Le contenu des accords passés entre le gouvernement et la délégation des élus de la Corse, à l'exclusion de Josepha Giacometti Piredda) n'est pas de nature à satisfaire les légitimes aspirations de celles et ceux qui ont donné une majorité nationaliste à la CdC.
Seule la droite de l'Assemblée de Corse peut se satisfaire des résultats actuels dans la mesure ou en constituant une minorité de blocage, elle est parvenue a imposer un accord qui vide le mot « autonomie » de son contenu.
Le passage devant le Sénat et l'Assemblée nationale promet d'accentuer encore une logique de mise sous tutelle qui parachève dans les faits la négation totale de l'existence du peuple corse et de ses droits afférents.
Ce bricolage institutionnel va immanquablement avoir de graves conséquences dans la mesure où il sème une grande désillusion, elle-même source potentielle de chaos.
Avec de tels résultats, il est parfaitement inutile d'organiser un référendum puisque tout est déjà corseté en amont.
Les adversaires, pour ne pas dire les ennemis, d'un véritable statut d'autonomie, peuvent être satisfaits. Du RN jusqu'au PCF et au mouvement Ensemble tout comme à droite, tout a été pensé et dit dans le but de réduire une revendication démocratique à sa plus simple expression en en faisant du coup une coquille vide, un simple slogan, un outil de communication.
Tétanisés par les mobilisations radicales qui ont suivi l'assassinat d'Yvan Colonna, Macron et Darmanin se sont ressaisis et imposent désormais leur vision de ce que doit être une situation politique acceptable.
Il est donc clair et indiscutable que les rapports entre la puissance tutélaire ne risquent pas dans un tel cadre d'être bouleversés. Cette relation entre « maîtres et sujets » n'est absolument pas de nature a favoriser une solution politique porteuse d’émancipation collective.
À chacun de mesurer ses responsabilites dans ce qui va suivre car le désenchantement massif qui s’annonce ne restera pas sans effets.
Les maux quI attectent gravement notre société (spéculation, pauvreté, délitement des cadres collectifs, culture claniste ou clientéliste, etc.) ne trouveront aucun remede dans ce qui sort du processus dit de Beauvau.
Nous invitons l’immense camp des décu·es à ne pas sombrer dans un fatalisme qui ne ferait que donner quitus à celles et ceux pour qui la reconnaissance du peuple corse demeure nulle et non avenue. L'histoire ne s’arrête pas là et seules les luttes publiques seront à même d'inverser les rapports de forces.
Le 17 mars 2024