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La grande victoire ouvrière et populaire du Non est le prologue de la bataille décisive qui s'annonce

par
Athènes, le 6 juillet 2015

1. Le triomphe du Non, qui a pris des dimensions au-delà de toutes les prévisions, constitue une grande victoire ouvrière et populaire. Les gens ont lu correctement la question posée : approbation ou rejet de la politique d'hyper-austérité, telle qu'elle a été formulée à travers les protocoles (mémorandums) et que les créanciers exigent de nouveau. La réponse indique les véritables intentions de la société " d'en bas », montrant la dynamique du rapport des forces entre classes, tel qu'il s'est développé au cours des dernières années en Grèce, cette Grèce de la crise profonde et de la grande résistance sociale.

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2. Dans le camp du Non se sont regroupés, évidemment, les travailleurs urbains et ruraux, les chômeurs, les pauvres. Le peuple laborieux s'est exprimé fermement, en prenant de gros risques : il avait déjà ressenti les conséquences de la fermeture des banques, affronté les menaces concernant des licenciements massifs, des avertissements que son attitude conduirait probablement à la rupture avec l'euro. Il affrontait une propagande inouïe parlant de famine, de manque de médicaments, de carburant, etc. La fermeté massive au Non constitue un mandat explicite de rupture avec l'austérité. Dans le camp du Oui se sont retrouvés tous ceux qui ont un intérêt dans un accord " à tout prix » (concernant surtout les sacrifices des autres…) avec les créanciers. Autrement dit, la classe dirigeante et la classe moyenne supérieure.

3. Cette distinction de classe claire est ressortie politiquement. L'âme du Non était la gauche radicale, ce qui aura un impact décisif dans l'avenir. La direction de Syriza, qui a trouvé la force de refuser la signature inconditionnelle qu'exige la direction de l'Union européenne et celle de demander un référendum pour que la volonté du peuple s'exprime, est la grande gagnante.

Les forces d'Antarsya, avec leur propre configuration politique et leurs différenciations, se sont regroupées dans le camp du Non. Elles ont ainsi créé de nouvelles relations avec les rangs du Syriza, des relations qui vont être importantes dans les luttes à venir.

Par contre, le KKE (Parti communiste de Grèce) avec sa ligne de repli - le vote nul inacceptable - a refusé de faire le choix avec qui et contre qui il se range. Une orientation que sa direction va poursuivre pendant une longue période, même si elle n'a pas été suivie par une grande partie de ses partisans et de sa base.

4. Le résultat paralyse les forces politiques bourgeoises. La démission d'Antonis Samaras de la direction de la Nouvelle Démocratie (1) - quelques jours après la démission de Venizelos de la direction du Pasok (2) - prouve que la classe dirigeante des mémorandums, identifiée avec les créanciers, est restée sans force politique alternative à l'intérieur du pays. Les sociaux-libéraux " post-politiques » du To Potami (La Rivière) ne sont pas et ne peuvent pas être une réponse à ce problème. La transcription de cette situation dans les urnes à l'occasion de ce référendum crucial crée une grande possibilité pour Syriza, mais exerce également des pressions sans précédent en son sein.

5. La grande victoire populaire et des travailleurs et travailleuses lors du référendum, dans des conditions d'étranglement du système bancaire et de chantages du patronat sans précédent, rend encore plus cruciale la période à venir, avec la reprise des négociations avec les créanciers comme premier moment mesurant les relations de forces.

Nous comprenons les pressions et les dilemmes auxquels est confronté le gouvernement ; et en particulier le chantage à grande échelle des créanciers avec la menace qui pèse sur le système bancaire. Menace à laquelle il ne peut être répondu que par la nationalisation des banques et la mise en place d'un contrôle public, démocratique, des salariéÃeÃs, dans ce secteur si décisif pour le fonctionnement de l'ensemble de l'économie.

Le Non a montré une exigence non négociable pour le renversement de l'austérité. Il s'agit d'un appel lancé à Syriza pour mettre en œuvre le programme de la gauche radicale de manière décisive, en prenant en ce sens toutes les mesures économiques, politiques et monétaires nécessaires.

De cette orientation, le gouvernement et Syriza ne doivent pas s'écarter.

Un accord qui, en substance, serait proche de celui soumis au référendum créerait des conditions d'usure, de liquidation de la victoire du Non. Il créerait des possibilités de réorganisation du personnel politique bourgeois et de contre-attaque, visant à renverser le gouvernement dès que possible. Car, comme l'ont déclaré les représentants des instances dirigeantes européennes, un gouvernement de la gauche aujourd'hui, au " moment » de cette crise profonde, est incompatible avec les politiques en vigueur, tant à l'échelle européenne qu'à l'échelle nationale.

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Dans ce constat, il faut de même souligner la solidarité internationaliste avec la classe ouvrière et la gauche en Grèce. Elle s'est manifestée et se manifeste de façon touchante dans de nombreux endroits du monde entier.

Cette perspective, nous n'avons pas le droit de la décevoir. Cela crée des obligations capitales pour le gouvernement et des tâches essentielles pour les membres de Syriza, mais aussi pour tous ceux et toutes celles qui ont lutté pour le Non.

Les jours à venir seront décisifs pour la consolidation et le développement d'une grande victoire électorale. ■

* La Gauche ouvrière internationaliste (DEA) est une organisation marxiste-révolutionnaire, co-fondatrice de Syriza, qui entretient de liens avec la IVe Internationale. (Traduit du grec et annoté par la revue électronique À l'Encontre : http://alencontre.org/)

notes
1. Le soir même du 5 juillet, la jeunesse de la Nouvelle Démocratie avait réclamé la démission de Samaras sur les chaînes de télé. Dora Bakoyanni, fille de Constantinos Mitsotakis, avait fait de même. Vangelis Meimarakis a pris la direction intérimaire.

2. Evangelos Venizelos a été remplacé à la tête du Pasok (Mouvement socialiste panhellénique) par Fofi Gennimata, le 14 juin 2015. Elle a réuni 51 % des voix. D'une famille de politiciens, elle a été ministre de la Santé et de l'Éducation sous le gouvernement de Georges Papandreou entre 2009 et 2011, puis ministre de l'Intérieur dans le gouvernement provisoire de Lucas Papademos en 2011-2012.

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