Avec la mort d’Adolfo Gilly disparaît un des esprits les plus rayonnants de la culture révolutionnaire en Amérique latine. Son histoire marxiste de la révolution mexicaine – « La révolution interrompue »1 – rédigée dans la prison de Lecumberri à Mexico, a réussi à capter, comme personne ne l’avait fait avant lui, la magie et l’éclat légendaire des combats de Pancho Villa et Emiliano Zapata. Rééditée à multiples reprises, elle reste l’œuvre de référence jusqu'à aujourd'hui. Mais c’est l’ensemble de ses écrits historiques, politiques ou philosophiques qu’il faut prendre en compte : ils ouvrent des fenêtres sur les grands paysages-de-désir des luttes émancipatrices en Amérique latine2.
Que ce soit dans les rangs de la IVe Internationale, ou comme marxiste indépendant, proche des Zapatistes lors des dernières années, Gilly est toujours resté fidèle à l’horizon de la révolution permanente.
Nous connaissions Adolfo Gilly et sa compagne Tessa depuis plusieurs dizaines d’années. C’était un ami fidèle, toujours plein d’humour, d’ironie et d’auto-ironie. On partageait avec lui l’intérêt pour les grandes figures de la révolution latino-américaine, mais aussi pour Walter Benjamin et le surréalisme. Sa curiosité était inépuisable.
Adolfo Gilly nous a quittés mais son héritage révolutionnaire restera, pour toujours.