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Trump le «pacificateur» comme Hitler le «chancelier de la paix»!

par Yorgos Mitralias
Sonia Mitralia

Friedenskanzler, c’est-à-dire Chancelier de la paix. Si on vous dit que c’est comme ça que qu’on appelait …Hitler avant que celui-ci déclenche la Seconde Guerre mondiale, vous n’en croirez pas vos oreilles. Et pourtant, c’est la vérité car l’image d’un Hitler «pacifiste» n’était pas cultivée seulement par ses acolytes mais aussi par tous ces Europeens -et ils étaient la majorité- qui aimaient prendre pour argent comptant ses professions de foi en faveur de la paix, car pensant que, tout compte fait, «Hitler était mieux que les communistes ou le Front Populaire».

Cela se passait il y a presque un siècle avant qu’un ami et propagandiste des actuels nostalgiques de ce même Friedenskanzler d’antan, (comme le sont le AFD allemand, les Fratelli d’Italia de Mme Meloni, Le Vox espagnol de M. Abascal, les fidèles de M. Zemmour et accessoirement de Mme Le Pen, et tant d’autres) se présente aussi comme un «pacificateur» qui n’a qu’une ambition : mettre fin aux guerres en Palestine et en Ukraine! Évidemment, ce nouveau Friedenskanzler est Donald Trump, bien que ce même Donald Trump proclame haut et fort qu’il a l’intention de prendre possession, «par tous les moyens», du Canada, du Panama, du Groenland, de Gaza et qui sait de quel autre endroit du monde. Et ceux qui le présentent comme tel sont tous ceux qui ont intérêt à ce que les guerres en Ukraine et en Palestine se terminent le plus vite possible selon les termes de Donald Trump et de son second (?) Elon Musk: par le triomphe des génocidaires Poutine et Netanyahou et l’extermination ou le nettoyage ethnique des Ukrainiens et des Palestiniens!

En somme, l’histoire ne se répète pas toujours comme une farce. Et l’affinité du présent avec les -pas si lointaines- années ‘30 devient évidente quand par exemple il suffit de remplacer l’Ukraine sacrifiée de 2025 par la Tchécoslovaquie sacrifiée de 1938 pour réaliser que puisque pratiquement rien n’a changé, on pourrait très bien s’attendre à une pareille suite tragique des évènements…

D’ailleurs, cette affinité, sinon filiation de ces deux prétendus «pacificateurs», crève parfois les yeux. Comme quand M. Trump pense «résoudre» la question moyen-orientale en prenant possession de Gaza et en chassant ses habitants Palestiniens vers une destination plus ou moins «exotique» et farfelue. Si ce plan pour le moins extravagant du président américain vous rappelle un non moins extravagant plan du régime nazi, vous avec tout à fait raison: il s’agit du «plan Madagascar» qui ambitionnait de «résoudre» la «question juive» en vidant l’Europe de ses 11-12 millions de Juifs, lesquels seraient transportés de force à Madagascar transformé en un gigantesque ghetto! Si ce plan monstrueux n’a jamais été mis en application, cela est dû uniquement au fait que la Grande Bretagne n’a pas été défaite par les nazis, et que sa flotte a continué à interdire l’accès de Madagascar. Cependant, son souvenir reste toujours vivace chez les dirigeants de l’AFD néonazi, tant admirés par Elon Musk et le vice-président des Etats-Unis J. D. Vance, et a refait surface durant leur réunion «secrète» avec leurs amis Autrichiens à Potsdam fin novembre passé, en tant que référence et précèdent «idéologique» de leur intention actuelle de chasser les millions de migrants et autres citoyens allemands descendants de migrants vers un «Madagascar» du 21e siècle!

Alors, à l’opposé de ce que prétendent nos gouvernants, nos médias et leurs «analystes», Trump et Musk n’improvisent pas du tout quand ils nous «surprennent» jour après jour avec leurs déclarations, leurs actes et même leurs gestes (p.ex. le double salut nazi de Musk). En réalité, il suffit de connaitre un peu ce qu’ont dit et ont fait les dirigeants nazis, pour comprendre que Trump et Musk suivent ou même copient leur exemple. C’est ainsi que Trump copie le tristement célèbre besoin d’«espace vital» (Lebensraum) du Troisième Reich, quand il déclare que la population israélienne se trouve à l’étroit dans l’actuel État d’Israël, et c’est pourquoi il consent à l’annexion par Israël de la Cisjordanie et qui sait de quelles autres régions du Moyen Orient sur lesquelles Netanyahou et ses amis prétendent avoir un… «droit biblique»!

Mais, quel besoin a-t-on de ces exemples en guise de preuves de leur néofascisme, quand Trump, Musk, Vance et Milei font vraiment tout et devant les yeux de tout le monde, pour nous persuader, au-delà de tout doute, qu’ils se revendiquent du nazisme et qu’ils œuvrent pour unifier sous leur direction tout ce qu’il y a de vermine nostalgique du fascisme et du nazisme de par le monde ? D’ailleurs, n’est-il pas le second de Trump, cet inénarrable J.D. Vance qui a fait l’éloge des nostalgiques de Hitler et Mussolini devant la fine fleur des gouvernants européens réprimandés par lui pour ce qu’il leur reste d’antifascisme, avant qu’il rencontre en privé son amie, la leader de l’AFD néofasciste seulement quelques jours avant les élections allemandes? Que faut-il de plus pour qu’on arrête tant à droite qu’à gauche, de décrire Trump et même Musk comme… «populistes», et de qualifier leurs affinités électives avec les nazis de simples… «provocations» et d’actions «controversées»?

Ça va de soi que ce penchant prononcé de Trump, Musk, Vance ou Milei pour la violence brute et pour tout ce qui rappelle le nazisme ou le fascisme triomphant, n’aurait qu’un intérêt moyen s’il ne mettait pas en péril la vie des millions de gens, l’existence des pays entiers et la paix dans le monde. En effet, ce qui caractérise le «pacificateur» Trump est que sa paix ressemble comme deux gouttes d’eau à la paix des cimetières. Une paix faite sans et contre les victimes de la guerre tant en Ukraine qu’en Palestine. Une paix qui rappelle celle annoncée par Hitler quand il «unifiait» et «pacifiait pour toujours» l’Europe conquise par sa Wehrmacht et soumise par sa Gestapo et ses SS. Une pseudo-paix qui donnera des ailes aux bourreaux et conduira inévitablement à une conflagration et un bain de sang encore plus générales…

Quant à nous, nous n’avons rien à ajouter à ce que nous écrivions en juin 2022, quand nous dénoncions déjà nos gouvernants qui «ont le culot de commencer à discuter entre eux quelle partie de l’Ukraine ils pourraient céder, ces impérialistes occidentaux (!), à Poutine, dans le dos des Ukrainiens et de leur gouvernement ! Et nous concluions avec ces mots: «Bien que nous ayons ici un cas carabiné de l’interventionnisme et du paternalisme impérialiste le plus scandaleux, il y a peu de gens de gauche qui osent faire ce qui va de soi, à savoir le dénoncer publiquement, comme il le mérite. Et malheureusement, sont encore moins nombreux ceux qui osent soutenir le droit encore plus évident et élémentaire des Ukrainiens - qu’ils défendent bec et ongles - de se battre jusqu’au bout et par tous les moyens contre les envahisseurs russes, en décidant eux-mêmes librement et démocratiquement, et sans aucune ingérence étrangère hostile ou «amicale», de l’avenir de leur pays et des personnes qui y vivent!»1

 

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Auteur·es

Yorgos Mitralias

Yorgos Mitralias, journaliste retraité, ancien militant de la section grecque de la IVe Internationale et de Syriza, un des fondateurs et animateurs du Comité grec contre la dette, membre du réseau international CADTM, a animé le site EuropeansForBerniesMassMovement qui fournissait, surtout en anglais et en grec, des informations quotidiennes sur les actions des mouvements sociaux et de la gauche étatsunienne.