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Dette coloniale et Haïti : exigeons réparation de la France !

Louis-Auguste Joint

17 avril 1825 – 17 avril 2025 : bicentenaire de la dette haïtienne

La situation d’extrême pauvreté du peuple haïtien ne tombe pas du ciel. Elle vient du rejet par la puissance coloniale française de l’État mis en place le premier janvier 1804, par les ex­esclaves après leur victoire à Vertières. Cependant en 1825, la France impose encore à la jeune, nouvelle et isolée Haïti, un pacte néocolonial odieux.

Prévenir toute reconquête coloniale, et obtenir une reconnaissance internationale passe par la colossale indemnité de 150 millions de francs-or accordés aux banquiers français. On y ajoute des droits de douanes réduits, et le remboursement d’emprunts. Cette rançon signe l’étranglement du pays, enfonce Haïti dans le mal et le sous-développement, puis dans la dépendance la plus totale.

Nous soutenons clairement le juste combat pour la réparation du crime esclavagiste et impérialiste dont la dette imposée haïtienne est un aspect. Cela n’absout pas ceux de ces dirigeants haïtiens d’après 1825 qui ont trahi le combat des acteurs de la lutte indépendantiste, s’accommodant de leur rôle de pantins subordonnés aux intérêts des divers impérialismes dominants.

Ces félons et l’élite dirigeante haïtienne vont même jusqu’à largement s’accaparer différentes aides Internationales envoyées dont celles généreuses de Cuba et d’Hugo Chavez pour différentes causes (aide alimentaire, aide au développement agricole, à la formation des enseignants, aux soins de santé, séisme du 10 janvier 2010…) quand il s’agissait de soulager la misère du peuple.

Notre solidarité va au peuple haïtien, à ses organisations comme BATAVE OUVRIYÉ, SOFA (Solidaryté Famm Ayisyenn), et bien d’autres, qui construisent des mobilisations, prennent la rue pour riposter contre les attaques, dénoncent la corruption sans bornes de nombre de dirigeants, ainsi que le poids et la violence des gangs. Ceux-ci sont évidemment l’expression d’une fraction de ces élites qui veulent maintenir leur domination dans cette peur qui préoccupe l’oligarchie et la bourgeoisie haïtiennes. De ce point de vue, ce n’est nullement l’envoi de force internationale armée qui règlera, en Haïti, la crise absolue de l’ile.

Une conférence en Martinique

Jeudi 17 avril, une conférence, bien suivie, a été animée par le sociologue haïtien Louis-Auguste Joint sur la dette et la situation haïtienne. Le KMPM (Kolektif Mouvman Popilè Matinik) et l’association haïtienne Cellules en Action, l’avaient organisée le jeudi 17 avril, à l’occasion du bicentenaire de la « dette » haïtienne, en solidarité avec Haïti. Ceci se passait en parallèle avec toutes les actions réalisées ailleurs dans le monde sur le même sujet.

Car, il faut interpeller la France sur son passé colonial, et exiger d’elle réparation quant au remboursement de cette dette qui a hypothéqué, et hypothèque encore de nos jours, la situation du pays. Aujourd’hui, 200 ans après ce pacte colonial imposé en 1825, la situation de misère, d’extrême pauvreté, de délinquance, qui touche Haïti résulte de cette extorsion sans équivalent. La rançon s’élevait à 150 millions de francs-or, versée aux anciens colons (quatre fois le budget annuel de la France à l’époque), sans compter les droits de douanes et autres remboursements d’emprunts bancaires liés à cette rançon.

Après un exposé complet sur cette période historique, une série de messages d’organisations (dont celui du GRS) ont été lus, avant de donner la parole au public solidaire et acquis à la cause d’Haïti, et très exigeant quant à la réparation matérielle par la France.

Les 14 et 21 avril 2025, compilé à partir de Révolution socialiste.

 

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Le Groupe Révolution Socialiste (GRS) est la section de la IVe Internationale de Martinique.