SOUTIEN AU SOULEVEMENT DES PEUPLES ARABES ! NON A L'INTERVENTION DE L'IMPERIALISME

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Tee-shirt "CÔÇÖest pour la victoire que nous allons" du Comité martiniquais du 5 février 2009. Photothèque Rouge/Franck Houlgatte
Alors que l'onde de choc du processus révolutionnaire en cours dans les pays arabes atteint d'autres pays africains et même de façon encore faible des régions aussi lointaines que Shanghai en Chine ou l'État du Wisconsin (1) aux États-Unis, la voix des progressistes, des anti-impérialistes, des anticapitalistes internationalistes de Martinique doit se faire entendre.

Oui, nous sommes résolument du côté des masses en insurrection, du Barhein à la Libye, sans exclure aucun des pays dont les martyrs doivent être honorés, dont l'héroïsme doit être salué, dont la volonté de changer leurs vies doit être soutenue !

Les hésitations ou les ambiguïtés dont certains font preuve dans la Caraïbe à l'égard de la Libye de Kadhafi ne sont pas défendables. Certes le dictateur libyen a un passé d'anticolonialiste, a joué jadis un rôle de tiers-mondiste passionné face aux empires occidentaux mais il faut bien dire que ses positions n'ont jamais dépassé l'horizon politique et social de la petite bourgeoisie, du paternalisme autoritaire à l'égard des masses, de l'opposition à l'organisation autonome des travailleurs et du refus de tout contre-pouvoir démocratique. C'est cela qui explique le recours de ce " guide de la révolution libyenne » aux méthodes criminelles du terrorisme à l'extérieur et de répression impitoyable à l'intérieur. Nous, GRS, n'avons jamais eu de solidarité avec ces horreurs, même si nous avons toujours su les soutiens y compris financiers accordés par Kadhafi à certains mouvements de la Caraïbe.

De toutes façons, depuis les débuts du XXIe siècle, le régime libyen s'est converti au libéralisme capitaliste, a soutenu les dictateurs comme Ben Ali et Mubarak, a recherché ses brevets de respectabilité auprès des Bush, Berlusconi et autres Sarkozy .Et ceux-ci l'ont accueilli à bras ouverts comme ils ont aidé sans vergogne et jusqu'à la dernière minute les dictatures arabes tendres avec le sionisme et intraitables avec leurs propres peuples.

Même si aujourd'hui les rangs des insurgés contre Kadhafi sont divers (allant des royalistes à divers nuances du nationalisme), même si l'impérialisme essaie de tirer les marrons du feu de toutes les luttes en cours, même si les tâches de la vraie libération sont complexes et parsemées d'embuches, même si l'hypocrisie des médias dominants est évidente — il suffit de comparer leur excitation actuelle avec leur silence assourdissant devant le coup d'État sanguinaire du Honduras (2) —, nous sommes totalement aux côtés des combattant-e-s de la libération ! Espérons seulement que le prolétariat de tous ces pays réussira à construire son unité et son indépendance de classe, seule garantie contre la confiscation réactionnaire des révolutions en cours.

Bien entendu, chaque peuple lutte en fonction de sa propre situation. Notre Martinique n'est ni la Tunisie, ni la Jordanie, ni la Libye. Mais l'audace, le courage, l'intelligence de ces peuples en révolte doivent renforcer notre détermination de refuser de payer la crise du système capitaliste, doivent accroître notre volonté de construire la nouvelle représentation politique dont les masses populaires de notre pays a besoin, doivent nourrir l'internationalisme concret qui seul est à la hauteur des besoins de l'humanité d'aujourd'hui. ■

VIVE LA LUTTE DES PEUPLES ! SOLIDARITE INTERNATIONALISTE !

LA RESISTANCE A L'OPPRESSION EST UN DROIT NATUREL !

Fort de France, le 28/02/2011

* Philippe Pierre-Charles est co-secrétaire général de la Confédération martiniquaise démocratique du travail (CDMT), porte-parole du " Comité du 5 février» (quasi-équivalent en Martinique du LKP guadeloupéen) et militant du Groupe révolution socialiste (section antillaise de la IVe Internationale).

Synthèse sur la Libye
(® Inprecor)

notes
1. Les 15 et 16 février, d'énormes manifestations ont eu lieu dans l'État du Wisconsin contre le nouveau gouverneur, Scott Walker, qui a décidé de se débarrasser des syndicats du secteur public. (NDLR)

2. Le 28 juin 2009, par un coup d'État militaire, l'armée du Honduras arrête et expulse le président Zelaya qui, dans un revirement, s'était rallié à l'Alternative bolivarienne pour les Amériques et avait fait de la lutte contre la pauvreté une de ses nouvelles priorités. (NDLR)