Quelle « révolution » ? (extraits)

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Chez les militants étudiants " orange " domine une idéologie libérale agressive qui répète les schémas des années 1989-1991, dirigés non seulement contre le " communisme du PCUS " mais également contre la gauche révolutionnaire et l'idée du socialisme en général ! Pour ces militants orange — ou " orange mécanique " — Ianoukovitch et même le président de la Russie, V. Poutine, sont des " communistes cachés ". (…)

 

Nous avons affaire à l'affrontement de deux groupes de la bourgeoisie ukrainienne : d'un côté, celui du bloc Iouchtchenko, le groupe financier de Kiev, auquel s'est joint tout le petit et moyen business de toutes les régions d'Ukraine ; et de l'autre côté, celui du bloc Ianoukovitch, le groupe industriel du Donbass (l'Union industrielle du Donbass — USD — et son Parti des Régions) que soutiennent tous les directeurs des grosses entreprises du sud et de l'est. L'USD apparaît comme le groupement industriel le plus puissant d'Ukraine, étendant à tout va son monopole grâce à ses liens étroits avec Gazprom et le grand business russe. C'est pourquoi un des slogans de la " révolution orange " fut en rapport : " Nous protégeons Kiev du clan de Donetsk et du goujat russe ! ". Un troisième groupe des oligarques c'est le groupe industriel Privatbanka et Interpaip de V. Pintchouk. Cette coterie, comme le président sortant L. Koutchma lui-même, était prête aux compromis avec l'état-major de Iouchtchenko mais, d'un autre côté, elle se comportait comme un enfant désolé à qui l'Occident avait retiré son jouet préféré : la matraque du policier ! (…) Iouchtchenko (…) sera dans une situation très délicate. Il aura contre lui l'opposition frontale des monopoles industriels ! (…) Ce furent les directeurs de Donetsk qui, à l'époque, avaient enlevé à Iouchtchenko son poste de premier ministre avec les grèves des mineurs ! (…)

 

Nous avons affaire à l'habituelle grimace du nationalisme, avec un comique orange. La bourgeoisie libérale petite et moyenne exprime sa prétention au pouvoir, avec ses alliés, d'un côté les prêtres catholiques et orthodoxes, de l'autre côté les nationalistes et néofascistes. Où donc se trouve le progrès social, même d'un point de vue bourgeois de gauche ? (…) C'est une lutte entre clans pour le pouvoir et le (re)partage de la propriété. Et les manifestants dans la rue comme les travailleurs dans l'un et l'autre cas seront trompés. (…)

 

Dniepropetrovsk, le 8 décembre 2004