Premier bilan de l'élection présidentielle

par Bloc de gauche
Nous reproduisons ici une note du secrétariat de la Commission politique du Bloc de gauche, publiée à chaud sur le site web du Bloc de gauche www.bloco.org .

1. La victoire remportée par 30 000 votes par le candidat de la droite Anibal Cavaco Silva (1) constitue une défaite pour le peuple de gauche. Dans le cadre actuel d'un gouvernement marqué par l'option libérale de José Sócrates (2), Cavaco accentuera ce qui est le pire de la politique économique et sociale menée par le gouvernement et ne s'opposera nullement au coup que le bloc du centre prépare contre le scrutin proportionnel. Les projets du Bloc central (3) une politique de poursuite de la crise sociale et de stabilité pour les privilégiés en sortent renforcés. Et la droite gagne une référence pour sa recomposition, ayant polarisé une partie des électeurs du centre qui donnèrent antérieurement la victoire à Sócrates.

 

2. Pour le gouvernement la poursuite pour l'essentiel de la nouvelle cohabitation la " coopération stratégique » libérale n'atténue nullement le bilan catastrophique ni l'avertissement reçu : Mário Soares (4), qui s'est entouré de ministres, obtient 14 %, soit 30 % de moins que ce que le PS obtenait il y a moins d'un an. Manuel Alegre (5), qui tout en soutenant la politique de Sócrates s'est présenté contre le candidat de ce dernier, obtient un fort vote de protestation et atteint 20 %. Mais la somme des suffrages de ces deux candidats reste inférieure de 10 % au score du PS il y a moins d'un an. Cavaco doit sa victoire au PS, à la confusion généralisée et à l'impasse sociale accentuée par le gouvernement.

 

3. Le score de Jerónimo de Sousa assure le renforcement électoral du Parti communiste par rapport à ses résultats des législatives, même s'il reste en deçà des résultats qu'il a réalisés lors des récentes élections municipales. Si l'on compare son score à ceux des élections présidentielles qui ont eu lieu dans des contextes forts différents, Jerónimo de Sousa obtient 3 % de mieux que António Abreu (6) et 3 % de moins que Carlos Carvalhas (7).

 

4. La candidature de Francisco Louçã (8) a réalisé un de ses principaux objectifs : mobiliser le vote des secteurs sociaux en faveur du changement et qui n'acceptent pas la politique de continuité des candidats du PS en mettant à l'ordre du jour les questions fondamentales pour les prochaines années, telle la défense de la sécurité sociale, celle de l'emploi, la lutte pour la parité entre hommes et femmes, une politique européenne et de défense de l'environnement. L'enthousiasme, la mobilisation et les propositions mises en avant par la campagne ont constitué un élément essentiel dans le débat politique et dans la clarification des choix. La mobilisation de 288 261 électeurs de Francisco Louçã a contribué à l'affrontement contre Cavaco Silva, bien que la participation des électeurs de gauche en général n'ait pas été suffisante pour imposer un second tour.

 

5. Les 5,3 % obtenus par Francisco Louçã représentent le second meilleur score réalisé par le Bloc de Gauche dans une élection politique, tant en nombre de voix qu'en pourcentage. Par rapport aux récentes municipales, nous doublons presque le nombre de voix et par rapport aux présidentielles de 2001 nous faisons plus que le double. Dans divers districts Francisco Louçã arrive en quatrième position (à Aveiro, à Bragança, à Castelo Branco, aux Açores, et en particulier à Madère, avec 7,8 % en moyenne et 9,8 % dans la capitale, Funchal). Les résultats obtenus à Guarda et à Vila Real sont aussi les meilleurs jamais réalisés. La percée électorale à Braga signifie la possibilité d'élire un député dans ce district, et nous ne sommes pas loin d'une telle possibilité à Aveiro et à Faro. Par contre dans les zones métropolitaines de Lisbonne et de Porto nous enregistrons un recul du fait de la polarisation avec la candidature de Manuel Alegre.

 

6. Les présidentielles ont conclu un cycle électoral. Pendant trois ans il n'y aura plus, normalement, de nouvelles élections. C'est donc au cours de cette période que les débats fondamentaux concernant la politique de la gauche doivent être relancés, que les luttes sociales doivent permettre d'assurer la défense des acquis et que les alternatives doivent s'affirmer. C'est un engagement que le Bloc de gauche assume en toute confiance.

 

1. Anibal Cavaco Silva est l'ancien premier ministre du Parti social-démocrate (un parti bourgeois de droite ayant adopté ce nom au cours de la révolution portugaise). Il a centré sa campagne cette fois-ci sur la " coopération stratégique » avec le gouvernement socialiste qui poursuit la politique néolibérale

 

2. José Sócrates est l'actuel premier ministre socialiste. Lors des législatives de février 2005 le Parti socialiste a obtenu la majorité absolue au Parlement.

 

3. Le PS sous la houlette de Sócrates et le PSD sous celle de Cavaco Silva, d'accord sur les orientations libérales, constituent ce Bloc central.

 

4. Mário Soares, fondateur du PS, ancien premier ministre et ancien président de la République, était cette fois-ci le candidat officiel du PSà 81 ans.

 

5. Manuel Alegre, 70 ans, membre du PS et longtemps collaborateur de Mário Soares, n'ayant pas obtenu l'investissement de son parti, s'est présenté en candidat indépendant dressé contre les bureaucraties des partis.

 

6. António Abreu a été le candidat du PCP à la présidentielle en 2001. Il avait totalisé 5,13 % des suffrages exprimés.

 

7. Carlos Carvalhas a été secrétaire général du PCP de 1992 à 2004 et son candidat à la présidentielle en 1991, obtenant alors 12,92 % (contre 70,35 % réalisés par... Mário Soares !)

 

8. Dirigeant historique du Parti socialiste révolutionnaire (section portugaise de la IVe Internationale), une des organisations fondatrices du Bloc de gauche, Francisco Louçã était le candidat du Bloc à la présidentielle.

 

Résultats des élections présidentielles du 22 janvier 2006

 

Inscrits 8 835 237

 

Votants 5 531 265 (62,60 %)

Blancs 58 901 (1,06 %)

Nuls 43 427 (0,79 %)

 

Anibal Cavaco Silva (PSD, droite) 2 746 689 50,59 %

Manuel Alegre (PS dissident) 1 125 077 20,72 %

Mário Soares (PS officiel) 778 781 14,34 %

Jerónimo de Sousa (PCP) 466 507 8,59 %

Francisco Louçã (Bloc de gauche) 288 261 5,31 %

Garcia Pereira (MRPP, mao-stalinien) 23 622 0,44 %