place pour soutenir le procès et pour aider la mobilisation de l’opinion publique contre tous les aspects des « mauvais tours » du gouvernement. 

Des orateurs du PRDF et du SWP font des tournées de meetings dans tout le pays pour expliquer les problèmes en jeu. Le procès a déjà recueilli un large soutien de la part d’une série d’organisations et d’individus dans le pays. 

Ce procès a fourni une plateforme à partir de la- quelle les socialistes peuvent expliquer que le Watergate est une partie intégrante du gouvernement capitaliste et que l’on ne peut mettre fin à ce type de scandale que par l’instauration d’un gouvernement de la classe ouvrière.

Que la classe dominante dépose Nixon ou lui permette de terminer son mandat dans un nuage de scandale, la crise symbolisée par le Watergate continuera à représenter un facteur essentiel de la vie politique américaine. Le conflit entre les besoins de l’impérialisme et le mythe de la démocratie bourgeoise n’a pas été créé par Nixon et il ne sera pas résolu par son retrait ou son maintien en fonction.

À long terme donc, l’affaire du Watergate a ajouté un nouvel élément d’instabilité dans la vie politique américaine. Il est facile de prévoir, par exemple, que toute opération impopulaire des futurs présidents des États-Unis sera rapidement confrontée à de larges campagnes pour leur déposition.

Et l’on doit espérer et attendre que la perte des illusions face à la réalité des gouvernements capitalistes permettra de gagner des secteurs toujours plus larges à l’alternative socialiste aux Etats-Unis. 

Le 6 juin 1974

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    Raids lancés par le Ministre de la Justice, Palmer, contre les communistes et anarchistes, à la fin de la Première Guerre mondiale et dont furent victimes, entre autres, les militants anarchistes immigrés italiens, Sacco et Vanzetti.