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Pour un État laïc, démocratique et révolutionnaire, dans la Palestine historique

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Les observateurs et les analystes politiques s’accordent à dire que la récente guerre israélienne contre la bande de Gaza est la plus féroce, la plus criminelle et la plus meurtrière des guerres que le monde a connues au 21e siècle. Le samedi 15 février, le ministère de la Santé de Gaza a annoncé que le bilan de cette guerre dans la bande dévastée s’élève à 48 264 martyrs, et 111 688 blessé·es, dont plus de 40 % sont des femmes, des enfants et des personnes âgées.

On pense que sous les décombres des bâtiments détruits – la grande majorité des bâtiments de Gaza – beaucoup plus de 14 000 victimes n’ont pas encore été retrouvées. Le bilan réel de la guerre peut dépasser de loin les chiffres ci-dessus, si l’on tient compte du nombre réel de corps qui restent sous les décombres, du grand nombre de blessé·es qui n’ont pas été secouru·es, en raison de la destruction d’hôpitaux et de cliniques par les Israéliens, et du siège suffocant qui fut imposé à la bande de Gaza, en ce qui concerne tout, en particulier les médicaments et les appareils médicaux, ainsi que la nourriture, l’eau, les moyens de se chauffer, et d’autres moyens de survie, ce qui a incité la Cour internationale de justice à accepter la requête intentée par le gouvernement sud-africain contre l’État sioniste, accusé de génocide, et le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à poursuivre à la fois le Premier ministre israélien, Netanyahou, et son ancien ministre de la Défense, Yoav Galant, pour crimes de guerre et nettoyage ethnique.

Les complicités impérialistes

Ceux-ci ont été commis avec la bénédiction de nombreux gouvernements capitalistes du monde, en particulier dans l’Occident colonial, avec la participation intensive et décisive des États-Unis d’Amérique, de la manière la plus éhontée et la plus cynique, que ce soit sous l’administration démocrate, avant le 20 janvier 2025, ou sous l’actuel gouvernement républicain de Trump. La dernière manifestation en date a été la mise en œuvre par l’administration Trump d’un grand accord avec Israël précédemment gelé par le président Biden, qui comprend un grand nombre de bombes pesant, chacune, une tonne d’explosifs, ainsi que d’un soutien financier important, qui aurait atteint des dizaines de milliards de dollars. En plus du veto répété devant le Conseil de sécurité pour empêcher la cessation d’une guerre qui a duré plus d’un an et trois mois, la plus longue guerre menée par Israël depuis sa déclaration en 1948.

Plus dangereux, le président Trump a déclaré son soutien au déplacement des Gazaouis vers l’Égypte et la Jordanie, en connivence avec la politique de l’extrême droite israélienne qui rejette même la « solution des deux États », et toute restauration par le peuple palestinien de l’un de ses droits nationaux historiques, intensifiant actuellement le processus de colonisation en Cisjordanie, démolissant des villes, évacuant des habitant·es et intensifiant les meurtres et les détentions arbitraires, tout en menaçant de reprendre la guerre d’extermination à Gaza.

De plus, ces pratiques criminelles n’ont pas encore réussi à mobiliser une solidarité minimale avec le peuple palestinien parmi les régimes arabes, et des positions sérieuses contre ces pratiques et leurs auteurs, en particulier contre l’entité sioniste, avec les mesures fermes que cela implique contre elle, y compris la rupture des relations. Sans parler de couper le pétrole et le gaz à tous les pays qui soutiennent ses actes criminels.

Une guerre sans limite

Quoi qu’il en soit, ce que nous avons mentionné ci-dessus révèle pour la énième fois la réalité de l’État sioniste comme État colonial de peuplement qui représente avant tout les intérêts de l’Occident impérialiste, en particulier, et, en retour, reçoit tous les moyens de survivre, comme nous le voyons maintenant, aux dépens d’un autre peuple dont les racines dans la Palestine historique remontent à des milliers d’années.

Il est clair que cet État, en tant qu’État de colonisation, d’expansion, de déplacement et de mépris de toutes les lois internationales, considère que sa survie ne peut être assurée que par les guerres qui se poursuivent depuis sa constitution, laissant d’innombrables victimes, toutes sortes de destructions, de souffrances, de misères, et toutes les violations honteuses de la dignité humaine, depuis la guerre de 1948, qui a conduit, entre autres, au déplacement de la plupart des habitants d’origine de la Palestine, à la guerre de 1956 contre l’Égypte et la bande de Gaza, à la guerre de 1967 contre l’Égypte, la Syrie et la Jordanie, jusqu’à l’invasion du Liban en 1982, et la guerre au Liban, à nouveau, en 2006. Sans parler des nombreuses guerres contre Gaza, depuis 2008, jusqu’à la dernière, contre Gaza et le Liban, et la destruction massive de villages et de villes qui l’a accompagnée, ainsi que le refus de mettre fin à l’occupation, de la part de cet État, qu’il s’agisse de Gaza ou de nombreux sites à l’intérieur du sud du Liban, en plus de l’occupation de plus de cinq cents kilomètres carrés du territoire syrien !

Cela s’ajoute inévitablement aux raids aériens contre l’Iran et aux menaces de guerre contre lui, sous prétexte de l’empêcher d’acquérir des armes nucléaires, ce qui laisse présager un mal extrême, si l’on tient compte de la possession par Israël de plus de deux cents ogives nucléaires, ainsi que d’autres armes de destruction massive, et de sa préparation, comme cela est révélé par ces guerres, à atteindre l’étendue maximale de destruction et d’anéantissement, dans son effort, selon ses prétentions, pour se défendre ! Cela révèle de réels dangers, dans la suite de ses actions et de ses rêves expansionnistes criminels, de guerres qui pourraient se transformer en utilisation d’armes nucléaires, et mettre le monde entier au bord d’une catastrophe finale !

Pour une contre offensive

Pour cette raison, et alors que nous exprimons, avec la Quatrième Internationale, notre préoccupation du droit des peuples à la liberté, à la dignité, à l’égalité et à la souveraineté, et du droit de celleux qui souffrent d’une injustice de longue date, basée sur le déplacement forcé, l’extermination et diverses formes d’oppression et de répression, de se déterminer librement, nous réalisons que les régimes arabes – qui pratiquent la tyrannie et l’exploitation extrêmes contre leurs propres peuples, inclinent la tête avec beaucoup d’humiliation et de soumission, devant les gouvernements impérialistes et les sociétés capitalistes mondiales, et n’ont aucun scrupule à fermer les yeux sur les actions honteuses et scélérates de l’agresseur sioniste, et à se précipiter pour conclure des accords de normalisation avec lui – devront tôt ou tard rendre des comptes à leurs peuples, comme l’ont confirmé les soulèvements de ces derniers menés au cours des deux dernières décennies, pour des raisons de justice économique et sociale. Ceux-ci seront peut-être bientôt renouvelés, mais cette fois-ci combinés avec la lutte pour la dignité nationale. Et tout en accueillant avec beaucoup d’admiration et d’optimisme les mouvements pleins de générosité et de sentiments humanitaires contre Israël et en solidarité avec le peuple palestinien, et en se rappelant avec fierté de la position ferme de la Quatrième Internationale en 1947, contre la résolution de partition, nous appelons à une coordination et à une mobilisation intensives avec toutes les forces, organisations et individus, dans nos pays et dans le monde entier, avec lesquels il serait possible de nous accorder, pour la lutte commune pour les revendications suivantes :

1. Accélérer l’adoption par la Cour internationale de justice d’une décision considérant la guerre israélienne contre Gaza comme génocidaire, inviter les Nations unies à se réunir sur la base de la Résolution « Union pour le maintien de la paix », et s’efforcer d’imposer les sanctions nécessaires à l’entité sioniste, y compris la rupture de toutes les relations diplomatiques ou économiques avec elle, au niveau mondial, le retrait de la reconnaissance par l’ONU de l’État sioniste, et la considération de n’importe quelle fourniture d’armes à cet État comme un crime contre l’humanité. De même, faire en sorte que la Cour pénale internationale prenne la décision de considérer tous les ministres du gouvernement de Netanyahou et tous les officiers supérieurs de son armée qui auraient participé à la décision ou à la mise en œuvre de cette guerre, comme des criminels de guerre qui doivent être poursuivis, dans tous les pays qu’ils traversent ou dans lesquels ils se rendent.

2. Faire pression pour que l’Assemblée générale, toujours sur la base de la Résolution « Union pour le maintien de la paix », qui a été adoptée à plus d’une occasion, notamment lors de la guerre de Corée en 1950 et de la guerre du canal de Suez en 1956, décide de confisquer les armes nucléaires dont dispose l’État sioniste, ainsi que toutes les armes de destruction massive qu’il possède.

3. Démanteler l’État sioniste, en tant qu’« État pour les Juifs », et établir à sa place un État démocratique, laïc, et révolutionnaire, permettant à toutes et tous les Palestinien·nes dispersé·es en dehors de leur patrie d’origine d’y retourner, s’ils le souhaitent, et de jouir avec tous les habitant·es actuels de la Palestine historique, qu’ils soient juifs ou arabes, de droits égaux, sur la base de la pleine citoyenneté, « et cela exige que les Juifs de l’État d’Israël actuel rejettent le sionisme, et participent à une révolution arabe, porteuse d’une dynamique démocratique, laïque et socialiste »

Février 2025