Alliance rouge-verte (Enhedslisten) et le gouvernement

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Après un an et demi de gouvernement de coalition SD-SF-RV (1) nous constatons qu'il n'a pas l'intention de réaliser le changement nécessaire après dix ans de néolibéralisme du gouvernement libéral-conservateur (2).

Synthèse actualisée Inprecor

Au contraire, il a mené une politique économique néolibérale dogmatique. En particulier, la question de l'offre de travail accrue montre à quel point la politique du gouvernement est en contraste avec les intérêts des salariés. L'accroissement de l'offre de travail sert de guide à tous les projets gouvernementaux. Ce crédo rend impossible une politique progressiste.

Les exemples abondent :

— Le gouvernement a réalisé la réforme du système des retraites anticipées, lancée par la droite parlementaire ;

— Le gouvernement a refusé de rétablir les indemnités de chômage, ce qui est une grande perte pour les chômeurs ;

— Le gouvernement a envoyé une énorme facture aux secteurs les plus faibles de notre société en adoptant sa réforme de retraites anticipées et de flexibilité d'emplois.

En outre, le gouvernement a aggravé la politique de croissance zéro du secteur public du gouvernement précédent et refuse de faire payer le capital et les plus riches. Cela rend impossible toute amélioration de l'État social et la création d'emplois.

Il est devenu évident qu'en conduisant une telle politique ce gouvernement est en conflit idéologique profond avec Enhedslisten et les autres forces progressistes. C'est seulement en créant une pression massive en dehors du Parlement, par des protestations et des mobilisations, qu'il sera possible de lui arracher des concessions plus importantes ou essentielles, voire même de forcer le gouvernement à la confrontation avec l'austérité bourgeoise et la politique de l'inégalité.

De larges secteurs de la classe ouvrière, y compris les électrices et électeurs de SD et SF, ont de bonnes raisons d'être déçus. Mais cette déception a été visible seulement de manière très limitée dans les manifestations et les mouvements organisés. Si les deux partis ont vu leur soutien électoral réduit de manière draconienne, cela ne les a pas encore convaincus qu'il faut changer de cap.

La coopération gouvernementale avec la droite parlementaire n'a pas calmé cette dernière. Au contraire, la droite a intensifié sa politique bourgeoise libérale et antisociale. C'est donc un échec majeur du gouvernement qui prépare sa propre défaite électorale et ouvre la voie à une politique encore pire que celle conduite jusqu'en 2011.

Quelle que soit la ligne gouvernementale, nous continuerons à lutter pour défendre les intérêts de la classe ouvrière et du peuple et pour faire payer la facture aux riches. Dans la période à venir, il faut d'abord et avant tout créer la pression nécessaire sur le gouvernement, parmi les électeurs, les mouvements et les organisations locales.

Enhedslisten ne cherche pas à renverser le gouvernement, mais il devient de plus en plus difficile de le sauver du suicide. Pour nous, ce sont les résultats concrets qui sont déterminants, c'est pourquoi nous n'abandonnons pas et nous tenterons tout pour éviter la défaite :

— Au Parlement, nous utiliserons nos mandats pour nous opposer aux initiatives bourgeoises du gouvernement, contester la mise en œuvre des réformes régressives et proposer des réformes progressistes.

■— Nous appelons le gouvernement à mettre fin aux nombreuses ententes conclues avec la droite et à prendre appui sur la majorité parlementaire possible avec Enhedslisten.

— Nous continuerons à voter en faveur de toute amélioration des conditions de vie des gens ordinaires et contre toute détérioration.

— Nous faisons un appel au gouvernement pour qu'il réalise (même si c'est déjà tard) une rupture politique radicale et remplace la politique libérale-conservatrice par une politique sociale, solidaire et soutenable. Nous le faisons en sachant qu'il s'agirait d'une rupture avec la politique menée depuis un an et demi.

— Un budget de l'État est à la fois un résumé de la politique menée au cours de l'année précédente et le budget pour l'année à venir. Si la rupture nécessaire a été réalisée, elle sera apparente dans le budget. Au contraire, un budget sans aucune amélioration substantielle indiquera que le gouvernement suit toujours le cours ancien. C'est pourquoi Enhedslisten votera seulement pour un budget signifiant une telle rupture. C'est pourquoi nous ne voterons en aucun cas une loi de finances qui :

1. conduit à l'appauvrissement ;

2. ne mène pas à de profonds changements pour le mieux ;

3. résume une année de politique d'austérité conduite avec la droite parlementaire.

Cela signifie que tous les accords majeurs avec la droite, entraînant une détérioration, nécessiteront des revendications accrues de Enhedslisten, de sorte que le budget marque une rupture avec la politique menée par le gouvernement jusque-là.

Si ces conditions sont remplies, Ehedslisten pourra voter le budget. La décision finale de ce vote devra dépendre de notre analyse politique et stratégique, tenant compte des aspects suivants :

— Est-ce que notre vote en faveur du budget contribuera à aider à l'engagement et à la mobilisation des mouvements populaires ?

— Est-ce que notre vote en faveur du budget contribuera à renforcer le soutien de la population et sa confiance dans une politique socialiste progressiste ?

Le vote du budget ne signifie pas le soutien, l'acceptation ou le consentement avec les accords antisociaux que le gouvernement a passés avec la droite au cours de l'année précédente. Que Enhedslisten vote ou non le budget, nous continuerons à lutter pour le retrait des décisions antisociales du gouvernement et de la droite qui provoquent l'appauvrissement.

Sur la base de ces lignes directrices, Enhedslisten présentera au début des débats son point de vue sur ce que le projet de loi de finances pour 2014 devrait contenir et encouragera les bases et les mouvements sociaux à articuler leurs revendications concernant ce budget.

Enhedslisten ne s'attend pas à ce que les autres partis soutiennent notre projet de budget dans son ensemble. Nous n'exigeons pas que toutes les propositions budgétaires de Enhedslisten fassent partie d'un accord possible. Mais notre parti dans son ensemble — l'exécutif national, les membres du Parlement et les sections locales — dira très clairement à la population et aux partis gouvernementaux qu'au minimum les conditions susmentionnées doivent être respectées pour qu'Enhedslisten vote le budget. ■

*Nous reproduisons ici la résolution adoptée par la conférence nationale annuelle de l'Alliance rouge-verte (Enhedslisten), tenue à Copenhague du 26 au 28 avril 2013. L'original a été publié par Enhedslisten.

notes
a1. Depuis le 2 octobre 2011 le gouvernement du Danemark est composé par le Parti social-démocrate (SD, Socialdemokraterne), le Parti populaire socialiste (SF, Socialistisk Folkeparti — issu d'une scission du PC après 1956) et les Radicaux de gauche (RV, Det Radikale Venstre — un parti libéral)

2. De août 2001 à octobre 2011 le Danemark était géré par un gouvernement libéral-conservateur, composé par le Parti libéral Venstre (" La Gauche » !) et le Parti populaire conservateur, bénéficiant du soutien du Parti populaire danois (extrême droite).

bsent

traducteur
J.M.