Le 19 juillet, la Cour internationale de Justice (CIJ) rendait son avis consultatif sur la « légalité » de l’occupation par Israël des territoires palestiniens depuis 1967. Vingt ans après l’avis sur le Mur en 2004, la CIJ condamne très fermement la colonisation de la Palestine et les crimes commis par l’occupant.
Les conclusions de l’avis viennent confirmer ce que disent depuis des années les PalestinienNEs et les personnes qui suivent cette situation coloniale : l’occupation du territoire (Gaza, Cisjordanie et Jérusalem-Est) par Israël depuis 1967 est illégale puisque devenue une annexion et que le régime de restrictions générales imposé aux PalestinienNEs entrave leur droit à l’auto-détermination. Ce consensus sur l’illégalité de l’occupation y compris au sein de la communauté internationale avait été affirmé lors des plaidoiries de plus de 50 États et organisations en février dernier1 , majoritairement en soutien des droits du peuple palestinien. Seuls les alliés historiques d’Israël (essentiellement les États-Unis et l’Angleterre) avaient soutenu la position inverse.
Une dénonciation claire des persécutions commises depuis 1967
En ce sens, l’avis est d’une clarté incontestable pour l’ensemble de la communauté internationale avec des obligations juridiques pour Israël : retrait de toute présence de l’État israélien en territoire palestinien, réparation de l’ensemble des dommages causés par l’occupation, ce qui inclut le droit au retour des réfugiéEs et le démantèlement de l’ensemble des colonies. La communauté internationale a ainsi l’obligation de ne pas reconnaître la situation actuelle et cette présence illégale en territoire occupé, ce qui est la première étape dans la stratégie du mouvement BDS qui réclame maintenant un désinvestissement et des sanctions.
Surtout, la Cour affirme pour la première fois que le régime de discriminations qu’impose Israël aux PalestinienNEs est constitutif du crime d’apartheid ou de ségrégation.
Cet avis non contraignant est à replacer dans la stratégie palestinienne d’investissement des institutions internationales pour rompre l’isolement auquel les PalestinenNEs étaient cantonnéEs. Mise en perspective avec la procédure en cours pour la reconnaissance du génocide et celle devant la Cour pénale internationale, qui devrait délivrer dans les semaines à venir des mandats d’arrêt contre Netanyahou et Gallant, cette stratégie de long terme a porté ses fruits.
Dix mois de massacres et multiplication des fronts
Tout cela peut sembler tout à fait dérisoire lorsque rien ne semble empêcher la politique génocidaire à Gaza où 7 % à 10 % des PalestinienNES seraient mortEs, où le virus de la polio a été détecté et tandis qu’Israël multiplie les frappes sur le Liban et pour la première fois sur le Yémen en représailles à une attaque des Houthis à Tel-Aviv.
Toutefois, la qualification univoque des crimes coloniaux par la plus haute juridiction internationale vient briser la stratégie du statu quo qu’Israël tente d’imposer aux PalestinienNES car fondé sur une situation illégale. Indirectement, elle vient réaffirmer le droit du peuple palestinien occupé à résister à la puissance occupante. C’est aussi la remise en cause de la solution à deux États : le 17 juillet, la Knesset votait une résolution contre la création d’un État palestinien qu’elle a qualifié de « danger existentiel » pour Israël.
Si la mobilisation en France a drastiquement diminué depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, la Palestine reste au cœur de l’actualité. Les Jeux olympiques sont l’occasion d’une nouvelle dynamique alors que le président israélien est annoncé à la cérémonie d’ouverture. La fin de la colonisation ne viendra pas d’une décision de justice mais par la mise au ban de l’État génocidaire.
Publié par L’Anticapitaliste le 25 juillet 2024.
- 1Voir l’Anticapitaliste n° 693 du 29 février 2024, « La colonisation à découvert, Israël de nouveau devant la CIJ ».