Après le massacre de Marikana (34 morts et 78 bléssés) à l'entreprise Lonmin, les grèves pour les salaires se sont étendues dans les mines. Une première victoire a été obtenue avec une augmentation des salaires de 22% pour les mineurs de l'entreprise Lonmin.
Faisant face à l'alliance régnante contre nature des patrons de Lonmin, de l'ensemble du patronat des mines, de la police, du gouvernement et même des directions du Parti communiste sud-africain et du syndicat des mineurs de la COSATU (NUM), les travailleurs de Lonmin peuvent maintenant transformer leur lutte salariale en une lutte pour la justice avec dignité et avec une immense fierté. Leur lutte a déjà réécrit l'histoire du mouvement ouvrier international. Aux yeux du monde, Marikana n'est pas un endroit mais l'expression de la lutte ouvrière, de la lutte des classes, qui n'est pas un terme démodé ni une expression idéologique, mais qui vit dans les luttes des exploités et des opprimés continuant le combat.
Les travailleurs de Lonmin ont fait face à une alliance contre nature parce que leur lutte frappait en même temps, tel un pic brisant la glace, le contrat social des élites construit autour du capital monopoliste, les ententes parasitaires de la BEE (1) et les élites bureaucratiques du mouvement ouvrier. Elle s'en prenait à ce contrat social qui a fait de l'Afrique du Sud le pays le plus inégalitaire.
Cette immense victoire pour un salaire décent ne doit pas être payée par plus de sous-traitance ni par la réduction des emplois. Elle doit être financée par la réduction des revenus scandaleux de la direction et par celle des dividendes des actionnaires. Que cette victoire soit un premier pas pour mettre fin à la surexploitation des travailleurs sud-africains !
Synthèse actualisée Inprecor
Un coup porté ne suffira pas à changer la politique des élites. D'autres doivent maintenant prendre en main les armes des travailleurs de Marikana-Lonmin alors même que leur lutte continue pour la justice et pour que les responsables soient obligés de rendre des comptes. La solidarité doit être mobilisée afin que tous les complices du plus brutal massacre post-apartheid soient traduits en justice.
Une nouvelle voie pour l'Afrique du Sud ne pourra résulter que des efforts conjugués des militants de nombreuses luttes populaires. Les travailleurs de Marikana-Lonmin ont montré ce qui est possible. De nombreuses luttes communautaires sont aussi héroïques, même si elles ne sont pas aussi dramatiques que celle de Marikana. Elles ont besoin de s'unir dans un torrent irrépressible, capable d'emporter la boue de l'inégalité et de l'injustice qui prévaut encore, deux décennies après la fin de l'apartheid !
Vivent les travailleurs de Marikana-Lonmin !
Une attaque contre un(e) d'entre nous est une attaque contre nous tous ! ■
* Nous reproduisons ici le commentaire éditorial du site web de la revue sud-africaine Amandla ! du 18 septembre 2012 :/p>