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Un nid-de-poule au milieu de la route ou le chemin des démocrates vers la défaite

par Kim Moody
Le 15 juillet, des représentantes démocrates s'expriment sur les attaques du président Trump contre elles. JLM Lo Scalfo EPA-FEE

Les Démocrates croyaient rouler sur une route tranquille vers la victoire, sans voir les écueils, et c’est ainsi qu’ils ont ouvert à Donald Trump et à la droite politique les portes de la Maison Blanche, du Sénat et de la Chambre des Représentants.

Si l’on s’en tient aux pourcentages, les Républicains ont obtenu un soutien majoritaire dans presque toutes les zones géographiques et dans de nombreuses catégories démographiques : urbaines, suburbaines, métropoles de taille moyenne, petites villes et zones rurales, blanc·hes sans diplôme universitaire, hommes, les 18-29 ans, hommes noirs et latinos, et personnes qui gagnent moins de 50 000 dollars par an.

Les Démocrates ont conservé leur majorité parmi les femmes (54 %), les diplômés (54 %), les personnes qui gagnent entre 100 000 et 199 000 dollars et ils ont obtenu 51 % chez celles qui gagnent 200 000 dollars et plus, relevant à nouveau le revenu moyen des électeur·trices démocrates. Ils ont néanmoins perdu la majorité dans les banlieues, qui étaient le cœur de leur stratégie électorale, où le vote en leur faveur est passé de 54 % en 2020 à 48 % cette année 1.

Il ne s’agit pourtant pas d’un raz-de-marée pour Trump et les Républicains, mais plutôt d’une défaite des Démocrates. Trump a seulement gagné un peu plus de 3 millions de voix par rapport à 2020, soit un gain de moins de 2 %, à comparer à la chute de 8 % pour Harris. Trump a dépassé Harris de 2,8 millions de voix sur plus de 155 millions de votant·es, soit à nouveau moins de 2 %. Le secret de son succès repose en réalité sur la perte par les Démocrates de plus de 6 millions de voix par rapport à 2020, alors même que le nombre d’électeur·trices inscrit·es a augmenté de 4 millions. Ce qui signifie que Kamala Harris a remporté 75,1 millions de suffrages en 2024, à comparer aux 81,3 millions de voix pour Joe Biden quatre ans plus tôt. Si les Démocrates avaient conservé ne serait-ce que la moitié de ces électeur·trices perdu·es, Harris aurait au moins remporté le vote en voix et très vraisemblablement assez d’États charnières pour accéder à la Maison Blanche.

L’ampleur de la perte de suffrages par les Démocrates est stupéfiante

L’équipe Harris/Walz a perdu les 7 États charnières qui ont conduit Trump à la Maison Blanche. En comparaison avec 2020, les suffrages recueillis par les Démocrates ont diminué dans 37 des 47 États où le dépouillement est terminé à l’heure où cet article est écrit.

Dans 24 de ces États, les Démocrates ont perdu plus de suffrages que les Républicains n’en ont gagnés. En Pennsylvanie, les Démocrates ont perdu 145 036 suffrages alors que Trump n’en a gagné que 133 602. Dans le Michigan, la chute est de 61 000 suffrages dans le Comté de Wayne – une place forte habituelle des Démocrates, avec Detroit (population en majorité noire) et Dearborn (importante population arabe) –, ce qui représente la majorité des 80 000 suffrages démocrates perdus dans l’État, ainsi perdu par Harris. Dans le cas de Dearborn, c’est le soutien inébranlable de l’Administration Biden à la guerre génocidaire d’Israël à Gaza qui a coûté à Harris des milliers de suffrages arabes-américains.

L’effondrement du soutien aux Démocrates est souligné par la diminution des suffrages en faveur des Démocrates dans 81 % de l’ensemble des comtés des États-Unis. Même dans l’État de New York, jusque-là un État « bleu », les Démocrates ont perdu 831 252 voix par rapport à 2020, alors que Trump n’en a gagné que 219 000. Le pourcentage de suffrages démocrates est passé de 60,9 % (en 2020) à 55,9 % (en 2024). Ce pourcentage a également chuté à New York City où Alexandria Ocasio-Cortez (AOC) a dû constater que dans sa propre circonscription le pourcentage de voix pour Trump était passé de 22 % en 2020 à 33 % cette année, une partie de ses propres électeur·trices ayant voté pour Trump 2.

Au niveau national, le vote noir en faveur des Démocrates a continué à diminuer à 86 ou 87 % cette année alors qu’il atteignait 95 % en 2012. Mais le plus grand choc a sans doute été la chute du vote latino pour les Démocrates qui est passé de 65 à 53 %, alors qu’il était de 69 % en 2012.

La participation des Noirs et des Latinos a également diminué en proportion de l’ensemble des électeur·trices. En dépit du caractère central du thème du droit à l’avortement dans la campagne Harris/Walz, le pourcentage des femmes qui ont voté démocrate est tombé de 57 % en 2020 à 53 % cette année.

Les Démocrates ont même réussi à faire mentir l’une des lois fondamentales des élections américaines : neuf fois sur dix, le candidat qui dépense le plus l’emporte. Lors du cycle électoral 2023-2024, Harris a battu des records en matière de collecte de fonds, sa campagne ayant coûté 1 167 194 124 dollars contre 622 633 035 dollars pour celle de Trump, alors que, selon le site OpenSecrets.org, les financements externes 3 républicains ont à peine surpassé ceux des Démocrates : 975 826 757 dollars contre 843 053 718. Oui, avec 15 901 068 285 dollars – les décomptes ne sont pas encore achevés – cette élection a été encore plus coûteuse que celle de 2020, qui battait déjà des records.

Avec un électorat polarisé comme aujourd’hui et un avenir menaçant, on voit bien qu’il faut plus que des dollars pour attirer les gens vers les urnes quand les candidats ne parlent pas de ce que les gens ressentent.

Le parti du statu quo

Le racisme et le sexisme ont clairement travaillé contre Harris, par la nature même de la campagne de Trump. Et il ne fait aucun doute que certains Démocrates ne voulaient pas d’une femme noire à la Maison Blanche. Cependant, étant donné l’ampleur des votes passés pour Obama ou Hillary Clinton au sein des secteurs démocrates traditionnels – les deux ayant remporté une majorité du vote populaire – il est peu probable que les problématiques de race et de genre suffisent à expliquer l’ampleur de la baisse de la participation des électeur·trices démocrates.

Le message économique de la campagne démocrate, pour autant qu’il y en ait eu un, est resté carrément au centre, en défense du statu quo, consistant essentiellement en soutien au bilan de Biden. Les sondages « sortie des urnes » nous apprennent qu’une large majorité des électeur·trices démocrates approuvent les résultats économiques de Biden, mais le sondage n’était pas représentatif, ceux qui ont répondu au sondage faisaient partie des électeur·trices les plus aisé·es (voir plus loin). Et parmi l’ensemble des électeur·trices, 67 % ont qualifié l’état de l’économie nationale de « pas très bon / mauvais ».

Conformément à une tendance de long terme, les Démocrates font mieux parmi ceux qui gagnent le plus, mais pas assez pour remporter globalement les banlieues (résidentielles). Ce sont essentiellement des travailleur·ses et des gens aux revenus moyens qui ont déserté ce qui était autrefois le « parti du peuple », soit en votant Républicain soit, plus souvent cette année, en omettant de poster leur vote par correspondance, soit en restant à la maison le jour du scrutin.

Alors qu’en 2020 Biden a dominé Trump, par 57 % contre 42 %, chez les électeur·trices qui gagnent entre 50 000 et 99 999 dollars, ce qui englobe la majorité de la classe ouvrière en activité, en 2024 Harris a perdu dans cette catégorie par 47 % contre 49 %, une chute de 10 points pour un gain de 7 points en faveur de Trump. En outre, la participation de cette catégorie aux revenus moyens est passée de 39 % du total des votants en 2020 à 32 % en 2024.

La fuite des classes populaires

Cela explique en grande partie la chute du nombre de votants pour les Démocrates : principalement les ouvrier·es et les travailleur·ses aux revenus moyens, quelle que soit leur race ou origine. Étant donné que les propriétaires de petites entreprises (qui se retrouvent également dans cette tranche de revenus) votent de manière disproportionnée en faveur des Républicains, cela signifie que la majorité des électeur·trices qui ont fait défaut aux Démocrates étaient des ouvrier·es démocrates.

Ce constat est renforcé cette année par la chute du nombre de suffrages des ménages démocrates (de 56 à 54 %) et la diminution de ceux-ci en proportion du nombre total des votants (de 20 à 19 %). Dans l’ensemble, l’électorat et la base électorale du vote démocrate étaient plus blancs et plus prospères en 2024, puisque ceux qui ont un revenu supérieur à 100 000 dollars – une catégorie où les Démocrates ont remporté la majorité – sont passés de 26 % du total des votants en 2020 à un impressionnant pourcentage de 40 % en 2024, selon les sondages « sortie des urnes » de CNN. Il est clair qu’il y a eu une désertion massive, par protestation ou dégoût, des travailleur·ses du pays qui connaissent des difficultés économiques, plutôt qu’une ruée vers la droite.

Le message modéré de la campagne de Harris et ses efforts pour justifier la politique économique de Biden auprès de la classe ouvrière ont totalement échoué. Ils sont entrés dans la compétition comme le parti du statu quo alors que beaucoup d’électeurs potentiels étaient en colère et voulaient du « changement », en particulier pour ce qui concerne le coût de la vie. Cette préoccupation était déjà visible dans l’enquête publiée par Pew Research en septembre 2023 qui indiquait que les opinions favorables au Parti démocrate étaient passées de 60 % au début des années 2000 à 37 % en 2023, alors que les opinions défavorables étaient montées à 60,3 % 4.

En effet, seulement 33 % des électeur·trices enregistré·es s’identifiaient comme Démocrates en 2023 alors qu’ils étaient entre 37 et 40 % une décennie plus tôt 5. Les discours de Biden remplis de « bonnes vibrations » et son programme de grandes dépenses étaient inaudibles parce qu’ils ne correspondaient pas aux préoccupations de la classe ouvrière (voir plus bas). Le message « sombre » de Trump présentant une nation en difficulté a davantage résonné, et pour une raison simple : la progression de l’inflation a certes ralenti, mais cela n’a pas compensé l’augmentation du coût de la vie accumulée pendant les quatre dernières années, particulièrement pour ce qui compte beaucoup pour les gens aux revenus faibles et moyens, la nourriture, l’essence, les loyers, etc. En réalité, les revenus hebdomadaires des salarié·es qui travaillent dans la production et n’exercent pas des fonctions d’encadrement ont stagné depuis 2022 6.

L’héritage du néolibéralisme du Parti démocrate

Plus fondamentalement, et les politiciens démocrates refusent encore plus de le voir, il y a un glissement tectonique dans la vie de ces travailleur·ses qui fabriquent et transforment la production matérielle de la nation. Ce glissement s’est accompagné de la transformation du Parti démocrate d’un parti défendant au moins des réformes modestes, durant le bouleversement de l’ère des droits civiques, à celui d’un parti de l’austérité néolibérale, de Carter à Obama. Au cours de ces années, les Démocrates ont consciemment pris leurs distances avec les syndicats, mis à l’ordre du jour la réforme des lois sur le travail, coupé quasiment toutes les aides aux municipalités, tout en promouvant le libre-échange, la dérégulation, la réforme de l’État-providence, l’incarcération de masse, etc.

Aux États-Unis, le néolibéralisme a été annoncé par la « politique économique de l’offre » et la dérégulation des transports sous Carter, avant même la « Révolution Reagan ». Les politiques néolibérales qui ont miné les conditions d’existence de la classe ouvrière ont été conçues et mise en œuvre par les think tanks du Parti Démocrate, ses dirigeants et ses politiciens qui ont régné pendant 20 des 32 années qui ont suivi la période de domination républicaine reaganienne.

C’est une longue période déclenchée par la crise de stagflation 7 des années 70 qui, aux États-Unis, a été caractérisée d’un côté par la montée simultanée et combinée de la mondialisation (mouvement des investissements directs vers l’étranger et libre-échange), dérégulation, désindustrialisation et déclin du mouvement syndical et, de l’autre côté, par l’organisation politique du grand capital au sein de la Business Roundtable8, l’essor des comités d’action politique (PAC) d’entreprise et de l’influence de l’argent des grandes fortunes dans le cadre électoral et la refonte du Parti démocrate.

Ce dernier changement représente non seulement une rupture avec l’ancienne coalition électorale du New Deal, composée de libéraux du Nord, de syndicats, de political machines 9 et de ségrégationnistes du Sud, mais également la transformation de certains niveaux des political machines, des clubs locaux du parti, des syndicats et des comités de comté en coquilles vides fortement hiérarchisées et dominées par des institutions de plus en plus riches et professionnalisées (DNC, DCCC, DSCC, caucus du Parti, partis professionnalisés au niveau des États, réseaux de donateurs, consultant·es).

Cette hiérarchie de pouvoirs et d’argent organisés qu’est aujourd’hui le Parti Démocrate flotte bien au-dessus d’un électorat désorganisé et, dans ce parti structuré du haut vers le bas, elle est toujours plus dépendante des milieux d’affaires et des riches donateurs. Que l’on parle de réalignement, de désalignement ou d’un mauvais alignement, la base électorale du parti est un patchwork changeant et incompatible de fractions de classes de plus en plus prospères. Diverses fractions du capital fournissent un ciment financier sélectif, à chaque cycle électoral, à ce regroupement sans cohérence organisationnelle.

Pour la majorité de la classe ouvrière, la période néolibérale a été une catastrophe

Le processus de désindustrialisation de la « ceinture de rouille » 10, de la Pennsylvanie jusqu’au Middle West, a été largement documenté depuis que Bluestone et Harrison ont écrit La désindustrialisation de l’Amérique en 1982 11. La vague actuelle des dirigeants démocrates ne semble toutefois pas en avoir pris conscience, à l’exception de Chuck Schumer qui affirmait que « pour chaque col bleu démocrate que nous perdons en Pennsylvanie occidentale, nous allons récupérer deux républicains modérés dans les banlieues de Philadelphie ». Pas tout à fait, Chuck !

L’attention sur les conséquences de la désindustrialisation s’est souvent portée sur le sort des ouvrier·es blanc·hes des mines, des aciéries et des villes industrielles de la « ceinture de rouille », qui sont devenus les célèbres « démocrates de Reagan ». Le fait est que ce changement industriel bien connu a frappé les ouvrier·es noir·es tout autant, voire plus durement, dans les centres industriels dévastés des centres urbains tels que Detroit, Flint, Gary, Chicago, Pittsburgh et Saint-Louis, et dans de nombreuses villes plus petites.

Cependant, pour ces travailleur·ses « de couleur », devenir des « démocrates de Reagan » était impensable. Il a fallu le discours radical et protectionniste de Trump pour qu’un nombre significatif d’entre eux passent du camp démocrate à celui des Républicains, tandis que bien d’autres rejoignaient les 40 % et plus des électeur·trices qui ne votent pas.

Partout où le trio des politiques néolibérales de la « Troisième voie », des dynamiques de la mondialisation et de la désindustrialisation ont frappé, elles ont bouleversé et sapé des communautés ouvrières vieilles de plusieurs décennies, des cultures et des idées de solidarité fondées sur les syndicats qui avaient conduit ces communautés à continuer à voter démocrate. Une étude récente des villes de l’acier de Pennsylvanie par Lainey Newman et Theda Skocpol montre comment le déclin des organisations de la classe ouvrière, à commencer par les syndicats, a conduit les travailleur·ses blanc·hes à se tourner vers la droite à mesure que les communautés s’érodaient, que les syndicats déclinaient et que cette vieille culture était sapée 12.

L’expérience du déclassement

La génération arrivée après les pertes d’emploi des ouvriers de l’industrie a été reléguée dans des emplois du secteur des services, sans syndicats, parfois précaires ou en sous-traitance, toujours mal payés. Ce n’est que récemment que l’on a constaté un début d’organisation dans ces emplois et la reconstruction d’une culture de solidarité prendra du temps.

Ce n’est pas seulement que les « bons emplois » ont disparu et que les salaires stagnent. Comme le montre une étude réalisée par le New York Times, une partie considérable de la main-d’œuvre américaine en activité a vu son revenu tomber en dessous de la moyenne globale alors qu’ils étaient des millions à la dépasser. Les revenus relatifs des ouvriers de la production ont chuté particulièrement vite dans le Sud-Est et sont tombés en dessous de la moyenne nationale dans le Midwest, deux régions clés des partisans de Trump et de l’abstention lors de la dernière élection, à la suite de la grande récession des années 2008-2010 13.

Les victimes de ce déclassement ne connaissent peut-être pas les statistiques, mais elles ont pu le constater concrètement, en ressentir les effets et l’interpréter, pas tout à fait à tort, comme un mépris de la part des élites du Parti Démocrate. Ce bouleversement, bien souvent négligé, du bien-être et du statut économique, qui s’est produit largement au cours des mandats démocrates, est certainement l’une des raisons pour lesquelles beaucoup de travailleur·ses blancs ont baissé les bras ou sont devenus Républicain·es, et pour lesquelles de plus en plus de travailleur·ses noirs ou latinos n’ont pas voté pour Harris le 5 novembre. Ce ne sont pas les travailleur·ses qui ont abandonné le Parti démocrate, mais ce parti qui les a rejeté·es, depuis des décennies.

Le néolibéralisme s’effondre et les démocrates n’ont que des vieilles solutions

L’administration Biden et les 117e et 118e sessions du Congrès (2021-2023 et 2023-2025) ont subi de plein fouet la crise de l’ordre néolibéral et ont été confrontées à la tâche de régénérer une économie en transition vers une nouvelle phase, largement inconnue, du capitalisme globalisé. Une phase aggravée par la pandémie mondiale et une intensification du changement climatique.

Les Démocrates ont naturellement appelé l’État à l’aide, parce que c’est leur terrain et qu’il n’y avait rien d’autre vers quoi se tourner. Mais plutôt qu’augmenter le salaire minimum, construire des logements bon marché, généraliser le système de santé gratuite, faire adopter le PRO Act et financer suffisamment le NLRB 14, imposer les richesses et les revenus excessifs, pérenniser les indemnités individuelles pour le Covid initiées par Trump, ou satisfaire d’autres exigences populaires, ils ont obéi aux ordres de ceux qui les financent et à leur propre confiance dans le système pour sauver le capitalisme étatsunien en rémunérant le capital et en protégeant les actifs privés, ce qu’aucun mouvement social ni aucun secteur de l’opinion publique n’avait réclamé.

Confrontés à une période de faibles investissements et de volatilité du taux de profit, les experts et les politiciens démocrates ont fouillé dans les débats des think tanks des années 1980 et 1990 et en ont déterré les « politiques industrielles ». Dans ces « politiques industrielles », le gouvernement choisit « des gagnants et des perdants » pour favoriser la croissance des secteurs stratégiques ou compétitifs en les rendant rentables aux frais de l’État. Reagan avait bien mis en place une commission pour étudier les « politiques industrielles », mais il en avait ignoré les recommandations 15. Bill Clinton avait brièvement flirté avec les « politiques industrielles » avant de mener la charge néolibérale 16.

Les « politiques industrielles »

Pour certains à gauche, les « politiques industrielles » constituent une approche progressiste, voire social-démocrate. Mais cela n’a jamais été qu’un moyen encourageant, d’en haut, le capital à investir là où les dirigeants l’estimaient nécessaire, grâce aux fonds publics. Alors qu’il y avait théoriquement des conditions pour obtenir ces financements, en réalité ils étaient versés sans menacer ni restreindre les droits de la direction, les dividendes des investisseurs ou le caractère sacré de la propriété privée.

Les quelque deux mille milliards d’allègements fiscaux, subventions, prêts et autres incitations qui sont au cœur des trois principales lois de Biden – CHIPS 17, Infrastructure, Inflation Reduction –, étalés sur 10 ans, créeront peut-être des emplois si les employeurs mordent à l’hameçon. Mais il est rarement exigé des conditions spécifiques pour ceux qui obtiendront ces emplois.

De plus, comme le note une analyse du décret Inflation Reduction par American Prospect : « il reste des défis à relever pour garantir que les fonds ne soient pas détournés par des intermédiaires… » 18. Mais, étant donné l’utilisation massive de la sous-traitance dans la production et la construction, c’est quasiment inévitable. De manière ironique, en dépit du nom de « Réduction de l’inflation » du décret, le flux d’argent public – sans contrôle des prix – vers les énergies non-fossiles a en réalité gonflé le prix des énergies renouvelables 19.

En outre, cette version des « politiques industrielles » a été conçue et présentée avec comme justification la sécurité nationale et la compétition internationale, et non la défense de la classe ouvrière face à la crise. Les mesures de relance des « politiques industrielles » ne sont donc guère plus qu’une aide au capital dans un monde en crise, avec un effet de ruissellement supposé sur l’emploi, étalé dans le temps et largement invisible pour les masses.

Parler au peuple ou lui tourner le dos

De son côté, Trump a décrit un pays qui fait face à de multiples problèmes et a promis des solutions très visibles et rapidement mises en œuvre : des barrières douanières, des murs aux frontières, l’expulsion des immigré·es ; autant d’actions concrètes qui promettent de ramener les emplois et qui, pour beaucoup de gens, semblent répondre de façon instantanée aux problèmes auxquels leurs communautés et eux-mêmes sont confrontés.

Il ne fait aucun doute que le racisme sous-jacent a renforcé ce point de vue, mais il a été de plus en plus repris par les travailleur·ses noir·es et latinos dont les communautés ont encore plus subi le néolibéralisme des Démocrates. Ce tournant vers des solutions réactionnaires et racistes est la conséquence et la responsabilité de la direction des Démocrates et de l’incapacité des institutions à offrir des solutions tangibles et progressistes.

Les Démocrates ont refusé d’entendre l’opinion publique et les revendications des mouvements sociaux, ils ont ignoré les appels de la gauche à mener une campagne « populiste » à la Bernie Sanders – attaquer les directions des multinationales ; réellement imposer les riches ; mettre en œuvre le PRO Act ; augmenter le salaire minimum ; mettre en place l’aide médicale pour tous ; contrôler les loyers, etc.

Certains petits candidats développent régulièrement un langage « populiste » contre les multinationales pendant les campagnes électorales, ça a été le cas cette année. Mais la direction actuelle du Parti Démocrate, ses sphères dirigeantes, ses institutions et la grande majorité de ses élu·es et de ses candidat·es ne peuvent pas menacer de mordre la main de leurs riches et puissants bienfaiteurs en imposant de lourds impôts et des augmentations de salaires. Et encore moins présenter un candidat socialiste, même un réformiste comme Bernie, à l’élection présidentielle.

De même qu’ils ne peuvent menacer d’imposer sérieusement ces mêmes employeurs à qui leurs « politiques industrielles » et leurs programmes climatiques ont offert des milliards de dollars en baisses d’impôts, incitations financières et subventions. Ils mènent une campagne centriste parce que, aussi « à gauche » qu’ils paraissent sur certaines questions sociales, eux et leurs mécènes se situent au mieux au centre de l’échiquier politique, par conviction comme par nécessité financière : la nécessité de maintenir en place les structures de pouvoir dans le parti, de financer leurs campagnes – maintenir ce système qui les fait vivre, avec un système électoral entièrement dominé par l’argent.

Et maintenant, quel avenir pour la gauche ?

Comme le parti lui-même, l’effort pour construire au sein du Parti Démocrate une gauche authentiquement progressiste en renversant la direction en place et en poussant le parti dans une direction progressiste a perdu de son élan, et s’est arrêté en 2024. La stratégie de transformation du parti en présentant des candidats aux primaires contre des Démocrates modéré·es a commencé avec la tentative de Bernie Sanders en 2016 pour l’investiture présidentielle. Elle s’est accélérée en 2018 avec l’élection de la « squad » à la Chambre des représentants 20 et l’émergence de Démocrates pour la Justice et de Notre Révolution 21, qui ont dynamisé la contestation à gauche pendant les primaires. Mais cette dynamique a déraillé.

En 2022 Sanders, Notre Révolution et Démocrates pour la Justice ont soutenu 23 candidat·es à la Chambre des Représentants. Sur les 15 qui concouraient pour des sièges où le sortant ne se représentait pas, neuf l’ont emporté ; mais une seule l’a emporté parmi les 8 qui concouraient contre des sortants modérés. Celle-ci, Jamie McLeod Skinner, a perdu lors du véritable scrutin. Au total, en 2022, les progressistes de gauche n’ont réalisé que quatre gains nets – aucun par une contestation directe.

La déchéance de la « squad »

En 2024, les choses ont empiré. Sanders, Alexandria Ocasio-Cortez (AOC) et les autres ont rallié la campagne de Biden puis de Harris et il n’y a eu aucun candidat de gauche lors de primaire pour l’élection présidentielle. Sanders, Notre Révolution et Démocrates pour la Justice n’ont soutenu que 16 candidats à la Chambre des Représentants, dont 12 étaient des élu·es sortant·es dans des circonscriptions sûres pour le Parti Démocrate, alors que 4 concouraient pour des sièges sans candidat sortant. Aucun n’affrontait un sortant démocrate.

Pour rendre les choses encore pires, les recrues sortantes de la squad Jamaal Bowman et Cori Bush ont perdu leurs sièges, alors le lobby sioniste American Israel Public Affairs Commitee a injecté des millions de dollars dans leurs campagnes et que la direction du Parti est restée silencieuse malgré les appels des militants. Alors qu’il y avait eu 7 membres des Democratic Socialists of America (DSA) au Congrès, ils ne sont maintenant plus que 3, parce que les autres ont perdu leur siège ou ont quitté l’organisation. AOC qui fut autrefois la voix publique officielle de la rébellion interne au Parti a glissé vers le courant dominant au point de voter récemment en faveur d’une résolution de la Chambre des représentants qui affirme que l’antisionisme est un antisémitisme, en reprenant la définition de l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance / Alliance Internationale pour la Mémoire de l’Holocauste). Cette stratégie est certainement enterrée dans les décombres du vote du parti de cette année 22.

Bien sûr il y a encore au Congrès des voix dissidentes sur la Palestine comme Rashida Tlaib, Ilhan Omar et d’autres, et certain·es représentant·es qui mettent en avant des réformes « réalistes », mais les rêves d’un Green New Deal, de l’aide médicale pour tous, d’aides pour les communautés sinistrées, de la construction massive de logements ou de toute autre réforme globale qui pourrait bénéficier à la classe ouvrière sont morts avec la stratégie de « perméabilité » de la gauche. L’idée de construire une organisation de masse électorale ou un « parti de substitution » en utilisant la démarche électorale démocrate, autrefois présentée comme le chemin vers le pouvoir de la gauche socialiste, n’a jamais quitté le morceau de papier sur lequel elle était écrite.

Il est quasiment certain que la pression des dirigeants du parti pour une évolution encore plus à droite va augmenter avec l’arrivée à la Maison Blanche de Trump et sa bande d’extrémistes et de milliardaires. Les Démocrates vont se battre entre eux – regardez l’actuelle course à la direction du Comité national démocrate – et tenter de collecter encore plus d’argent pour maintenir le pouvoir de leur tour branlante. Ils vont essayer de recruter des candidat·es de plus en plus modéré·es pour se présenter au Congrès lors des élections intermédiaires de 2026 dans l’espoir de contrecarrer les actions les plus extrêmes de Trump.

La résistance à Trump devra venir d’ailleurs

À l’heure actuelle, nous ne savons pas exactement comment l’administration Trump va mettre en œuvre ses politiques, marquées par le nationalisme blanc, mais la scène politique va se déplacer de Washington vers les rues des États-Unis où ses troupes d’assaut et les forces armées vont chercher à encercler les migrant·es, à écraser les protestations, à établir la peur et, au nom de l’ordre, transformer les rues du pays en champs de bataille.

En même temps, l’augmentation des tarifs douaniers va créer davantage d’inflation et raviver la crise du coût de la vie tandis que ses plans pour supprimer des milliers de postes de fonctionnaires ne peuvent que mettre en difficulté les fonctions gouvernementales, et que ses violents efforts pour déporter massivement les immigré·es vont percuter les communautés « de couleur » et la société civile de bien des façons.

L’espoir que le capital contrecarre tout cela s’est évanoui lors de la ruée des chefs d’entreprise et des milliardaires venus faire allégeance à la nouvelle administration et à son leader vindicatif, avant même qu’il ne soit au pouvoir. Pour ne pas se laisser distancer par ses collègues ploutocrates, Jeff Bezos d’Amazon a baisé l’anneau par une donation d’un million de dollars pour la cérémonie d’investiture de Trump.

Le chemin de la gauche

Cela signifie que les tâches de la gauche ne peuvent pas être une nouvelle tentative de faire des Démocrates autre chose que ce qu’ils sont, avec pour conséquence de se noyer parmi eux, mais en mobilisant pour contrer les tentatives de Trump de mettre en œuvre sa politique concrète. Il faudra plus qu’une manifestation routinière et ponctuelle de protestation.

En regardant depuis l’Angleterre, j’ai été impressionné par la manière dont des dizaines de milliers de militant·es britanniques et de citoyen·nes ont envahi les rues et les centres-villes pour combattre les émeutes de l’extrême droite raciste à l’échelle nationale l’été dernier et les ont chassés des rues, ce que la police ne pouvait pas faire.

Au cours de l’administration Obama, j’ai également trouvé très inspirant que de jeunes immigré·es sans papiers, les « rêveurs », se soient assis devant les bus fédéraux pour empêcher la déportation. C’est ce genre d’actions qui doivent être au centre du travail de la gauche, à une échelle permanente et de masse, pour défendre les immigré·es, les cliniques qui pratiquent l’avortement, les syndicats pendant les grèves, et toutes les luttes.

Résistance !

Il y aura des résistances aux tentatives de limiter ou d’interdire l’avortement au niveau des États et peut-être au niveau national. Il existe également une vague de grèves dans de nombreuses entreprises de l’industrie, pour s’organiser chez Amazon et dans d’autres centres du pouvoir économique. Cette fois, les syndicats seront nécessairement la clé de « la résistance ». Je pense qu’il y a suffisamment de colère et de dégoût pour rendre possibles et efficaces de telles mobilisations et de telles actions. Lorsque l’impact de la politique de Trump va toucher les ouvrier·es, il sera peut-être temps de prendre au mot Shawn Fain, le président de l’UAW, lorsqu’il parle de grève générale.

Pour la plupart des Américain·es, la politique se résume aux élections et au gouvernement. Nous ne pouvons pas nous permettre d’abandonner le terrain électoral à la droite ou au centre. Face aux crises multiples du système, le désarroi du Parti Démocrate et les conséquences désastreuses de la politique de Trump vont offrir des ouvertures et des possibilités d’intervention dans cette arène à différents niveaux.

Le premier objectif de candidat·es indépendant·es ou de candidat·es d’un troisième parti lors de scrutins d’importance secondaire n’est pas nécessairement de gagner du premier coup mais que, pour la classe ouvrière, il existe des candidat·es alternatifs, qui les écoutent et sont issu·es de leurs rangs. Ce n’est pas possible en utilisant la méthode habituelle qui consiste à soutenir des personnes célèbres et dépendantes de puissances financières, des médias et des consultant·es, il est nécessaire de construire des soutiens de base qui s’organisent au sein des communautés, des syndicats locaux et des mouvements sociaux. C’est le peuple qui doit diriger ces campagnes, pas les dollars 23.

Il existe des centaines de sièges occupés par des élu·es du centre ou de droite à la Chambre des représentants et dans les États, dans les districts urbains et ruraux tant démocrates que républicains, sans effet « spoiler » 24 ni même de concurrence d’un second parti, où il est possible de prendre pied. Ça a été le cas de la campagne pour le Sénat, assez unique – indépendante, syndicale, pro-choix [droit à l’avortement], anti-patronale – menée dans le Nebraska profondément républicain par Dan Osborn, un leader syndical et gréviste. Osborn a obtenu 46,6 % des suffrages au niveau de l’État (435 582 voix) et, bien que sa campagne ait été conventionnelle par bien des aspects, sa dynamique est inspirante 25.

Cependant, le fait majeur pour les quatre années à venir est que le combat contre Trump et MAGA (Make America Great Again) ne peut pas être mené en étant dépendant·es du Parti Démocrate et de ses permanent·es. Que ce soit par l’action directe ou dans les élections, ce sont les mobilisations de masse à la base et, surtout, une organisation permanente qui pourra limiter l’efficacité de Trump/MAGA, dans les rues et les lieux de pouvoir. Afin de dessiner une alternative de long terme à l’incessante répétition de la tactique du moindre mal face à la droite. 


Cet article a été publié dans Against the Current n°234, janvier-février 2024, et traduit par François Coustal.
 

Janvier 2025

  • 1

    Toutes les statistiques et les résultats électoraux, y compris la comparaison avec 2020, sont tirés de CNN, AP VoteCast, NBC, New York Times, Washington Post, The Guardian, Politico, Bloomberg, The Hill, et/ou le Laboratoire électoral de l’Université de Floride, sauf autre référence explicite. J’ai utilisé les derniers chiffres des élections, mais ils peuvent ne pas refléter exactement les décomptes finaux

  • 2

    Michele Norris, «Split ticket voters offer some bracing lessons for the Democratic Party”, MSNBC, 12 novembre 2024.

  • 3

    Les financements externes (outside money) désignent l’argent dépensé par des groupes externes à la campagne officielle d’un candidat, comme des Political Action Committees (PAC) et des Super PAC. Ces groupes peuvent collecter et dépenser des sommes importantes pour soutenir un candidat ou s’opposer à ses adversaires, sans être directement coordonnés avec les campagnes officielles.

  • 4

    Pew Research Center, Americans’ Dismal View of the Nation’s Politics, 19 septembre 2023.

  • 5

    Pew Research Center, The partisanship and ideology of American Voters, 9 avril 2024.

  • 6

    « BLS, TED: The Economic Daily », 17 février 2023 ; Real Earnings News Release, 13 novembre 2024.

  • 7

    La stagflation est une situation économique caractérisée par une combinaison inhabituelle de croissance économique stagnante, d’un taux de chômage élevé et d’une inflation persistante.

  • 8

    La Business Roundtable est une organisation américaine regroupant des PDG des plus grandes entreprises, fondée en 1972 pour influencer les politiques publiques favorables à l’économie et à l’emploi. Elle traite de sujets comme la fiscalité, la régulation et la gouvernance.

  • 9

    Les « machines politiques » (political machines) sont des organisations très hiérarchisées et construites par des processus clientélistes, qui ont joué un rôle important dans le soutien aux Démocrates.

  • 10

    La rust belt est une région des États-Unis qui a été historiquement un centre majeur de l’industrie manufacturière et lourde, mais qui a connu un déclin économique significatif à partir de la seconde moitié du 19e siècle. En font partie l’Ohio, le Michigan, la Pennsylvanie, l’Indiana, l’Illinois, et le Wisconsin.

  • 11

    Se reporter à OpenSecrets.org pour les derniers chiffres. Barry Bluestone et Bennett Harrison, The Deindustrialization of America: Plant Closings, Community Abandonment, and the Dismantling of Basic Industry, Basic Books, 1982.

  • 12

    Lainey Newman et Theda Skocpol, Rust Belt Blues: Why Working Class Voters Are Turning Away from the Democratic Party, New York: Columbia University Press, 2023. 

  • 13

    Emily Badger, Robert Gebeloff, and Atish Bhatia, ”They Used to Be Ahead in the American Economy. Now They’ve Fallen Behind”, New York Times, 26 octobre 2024.

  • 14

    Le PRO, Protecting the Right to Organize Act, est un projet de loi visant à renforcer les droits des travailleur·ses à se syndiquer et à négocier collectivement. Le NLRB, National Labor Relations Board, est une agence fédérale dont le rôle est d’encadrer et de faire respecter les lois sur les relations de travail.

  • 15

    Bennet Harrison and Barry Bluestone, The Great U-Turn: Corporate Restructuring and the Polarizing of America, Basic Books, 1988: 182-184

  • 16

    Nelson Lichtenstein and Judith Stein, A Fabulous Failure: The Clinton Presidency and the Transformation of American Capitalism, Princeton: Princeton University Press, 2023: 30-66.

  • 17

    Le CHIPS Act (Creating Helpful Incentives to Produce Semiconductors for America Act) est une loi américaine adoptée en août 2022, dans le but de renforcer la production nationale de semi-conducteurs et de stimuler l’innovation technologique aux États-Unis.

  • 18

    David Dayen, “the Inflation Reduction Act at Two”, American Prospect, 16 août 2024.

  • 19

    Paul Debbar, “How the Inflation Reduction Act made renewables inflation worse”, The Hill, 12 juillet 2024. 

  • 20

    La « squad » désigne un groupe informel de jeunes élues progressistes, comme Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar, Ayanna Pressley et Rashida Tlaib, qui s’est ensuite élargi.

  • 21

    Justice Democrats a été créée en 2017 par d’anciens membres de la campagne de Bernie Sanders en 2016. Elle a présenté des candidat·es aux primaires face aux candidat·es modété·es du Parti démocrate. Alexadra Ocasio-Cortez en fait partie. Our Revolution a été fondée en 2016 après la campagne de Sanders, avec des positions similaires, mais davantage à la base du parti.

  • 22

    Pour plus de détails, lire Kim Moody, « La fête est finie – La crise de l’électoralisme de gauche », Inprecor, hiver 2024 ; Kim Moody, “AOC’s Journey to the Center”, Against The Current 228, janvier-février 2024 ; Kim Moody, “Stuck in the Mud, Sinking to the Right: 2022 Midterm Elections”, Against The Current 223, mars-avril 2023.

  • 23

    Il y a une certaine ironie dans le fait que les « élu·es DSA » au Congrès ont levé des millions pour mener des campagnes institutionnelles, alors que DSA elle-même est perpétuellement à court d’argent. 

  • 24

    L’effet « spoiler » est le risque que la présence d’un candidat de gauche divise les voix opposées aux Républicains et fasse perdre le ou la candidat·e démocrate.

  • 25

    La campagne d’Osborn était soutenue par les syndicats, mais elle a collecté beaucoup d’argent auprès de diverses sources, la plupart provenant de l’extérieur de l’État, et moins de la moitié grâce à de petits dons de 200 $ ou moins – plus de 6 millions de dollars au total selon OpenSecrets.org.

 

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Auteur·es

Kim Moody

Kim Moody est membre fondateur de Labor Notes et l’auteur de plusieurs ouvrages sur le travail et la politique. Il est actuellement chercheur invité à l’Université de Westminster, à Londres, et membre du University and College Union ainsi que du National Union of Journalists. Son dernier livre s’intitule Breaking the Impasse: Electoral Politics, Mass Action & the New Socialist Movement in the United States (Haymarket Books). Parmi ses ouvrages précédents, on trouve On New Terrain: How Capital Is Reshaping the Battleground of Class War ; An Injury to All: The Decline of American Unionism ; Workers in a Lean World, Unions in the International Economy, et U.S. Labor in Trouble and Transition.