Liberté pour Bahruz Samadov

par Bernard Dreano

Le 23 aout on a appris l’arrestation à Bakou (Azerbaïdjan) de Bahruz Samadov, universitaire, critique du régime d’Ilham Aliyev. Il est accusé de « trahison » et risque à ce titre une très lourde condamnation.

Qui est Bahruz Samadov ?

C’est un philosophe et chercheur en science politique, doctorant à l’Université Charles de Prague, et également un militant de gauche engagé dans les combats démocratiques, sociaux et écologiques et surtout pour la paix. Il s’est opposé à la politique de guerre concernant la région disputée du Nagorny Karabakh, largement reconquise par l’armée d’Azerbaïdjan en 2020 puis « purifiée ethniquement » de sa population arménienne en 2023. Bahruz a participé à de nombreux débats et dialogues internationaux avec notamment des Arméniens. Il a par exemple participé en France à l’Université des mouvements sociaux et des solidarités à Nantes en aout 2021 (organisée par le CRID, ATTAC et de nombreux mouvements et associations). Bahruz est contributeur au site sud-caucasien en ligne OC Media (oc-media.org) et au Baku Research Institute (bakuresearchinstute.org).

Une arrestation dans le contexte de la COP 29

Il est inculpé de trahison au titre de l’article 274 du code criminel d’Azerbaïdjan, accusé semble-t-il principalement pour ses contacts avec des Arméniens.

Cette arrestation s’inscrit dans un contexte de répression contre toutes les formes d’opposition, de critiques ou de velléité d’indépendance par rapport au régime d’Ilham Aliyev. Celui-ci s’apprête à accueillir Bakou la prochaine conférence des parties sur les changements climatiques (COP 29) du 11 au 22 novembre prochain, et veut sans doute neutraliser toute voix discordante dans le pays avant cet événement.

Ces derniers mois, le régime d’Ilham Aliyev, par l’intermédiaire notamment de son « Groupe d’Initiative de Bakou » (BIG) s’est présenté comme point d’appui pour les combats anticolonialistes, offrant tribune et soutien à des mouvements des mouvements Kanaks, Antillo-Guyanais et Corses– cf. note ci-joint. Dans le même temps, il consolidait l’épuration ethnique des population arméniennes autochtones du Nagorny Karabagh et renforçait la répression en interne en Azerbaïdjan, dont l’arrestation arbitraire de Bahruz Samadov est le dernier exemple.

Dans la propagande du régime, les voix identifiées comme « françaises » (en particulier des organisations de défense des droits comme la FIDH) sont présentées sans vergogne comme « expression « des auxiliaires de l’ennemi arménien ». Il serait utile que d’autres voix, anticoloniales notamment s’expriment pour exiger la libération immédiate de Bahruz Samadov, militant de paix et internationaliste azerbaïdjanais !


Bernard Dreano

Président du Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale CEDETIM

Le 27 aout 2024