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L’occupation du secrétariat à l’éducation du Pará s’oppose au gouvernement en défense de l’éducation indigène.
Une lutte indigène exemplaire se déroule actuellement (31 janvier 2025) à Belém dans l’état du Pará, au nord du Brésil. L’occupation du siège du Secrétariat à l’éducation du Pará (SEDUC) par les indigènes appartenant à plus de 14 groupes ethniques dure depuis deux semaines. Les indigènes se battent pour défendre l’éducation scolaire indigène - menacée par la loi 10.820/2024 - et contre les plans néolibéraux du secrétaire à l’éducation Rossieli Soares et du Gouverneur de l’état du Para Helder Barbalho.
Au moment où Trump se pose en leader d’une extrême droite mondiale consolidée et plus agressive, avec des mesures d’impact dès les premiers jours de son mandat comme les déportations massives, l’amnistie pour les putschistes du Capitole et les attaques contre le canal de Panama, la lutte indigène au Pará montre à la gauche brésilienne la voie de la radicalité, de l’indépendance et de l’organisation populaire. Le rôle de la gauche est d’appuyer e d’impulser la lutte du mouvement indigène, et d’en faire une inspiration pour les luttes qui nous attendent contre l’extrême droite.
Une lutte qui va de l’avant et fait avancer
Adoptée fin 2024, lors d’un vote à huis clos et sous haute surveillance de la police militaire, la loi 10.820/24 abroge tout le cadre réglementaire de l’éducation scolaire indigène et met fin à l’enseignement présentiel dans les communautés indigènes. Les changements apportés au système d’éducation modulaire (SOME), qui inclut celui des communautés traditionnelles (SOMEI), a provoqué une réponse radicale et exemplaire du mouvement indigène.
L’occupation du bâtiment du SEDUC-PA par le mouvement indigène a créé une dynamique de large unité d’action, en particulier avec les travailleurs de l’éducation publique du SINTEPP (le Syndicat des travailleuses et travailleurs de l’éducation publique du Pará). Les dirigeants de Quilombolas, des leaders des mouvements populaires et des parlementaires de gauche se sont également joints à l’action. Mentionnons en particulier l’intervention de Vivi Reis (PSOL), récemment élue conseillère municipale de Belém, qui a fait la preuve d’unité et de sa solidarité active.
Hier, après deux semaines de lutte et en comptant sur leurs propres forces, 40 dirigeants de l’occupation se sont, pour la première fois, réunis avec Helder Barbalho et Rossieli Soares. Outre l’abrogation de la loi 10.820/24, le mouvement exige la révocation de Rossieli Soares. Les antécédents de Rossieli sont bien connus des travailleurs de l’Éducation : il a été Secrétaire à l’éducation de Doria [au gouvernement de São Paulo] et ministre de l’Éducation lors du gouvernement de Michel Temer, c’est-à-dire qu’il a un long passé de persécution politique et de recettes néolibérales.
Le contenu anti-néolibéral et la radicalité de la lutte, avec des méthodes d’action directe et d’organisation populaire, montrent la place centrale de la lutte indigène au Pará et au Brésil. L’unité d’action avec les mouvements sociaux, les organisations politiques et les syndicats, en direct, sans raccourcis, est un exemple qui donne le ton pour les batailles à venir.
Préparer la COP-30
« La COP 30 a déjà commencé », affichait l’une des banderoles du mouvement indigène sur la BR163 à Itaituba (commune amazonienne entre Manaus et Belém, PA). La COP-30 se tiendra à Belém en novembre 2025, la première année du nouveau mandat de Trump. Elle sera donc un théâtre important de luttes et d’affrontements avec ce gouvernement d’extrême droite dont le programme environnemental est celui d’une destruction socio-environnementale complète. Cela est démontré sans équivoque par la première mesure de Trump visant à sortir les États-Unis de l’Accord de Paris - déjà limité - ainsi que par l’ordre de procéder à une exploration pétrolière sans précédent. L’ordre de Trump est de « forer, forer et forer ».
Dans ce contexte, les yeux du monde, inquiets des projets destructeurs de l’extrême droite, seront braqués sur la COP-30 à Belém. L’occupation indigène doit donc être interprétée comme une répétition générale de la COP-30, dont la gauche et les mouvements sociaux doivent tirer des leçons importantes : un engagement déterminé dans la mobilisation, l’unité d’action dans la défense des droits et l’indépendance comme la clé pour affronter et vaincre les gouvernements néolibéraux et d’extrême-droite.
La COP-30 de Belém verra s’opposer des projets contrastés et pourrait réunir - dans les circonstances actuelles - un contre-sommet composé d’activistes, de mouvements sociaux et d’organisations politiques du monde entier autour d’une lutte commune contre l’extrême-droite. Il y a une opportunité d’avancer dans cette direction et, dès à présent, l’occupation indigène de Belém est un événement préparatoire d’une centralité absolue vers lequel nous devons tourner nos forces.
Le rôle de la gauche
Outre la lutte des indigènes et celle des travailleurs de l’éducation à Belém, d’autres luttes sont en cours dans tout le Brésil, comme celle des travailleurs de l’IBGE (Institut brésilien de géographie et de statistique). La lutte de ces travailleurs, organisée par leur syndicat ASSIBGE-SN, a fait échouer la proposition de création d’un IBGE+, qui aurait fonctionné dans la pratique comme une entité privée. Le gouvernement fédéral a renoncé à sa proposition privatiste après une lutte et une mobilisation considérable des travailleurs de l’institut qui, malgré les tentatives de les délégitimer, sont allés jusqu’au bout et ont obtenu gain de cause.
Ces exemples de luttes renforcent l’orientation d’une localisation politique indépendante, qui s’appuie sur la mobilisation des travailleurs dans leurs luttes particulières et générales. C’est ce que nous avons fait à Belém, où Vivi Reis s’est engagée dans le soutient à l’occupation indigène, tout comme d’autres dirigeants du PSOL et des syndicats. Le triomphe de la lutte indigène à Belém, en soutient de laquelle nous n’économiserons pas nos efforts concrets, est une avancée fondamentale parce qu’elle constitue un exemple de la manière de combattre l’extrême droite par la mobilisation, dans l’unité d’action et l’indépendance.