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Philippines : après le typhon Tino (Kalmaegi) : deuil et colère pour demander des comptes et exiger une transformation écologique Progamme de surveillance « Des crêtes aux récifs » et défaillances systémiques

par Remo Camote

Dans le pays (et dans le monde entier), les Philippins sont révoltés par les ravages causés par le récent typhon Tino, connu au niveau international sous le nom de Kalmaegi (4 novembre 2025).

La population ne peut pas se contenter de pleurer ses morts. Alors que les survivants reconstruisent lentement leur vie, des mouvements à travers le pays réclament une transparence totale et justice pour les victimes.

Pour les Philippins, l’incapacité à protéger les vies et les ressources nationales doit entraîner sans délai des conséquences juridiques et politiques.

Les ravages causés par le typhon Tino dans les régions de Visayas, Mindanao et MIMAROPA (Mindoro, Marinduque, Romblon et Palawan) sont plus qu’une catastrophe naturelle : ils montrent le prix élevé de la destruction écologique et de la corruption généralisée.

Plus de 2,2 millions de Philippins sont touchés, et les familles pleurent les 188 personnes dont le décès a été confirmé (Conseil national de réduction et de gestion des risques de catastrophe, 7 novembre 2025), tandis que 135 personnes sont toujours portées disparues.

Au total, ce sont 123 zones qui ont été inondées, et pas moins de 9 585 habitations et 81 bâtiments publics, dont des écoles, des fermes, des routes et des ponts, qui ont été endommagés. Les pertes agricoles sont estimées à 10,615 millions de pesos, et au moins 64 villes et municipalités ont déclaré l’état de catastrophe.

Le pays est entré en état d’urgence nationale le jeudi 6 novembre, à la suite de cette catastrophe. Selon les rapports du gouvernement, le Bureau du Président (OP) a fourni une aide financière totale de 760 millions de pesos philippins aux collectivités locales touchées :

  • 50 millions de pesos philippins pour chacune des provinces de Cebu, Capiz, Surigao del Norte, Iloilo, Bohol et Negros Occidental ; 40 millions de pesos philippins pour chacune des provinces de Samar oriental, Surigao del Sur, Leyte méridional, Antique et Aklan ;
  • 30 millions de pesos philippins chacun pour Leyte et Masbate ; 20 millions de pesos philippins chacun pour Guimaras, Agusan del Norte et les îles Dinagat ; 10 millions de pesos philippins chacun pour Biliran, Camarines Sur, Sorsogon, Misamis Oriental, Negros Oriental et Palawan ;
  • et 5 millions de pesos philippins pour Albay, Romblon, Batangas, Samar du Nord, Siquijor, Quezon, Samar, Agusan del Sur, Laguna, Zamboanga City, Manille (en raison des passagers bloqués), Camiguin, Mindoro occidental, Camarines Norte, Zamboanga del Norte et Iligan City.

En raison des soupçons et de la perte de confiance dans la bureaucratie liés au récent scandale de corruption concernant les projets de contrôle des inondations, il a été demandé que le versement de ces montants s’effectue selon un système transparent et dans le strict respect des procédures de contrôle. C’est indispensable !

Au-delà des secours d’urgence

Mais ce qu’il est également important de souligner aujourd’hui, outre le fait qu’il faut se préparer à un autre typhon, c’est que les réponses du gouvernement et de la population doivent aller au-delà des secours d’urgence pour s’attaquer aux causes profondes qui ont transformé une puissante tempête en une tragédie évitable, causée par l’homme.

Les inondations massives et meurtrières dans les centres urbains tels que Cebu, où 111 personnes ont perdu la vie et où le niveau de l’eau a augmenté plus rapidement que lors de toute autre tempête récente, constituent une preuve indéniable de l’échec de la stratégie de gestion « ridge to reefs »[gestion dite intégrée des écosystèmes « de la montagne à la mer » ndt],

Le ruissellement de surface et les glissements de terrain ont été amplifiés par la dégradation des défenses naturelles. Des rapports récents confirment que le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles (DENR) étudie la possibilité de réaliser des aménagements à grande échelle et de modifier les pentes des montagnes à Cebu, ce qui souligne le lien direct entre la disparition des forêts et l’inondation des communautés.

Les dépenses publiques consacrées aux projets de lutte contre les inondations à Cebu ont atteint plus de 50 milliards de pesos au cours de la dernière décennie, a déclaré le secrétaire du ministère des Travaux publics et des Transports, lequel a soumis les documents accompagnés de recommandations à la commission d’enquête sur les infrastructures constituée par le président philippin à la suite des nombreuses manifestations organisées pour exiger des comptes. Entre 2022 et 2025, environ 25,52 à 26,6 milliards de pesos ont été consacrés à des projets de lutte contre les inondations dans la province de Cebu, comme l’ont rapporté les médias. Quelle que soit la période couverte, la catastrophe a révélé que ces investissements n’ont pas permis de protéger la population.

Cette inaptitude des projets de lutte contre les inondations, qui ont coûté des milliards de pesos, à protéger les communautés est une conséquence directe du détournement de fonds et d’une ingénierie de mauvaise qualité.

Les enquêtes menées sur plus de cinq cents aménagements de contrôle des inondations à Cebu doivent déboucher sur la mise en place de mesures judiciaires rigoureuses.

Il serait toutefois naïf d’attribuer cette tragédie uniquement au changement climatique ou à un phénomène naturel. Si la hausse de la température des océans et la recrudescence des tempêtes sont des phénomènes bien réels, l’ampleur des dégâts causés par le passage de Tino est amplifiée par une corruption généralisée. Les fonds destinés à l’amélioration des infrastructures ont été détournés, les contrats ont été attribués à des entreprises liées au monde politique et les mécanismes de contrôle ont été fragilisés.

Le Bureau du médiateur a annoncé la création d’un groupe de travail spécialement chargé d’enquêter en priorité sur les projets de contrôle des inondations qui présentent des caractéristiques anormales dans les zones touchées par Tino. Le DENR aurait également annoncé qu’il allait poursuivre et sanctionner de manière énergique les entités dont les activités – telles que l’exploitation minière, l’exploitation de carrières, l’exploitation forestière ou la conversion illégale de terres et autres modifications forestières – ont contribué aux glissements de terrain et accéléré le débit des inondations. Cela passe notamment par la suspension ou la résiliation des certificats de conformité environnementale (CCE) des contrevenants. Ces procédures doivent permettre de découvrir la vérité pour que justice soit faite et non pas d’enterrer les conclusions afin d’échapper à toute responsabilité. Les représentants officiels, les entrepreneurs et les ingénieurs responsables de projets non conformes ou inexistants doivent être poursuivis avec toute la rigueur de la loi. Ces procédures ne doivent pas servir à alimenter le cirque bureaucratique et à bafouer la mémoire des victimes.

En outre, la demande d’une commission pour la vérité indépendante, établie de plein droit et dirigée par des citoyens afin d’enquêter et de mettre derrière les barreaux les coupables qui ont orchestré tous les pillages environnementaux et financiers du gouvernement, s’est faite de plus en plus pressante. Nous ne pouvons pas nous en remettre à la bonne volonté de personnalités et d’agences qui enquêtent sur leurs propres zones d’ombre. Elles sont responsables de la délivrance des permis et des autorisations pour ces investissements destructeurs pour l’environnement et irréguliers, et elles ont été complices d’irrégularités. Pour s’assurer de pouvoir échapper à la justice, elles ne feront qu’innocenter leurs protecteurs, voire elles-mêmes. Des réformes des processus de passation des marchés publics doivent être introduites afin d’empêcher les personnalités politiques de se voir accorder des contrats publics ou à toute entreprise ayant des liens étroits avec des responsables officiels et des fonctionnaires. Les archives doivent être accessibles au public. Une disposition constitutionnelle contre les dynasties politiques doit être adoptée une fois pour toutes.

Aux Philippines, la très grande influence des dynasties politiques et les scandales récurrents dans le secteur des équipements publics sont un problème national bien connu, souvent considéré comme un obstacle majeur à un véritable progrès et à une gouvernance efficace. Ces familles politiques, qui se maintiennent au pouvoir de génération en génération dans toutes les régions, sont largement considérées comme la cause profonde ou le principal facteur de la corruption structurelle, en particulier dans le domaine des travaux publics.

Les dynasties : concentration du pouvoir et absence de contrôle

Les Philippines sont dirigées par des dynasties despotiques depuis déjà plusieurs décennies. Estrada, Aquino, Duterte, Marcos, etc. se sont succédé à la tête du pays. Ces dynasties ont monopolisé le pouvoir, du niveau national jusqu’aux gouvernements provinciaux, municipaux et locaux. Et cette concentration écrasante de l’autorité érode le système de contrôle et d’équilibre des pouvoirs.

De tels réseaux clientélistes, établis et pérennisés, où la loyauté est récompensée par l’accès aux ressources publiques ;

Les projets d’infrastructure à budget colossal deviennent le principal vecteur du système de favoritisme et du détournement de fonds publics ; l’accès illimité à des opportunités de corruption grâce au contrôle de fonds publics substantiels, en particulier ceux alloués à la lutte contre les inondations et aux routes ; et l’influence profondément enracinée sur des institutions vitales, notamment la bureaucratie, les organismes de réglementation et même le système judiciaire, permettent souvent aux personnalités politiques dynastiques corrompues d’agir en toute impunité, ce qui réduit considérablement le risque de devoir rendre des comptes.

La richesse et les ressources acquises grâce à la corruption (souvent issues de projets portant sur les infrastructures) sont ensuite utilisées pour financer des campagnes électorales dispendieuses, garantissant ainsi la survie de la dynastie et son maintien perpétuel au pouvoir.

Ce cycle garantit que la concentration de la richesse publique, le contrôle des ressources naturelles et le pouvoir politique restent entre les mains de quelques familles.

Une étude du Centre philippin pour le journalisme d’investigation (PCIJ) a montré qu’au moins 71 des 82 gouvernements provinciaux du pays (87 %) sont dirigés par des membres de dynasties politiques.

On peut citer comme exemples à Luzon les Marcos (Ilocos Norte), les Singson (Ilocos Sur), les Ortega (La Union) et les Pineda (Pampanga) ;

des dynasties telles que les Romualdez (Leyte oriental) et les Tan (île de Samar) dans les Visayas ; et Mindanao est également dominé par des familles telles que les Dimaporo (Lanao del Norte), les Adiong (Lanao del Sur) et les Mangudadatu (Maguindanao).

Le PCIJ a également dénombré 113 des 149 villes philippines qui sont dirigées par des dynasties, notamment les Dutertes (Davao) et les Binays (Makati City).

Ces familles dynastiques qui occupent des postes exécutifs dans les provinces et les villes placent également des membres de leur famille dans les organes législatifs locaux, y compris dans les élections par liste de parti.

Leur influence est encore renforcée par leurs liens familiaux étroits ou amicaux avec des entreprises qui participent à des appels d’offres publics, certaines d’entre elles possédant même des entreprises de construction. Cette forte influence est systématiquement mise à profit pour négocier des votes, des faveurs et des avantages auprès des autorités nationales.

Dans le cadre de l’enquête en cours sur le DPWH et le président philippin lui-même, les conclusions ont révélé que le DPWH et les entrepreneurs favorisés par les dynasties ont été récompensés par dl’attibution de projets d’infrastructure publics et sont également des donateurs de campagne électorale.

Malgré la promesse faite par le président lors de son quatrième discours sur l’état de la nation en juillet d’enquêter et de punir les responsables des graves défauts de construction des infrastructures révélés par les pluies torrentielles du même mois, et malgré la création d’une commission d’enquête sur les infrastructures, aucune condamnation n’avait été prononcée trois mois plus tard.

Où aller après Tino ?

À l’avenir, le plan national de relance doit être axé sur la restauration écologique démocratique et la justice climatique.

Trois mesures essentielles sont proposées ici :

Le gouvernement doit donner la priorité au reboisement massif des bassins versants des hautes terres et à la réhabilitation des forêts de mangroves côtières endommagées dans les régions touchées (et dans tout le pays), en allouant une part substantielle des fonds destinés aux calamités et à la relance à ces efforts. Cela nécessite de se départir d’une mentalité de défense du statu quo qui favorise le pillage de l’environnement et la corruption, pour adopter une approche globale, écologique et démocratique, caractérisée par la transparence et des mécanismes exempts de corruption.

• L’administration Marcos Jr. doit immédiatement pousser à l’abrogation de la loi minière en vigueur aux Philippines et déposer en priorité des propositions centrées sur la responsabilité climatique et la gestion alternative des minéraux. De telles mesures sont essentielles pour établir un système de gestion des ressources qui donne la priorité au peuple philippin et à l’environnement. Elles sont également nécessaires pour que les principaux pollueurs exploitant des combustibles fossiles soient rendus financièrement responsables des dommages climatiques, des pertes et des mesures d’adaptation essentielles dont les Philippins, parmi les plus vulnérables à l’aggravation des catastrophes, ont besoin. Si le président Marcos Jr. souhaite véritablement se démarquer de l’héritage pro-capitaliste de son père (Marcos Sr.) et de l’ancien président Duterte, détenu par la Cour pénale internationale, il doit défendre ces propositions dès maintenant. Et pour se démarquer réellement, il devrait être en première ligne pour faire adopter une loi anti-dynastie dans le pays, ce qui constituerait un bon moyen de faire montre de ses qualités d’homme d’État sur la scène internationale.

• Le gouvernement philippin doit opérer un changement fondamental vers un modèle économique et de gouvernance démocratique, souverain et respectueux du climat. Ce mandat exige que toutes les agences gouvernementales et les unités gouvernementales locales (LGU) intègrent cette perspective dans tous les aspects de la planification du développement, en reconnaissant que nos forêts, nos rivières et nos récifs sont essentiels à la survie de l’humanité. Protéger l’environnement est synonyme de protection des personnes et de tout leur environnement.

La pratique actuelle consistant à financer continuellement des initiatives inefficaces, souvent entachées de corruption, pour atténuer le changement climatique, telles que le Programme national de verdissement ou les programmes de gestion des déchets qui ne parviennent pas à lutter contre la production de plastiques polluants, ou l’échec de la mise en œuvre de ces plans magnifiquement présentés, doit être bouleversée.

Au lieu de dépenser sans compter, le gouvernement doit prendre des mesures structurelles sérieuses, telles que la mise en œuvre d’une réhabilitation et d’une restauration complètes de tous les bassins versants et de toutes les forêts, des hautes terres aux plaines et aux côtes ; la suspension immédiate des opérations et des projets qui sont en train de détruire nos forêts, nos collines, nos rivières et nos zones côtières, et leur réhabilitation ; et un appui substantiel à l’agriculture écologique, à l’industrialisation locale et à des économies démocratiques et durables.

Sans ces réformes structurelles déterminantes, la dévastation quotidienne ne fera que s’intensifier. Comme l’a dit ce matin une fillette de neuf ans devant moi, « la corruption et la destruction de l’environnement ont enrichi une poignée de personnes et ont déchiré le pays ».

Une réhabilitation dans la dignité vers une transformation démocratique

Le gouvernement, la société civile et le secteur privé doivent garantir aux victimes une participation effective à tous les processus de réhabilitation et de reconstruction. Cela implique de leur garantir des espaces de représentation, de dialogue et de prise de décision. Les victimes ne doivent en aucun cas être soumises à des programmes de réhabilitation qui les accablent de dettes ou leur imposent une obligation de gratitude pour l’aide indispensable qui leur est apportée. Exclure les victimes ne fera qu’aggraver leur douleur et leur frustration, ce qui pourrait conduire à un chaos social.

Au-delà de l’aide humanitaire immédiate, les mouvements sociaux et progressistes doivent mobiliser la large base nationale des sinistré.e.s climatiques. Cette force collective doit être rassemblée pour constituer une base politique et électorale significative aux niveaux local et national afin de véritablement promouvoir des réformes et une transformation radicale, plutôt que d’être utilisée comme source de propagande politique. Toute forme d’opportunisme capitalisant sur ces tragédies doit être dénoncée et condamnée.

L’indignation suscitée par le typhon Tino offre une occasion exceptionnelle, non seulement pour apporter une aide à court terme, mais aussi pour transformer en profondeur le modèle de développement des Philippines. Les mouvements progressistes, les organisations de la société civile et les acteurs novateurs du secteur privé doivent s’unir autour d’une plateforme qui lie indissolublement l’action climatique à la justice sociale. Cette coalition doit s’attaquer activement aux intérêts des entreprises extractives bien enracinéess qui profitent depuis longtemps de la destruction de l’environnement.

La catastrophe du typhon Tino, et d’autres avant elle, devrait constituer une condamnation sans appel de la décadence morale et politique que nourrit la culture capitaliste dominante. Cette tragédie ne doit pas être simplement enregistrée comme une statistique. Elle doit au contraire servir de catalyseur à l’avènement d’une nouvelle époque pour la conduite des affaires publiques, où la gestion écologique, la transparence et la responsabilité budgétaires, ainsi que la démocratie réelle seront indissociables.

Une véritable reconstruction ne se limite pas à la réparation des infrastructures matérielles telles que les routes ; elle doit également inclure la restauration du tissu moral et social rongé par la corruption et la négligence. On ne peut attendre cette profonde transformation de la part de l’élite dirigeante actuelle ; c’est une responsabilité et une obligation de rendre des comptes qui incombent aux forces progressistes et aux masses populaires.

Les forces démocratiques doivent poursuivre leurs mobilisations, leurs manifestations et leurs actions de masse pour obtenir des comptes sur les fonds publics détournés destinés aux dépenses d’infrastructure, et cela doit désormais englober le pillage environnemental et les circonstances aggravantes.

Ondoy, Sendong, Pablo, Odette, Yolanda, sans oublier les tremblements de terre et les autres catastrophes, doivent nous avoir appris des leçons et apporté des expériences concrètes - à la société civile, aux communautés et au gouvernement - qui nous aideront à formuler notre projet, notre orientation stratégique et nos actions. La résilience est synonyme de renforcement de ses capacités d’agir et de justice.

Les martyrs du climat et les rescapé.e.s méritent que des mesures décisives soient prises et que justice soit faite - et nous devons nous battre pour cela.

Il y a quelques semaines, le 30 septembre 2025 pour être exact, la même province (au nord de Cebu) a été secouée par un tremblement de terre de magnitude 6,9 qui a provoqué l’effondrement de bâtiments, causé des dizaines de morts, déplacé des milliers de personnes et nécessité une intervention d’urgence à grande échelle.

Mindanao, Philippines, le 8 novembre 2025, traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec l’aide de DeepLpro.

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