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En République démocratique du Congo, guerre et pillage

par Paul Martial
Le président Tshisekedi avec le président américain Joe Biden au sommet du G20 de 2021 à Rome. © Office of the President of the United States

La principale cause du conflit dans l’est de la RDC est le pillage de son sous-sol dont l’Union européenne profite largement.

La situation dans la région du Kivu de la République démocratique du Congo (RDC) ne cesse de se détériorer. Les miliciens du M23 soutenus par le Rwanda s’approchent dangereusement de Goma, la capitale régionale.

Les « Wagner français »

Lors de sa campagne électorale, Tshisekedi avait promis de se débarrasser du M23. Bien conscient de l’inefficience des Forces armées de la RDC, il s’était tourné vers l’armée kenyane dans l’espoir vain qu’elle entreprenne des missions offensives. Le Kenya n’avait nullement envie de se brouiller avec le Rwanda. C’est donc du côté de l’Afrique du Sud que le président congolais se tourne, avec sur le terrain des résultats peu concluants. Si l’Afrique du Sud est une grande puissance africaine, son armée est volontiers comparée à un couteau sans lame et sans… manche. Les forces congolaises tissent des alliances avec des groupes armés locaux comme les Wazalendo (« les Patriotes » en swahili) et font appel à des mercenaires comme ceux de la société Congo Protection d’Horatiu Potria, ancien de la légion étrangère française, ou le barbouze et ex-gendarme Olivier Bazin. Les Wagner français, comme on les appelle en RDC, seraient autour d’un millier.

Le pillage

Paul Kagame nie toujours l’implication de son pays, le Rwanda, dans l’agression du M23 en dépit des évidences. Dernièrement, un drone d’observation et un hélicoptère des Nations unies ont été attaqués par des missiles sol-air tirés depuis un véhicule blindé de type WZ55 appartenant à l’armée rwandaise. Dans sa dernière déclaration, Kigali fait état de menaces contre les Banyamulenge, communauté de Tutsis congolais. Elle reproche à l’armée de RDC de s’allier aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) qui après 1994 étaient composées d’anciens génocidaires. Trente ans plus tard, c’est une nouvelle génération d’Hutus qui est à sa tête. Enfin, Kigali accuse la RDC de vouloir envahir le Rwanda.

Ce sont les attaques du M23 qui ont fortement accentué les stigmatisations contre les Tutsis congolais. Quant aux FDLR, elles ne représentent plus un danger depuis longtemps pour le Rwanda, tout comme l’armée de la RDC déjà bien incapable de défendre le territoire.

La raison du soutien du Rwanda au M23 est économique. La situation de conflit permet aux élites rwandaises de Kigali d’organiser le pillage du sous-sol congolais, riche notamment en coltan, minerai indispensable à l’industrie électronique.

Le recel

L’Union européenne a emboîté le pas aux USA en exigeant le retrait des troupes rwandaises de la RDC et l’arrêt du soutien au M23, mais dans le même temps elle passe un accord avec ce pays pour la commercialisation du coltan sachant pertinemment que ce minerai provient de spoliations. En effet, le Rwanda ne possède pas ce minerai dans son sous-sol. Cette convention ne peut qu’encourager Kigali à continuer la guerre, provoquant viols et massacres parmi les civilEs qui, par centaines de milliers, se réfugient dans des camps de déplacéEs insalubres.

Publié par L’Anticapitaliste n°698 le 7 mars 2024.

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Auteur·es

Paul Martial

Paul Martial, militant de la Quatrième Internationale en France, est membre de la rédaction d'Afrique en lutte.