Après les élections de mi-mandat : polarisation et paralysie

par Ashley Smith, Charles Post

Partout aux États-Unis, on a pu entendre un soupir de soulagement lorsque la « vague rouge » (1) menaçante des élections de mi-mandat s’est transformée en un « filet rouge ». Les Républicains n’ont obtenu qu’une faible majorité à la Chambre des représentants, tandis que les Démocrates ont remporté une majorité tout aussi faible d’au moins un siège (et peut-être un deuxième) au Sénat. Les Républicains ont conservé le contrôle de la part du lion des législatures des États, même si les Démocrates en ont ajouté quatre qui étaient auparavant détenues par le « grand vieux parti » (GOP).

La plupart des Démocrates qui ont gagné étaient des centristes, pas des « progressistes », et certainement pas des « socialistes démocratiques »

Cependant, les résultats des référendums sur le droit à l’avortement, l’augmentation du salaire minimum, les droits syndicaux et la légalisation de la marijuana démontrent qu’il existe un soutien important pour les politiques qui bénéficient à la classe ouvrière et aux personnes opprimées.

Une fois tous les votes comptés, l’élection s’est essentiellement terminée par un match nul, divisant le gouvernement en deux et privant les deux partis de tout mandat. Les Républicains, malgré leur performance moins que brillante, restent déterminés à revenir sur toutes les réformes progressistes du siècle dernier, y compris les pensions de sécurité sociale et Medicare. Les Démocrates n’offrent aucune alternative, abandonnant même les propositions les plus banales qui permettraient de résoudre les crises sociales qui se multiplient dans le pays. Le gouvernement élu étant paralysé par la division entre les deux partis, la voie législative pour faire passer la moindre réforme est fermée.

En conséquence, les parties non élues de l’État américain – la Cour suprême, la Réserve fédérale et la bureaucratie exécutive – joueront un rôle plus important dans la formulation et la mise en œuvre des politiques. Face à cette situation, la gauche socialiste, les travailleurs et les opprimés doivent se tourner vers la lutte extra-parlementaire pour faire avancer nos revendications.

 

Les Démocrates : une cible facile

 

Comment le GOP a-t-il pu perdre une élection qu’il semblait destiné à remporter par des marges importantes il y a seulement quelques mois ? Non seulement le parti au pouvoir perd traditionnellement des sièges au Congrès lors des élections de mi-mandat, mais la conjoncture économique offrait aux Républicains une occasion idéale d’obtenir des majorités claires au Sénat et à la Chambre.

Depuis 2008, le capitalisme mondial est embourbé dans ce que Michael Roberts appelle une dépression à long terme, oscillant entre de fortes récessions et de faibles reprises, et se trouve maintenant coincé dans la « stagflation ». Le faible taux de rentabilité a découragé les investissements dans les nouvelles usines et les nouveaux équipements nécessaires pour accroître l’offre. Mais les faibles taux d’intérêt et les mesures de relance gouvernementales ont fait grimper la demande, entraînant l’inflation et une série de bulles spéculatives dans tous les domaines, de celui des actions à celui du logement. La combinaison de ces deux facteurs a entraîné une stagnation de l’économie et une inflation sans précédent depuis les années 1970, avec une hausse annuelle des prix à la consommation de près de 8 %. 

Les salaires, malgré quelques gains, continuent d’être à la traîne de l’inflation, ce qui a entraîné une forte baisse du niveau de vie des travailleurs au cours des deux dernières années. Les gens ayant du mal à tout payer, de l’épicerie à l’essence en passant par le logement, il n’est pas surprenant que plus des trois quarts des électeurs jugent la situation économique « pas très bonne » ou « mauvaise », et que près de la moitié d’entre eux déclarent que la situation financière de leur ménage s’est détériorée depuis l’élection du président Biden.

 

Taux d’inflation

 

L’administration Biden n’a pas réussi à mettre en place des politiques pour remédier à cette crise qui frappe la vie de la classe ouvrière. Son plan Build Back Better (reconstruire en mieux), loué par certains à gauche comme le « nouveau New Deal », était en fait une forme de « keynésianisme impérialiste ». Il contenait bien des propositions pour une expansion minimale des soins de santé et de l’éducation financés par l’État (« collèges communautaires gratuits »), mais celles-ci étaient intégrées dans l’objectif principal du projet de loi, à savoir la remise à neuf de la société américaine, en particulier de son industrie et de son armée, afin de pouvoir concurrencer son rival stratégique croissant, la Chine.

L’aile droite des Démocrates, incarnée par les sénateurs Joe Manchin et Kristen Sinema, a sabordé la plupart des dispositions modérées de Biden en matière de bien-être et de climat (à l’exception partielle et contradictoire de l’allègement des prêts étudiants). En fin de compte, l’administration n’a pu obtenir qu’un plan « lourd » et traditionnel en matière d’infrastructures, qui fournira relativement peu d’emplois mais améliorera la position économique et politique des États-Unis vis-à-vis de la Chine. À cela, il a ajouté la loi sur la réduction de l’inflation qui, malgré le battage médiatique, est loin d’apporter le changement systémique nécessaire pour faire face à l’urgence climatique.

En conséquence, les Démocrates s’attendaient, au début de l’année, à être battus à plates coutures lors des élections de mi-mandat. La cote de popularité de Biden oscillant autour de 40 %, les Démocrates et les soi-disant progressistes se sont inspirés du maire de New York, Eric Adams, pour préparer une campagne axée sur « la loi et l’ordre ». Et le seul « programme pour l’emploi » que Biden semblait défendre à l’époque était l’augmentation du financement de la police.

 

Les Républicains ont gaspillé une opportunité historique

 

Les étoiles étaient alignées pour que le GOP remporte une victoire record à mi-mandat, balayant la Chambre et le Sénat et augmentant considérablement sa domination dans les gouvernements des États. Mais les Républicains de Trump ont tout gâché pour deux raisons : l’annulation de la jurisprudence Roe v. Wade par la Cour suprême, qui a ouvert la possibilité d’une vague d’interdictions de l’avortement dans les États, et la menace de Trump pour la démocratie représentée par le « Big Lie » (le gros mensonge) selon lequel il aurait battu Biden aux élections de 2020.

Le droit à l’avortement a peut-être été le plus déterminant pour couler les Républicains. Près des deux tiers des personnes interrogées se sont opposées à la décision de la Cour, composée par Trump, dans le procès Dobbs v. Jackson Women’s Health Organization (2). Même les « États rouges » étaient prêts à voter pour le droit à l’avortement contre le GOP, comme l’a prouvé le Kansas plus tôt cette année lorsque 60 % des électeurs ont rejeté une mesure électorale qui aurait permis au corps législatif d’imposer une interdiction. Et lors des élections de mi-mandat, plus d’un quart des électeurs ont indiqué que l’avortement était la question clé qui avait déterminé leur vote. Ils ont voté Démocrate par une marge de 3 contre 1.

 

Le deuxième facteur le plus important était le soutien populaire à la démocratie. Le « gros mensonge » de Trump a coûté des voix aux Républicains dans des circonscriptions décisives en 2022 : les « négationnistes électoraux » qu’il a choisis y ont perdu environ 5 % des voix en comparaison avec la situation d’il y a deux ans. Tous les candidats qu’il a soutenus dans les scrutins pour le poste de secrétaire d’État, dans l’espoir de truquer les futures élections, ont été battus.

Les Démocrates ont pivoté pour profiter du dégoût généralisé envers Trump et ses Républicains MAGA (3). Ils n’ont pas fait campagne sur leur bilan décevant ni présenté de nouvelles propositions. La plupart d’entre eux se sont positionnés en tant que modérés, et les « progressistes » ont abandonné presque toute mention du Green New Deal (4), de Medicare for All (5), et de la débudgétisation de la police. Au lieu de cela, ils se sont concentrés sur la promesse de défendre l’avortement, la démocratie, la sécurité sociale et Medicare contre les attaques des candidats MAGA.

En réalité, le bilan des Démocrates en matière d’avortement, d’élections démocratiques et de lutte contre la droite est loin d’être brillant. Bien qu’ils aient eu le contrôle total du gouvernement à plusieurs reprises depuis la jurisprudence Roe v. Wade, ils ne l’ont jamais codifiée en tant que loi nationale, ils ont ratifié à plusieurs reprises l’interdiction du financement fédéral de l’avortement et sont restés les bras croisés alors que le droit légal et l’accès à l’avortement étaient de plus en plus restreints.

Au lieu d’étendre la démocratie, le parti a défendu le collège électoral antidémocratique, s’est battu pour écarter du scrutin les autres partis de gauche et a rivalisé avec les Républicains en matière de découpage électoral pour se garantir des districts « sûrs ». En fait, les responsables du parti dans l’État de New York ont déploré l’inefficacité de leur pratique du charcutage électoral comme principale explication de leurs défaites lors des élections de mi-mandat.

Et au lieu de combattre la droite, ils ont utilisé les Républicains MAGA pour gagner des élections. Dans une manœuvre cynique et dangereuse, les Démocrates ont dépensé près de 40 millions de dollars en publicités pour les candidats soutenus par Trump dans l’espoir de victoires faciles lors des élections générales. Si cette tactique a contribué à endiguer la « vague rouge » en 2022, elle a permis à l’extrême droite de se faire entendre plus largement, ce qui est particulièrement dangereux alors que les groupes fascistes tels les Proud Boys sont en pleine expansion.

 

Gros sous, polarisation et match nul

 

Les élections de mi-mandat de 2022 ont opposé un Parti Républicain de plus en plus à droite, rempli de théoriciens du complot, de racistes et d’antisémites déclarés, et d’homophobes-transphobes, à un parti « sain » du « centre » capitaliste. Diverses composantes de la classe capitaliste ont injecté de l’argent dans les partis, dans une compétition pour un électorat polarisé et excité, composé d’électeurs qui sont en moyenne plus âgés, plus riches et plus blancs que le reste de la population.

Près de 17 milliards de dollars – un montant record – ont été dépensés au cours de ce cycle électoral, la plupart provenant de riches particuliers et d’entreprises. Les milliardaires individuels et leurs comités d’action politique personnels ont fourni 20 % du financement des Républicains et près de 15 % de celui des Démocrates.

Les deux partis se sont partagés les contributions de neuf secteurs différents de la classe capitaliste. Les Démocrates ont reçu 49 % de l’ensemble des fonds – moins que les 54 % qu’ils avaient reçus en 2020, mais légèrement plus que les 47 % récoltés lors des dernières élections de mi-mandat. Plus de 60 % des dons reçus par les Républicains proviennent des secteurs de l’énergie/ressources naturelles, de la construction, de l’agroalimentaire et des transports, tandis que les Démocrates ont continué à récolter plus de 60 % des dons dans les secteurs des communications/électronique et des soins de santé. Les Démocrates ont remporté une courte majorité des dons provenant des secteurs de la finance, de l’assurance et de l’immobilier (51 %), tout en augmentant leur part de financement provenant de l’industrie de la défense (43,4 % en 2022, contre 39,3 % en 2018) et de la catégorie de l’industrie manufacturière et des grandes « entreprises diverses » (49,3 % en 2022, contre 47,1 % en 2018).

Les Démocrates ont récolté une plus grande partie des fonds provenant de petits donateurs, en particulier dans les États décisifs pour l’équilibre du pouvoir au Sénat. Ils ont collecté deux fois et demie plus de fonds que les Républicains en Pennsylvanie, près de deux fois plus dans le New Hampshire, et un montant significatif en Arizona, au Nevada et en Géorgie.

Les deux partis ont mobilisé leurs bases polarisées, assurant une élection clivée, conclue par des victoires étroites de l’un ou l’autre. Le taux de participation des électeurs semble être de 46,4 % cette année, en baisse par rapport au sommet de 50,3 % atteint en 2018, mais nettement supérieur aux 37-42 % enregistrés lors de la plupart des élections de mi-mandat du siècle.

Si les Républicains ont remporté 51,2 % des votes populaires exprimés pour la Chambre, les sondages à la sortie des bureaux de vote indiquent un électorat en mutation. En termes d’âge, de sexe, de race et de type de lieux de résidence des électeurs (urbain/suburbain/rural), la composition de l’électorat est restée essentiellement la même qu’en 2020 et 2018. Les Démocrates ont continué à perdre du terrain chez les Latinos, les Asiatiques et les électeurs urbains et suburbains par rapport à 2020 et 2018. La proportion d’électeurs à faible revenu (dont le revenu du ménage est inférieur à 100 000 dollars) continue de diminuer, passant de 67 % en 2018 à 63 % en 2022. La part démocrate de ces électeurs a chuté de 56 % à 48 %, les Républicains remportant la majorité des électeurs des ménages gagnant plus de 50 000 dollars. Alors que le pourcentage d’électeurs titulaires d’un baccalauréat ou d’un diplôme supérieur a augmenté à 44 % cette année, contre 41 % et 42 % respectivement en 2018 et 2022, les Démocrates ont perdu du terrain même parmi les électeurs les plus instruits.

La victoire ou la défaite dans cette élection serrée a été déterminée par les deux questions clés que sont l’avortement et la démocratie. Comme l’a fait valoir Nate Cohn (6), les Démocrates ont obtenu les meilleurs résultats dans les circonscriptions où la défense de l’avortement et de la démocratie étaient des questions centrales, gagnant souvent par des marges très étroites dans les circonscriptions « décisives » du pays. Là où ces deux questions n’étaient pas prédominantes, le GOP a remporté des victoires, comme à New York et de manière plus spectaculaire en Floride.

La capacité des Démocrates à empêcher une importante majorité républicaine à la Chambre et à conserver leur avantage au Sénat est le résultat d’une forte participation des jeunes électeurs et des femmes, avec une minorité de Républicains et de nombreux indépendants qui ont voté contre Trump et ses partisans de la droite dure. Dans un certain nombre d’États, les électeurs pro-républicains ont « divisé leur vote », se prononçant pour des Républicains « modérés » comme Brian Kemp pour le poste de gouverneur de Géorgie, mais contre les Républicains MAGA tels que Herschel Walker pour le Sénat.

 

Des lueurs d’espoir dans les sondages

 

Les résultats des principaux sondages en sortie des urnes ont prouvé que des majorités importantes soutiennent les politiques sociales et économiques progressistes. Dans la lignée du rejet de la décision de la Cour suprême du 24 juin 2022 par la population, les gens ont voté pour le droit à l’avortement dans un grand nombre de circonscriptions en Californie, au Kentucky, au Michigan, au Montana et dans le Vermont, les positions pro-choix obtenant entre 52 % et 77 % dans ce dernier État.

Une tendance similaire s’est manifestée sur une foule d’autres questions. Un référendum en Oregon sur un amendement constitutionnel garantissant l’accès universel aux soins de santé a été adopté à une courte majorité de 50,6 %. En Arizona, une mesure exigeant une carte d’identité avec photo pour voter a été rejetée par une marge de 60 % contre 40 %, tandis que des mesures visant à améliorer l’accès au vote ont été approuvées dans le Connecticut, le Michigan et le Nevada par 53 % à 60 % des voix. Mais ce vote pro-démocratie n’était pas sans exception. Dans certains cas, les électeurs se laissent séduire par des arguments réactionnaires et nationalistes. Ainsi, par exemple, dans l’Ohio, une mesure refusant le suffrage aux non-citoyens est passée avec 77 % des voix.

Par contraste, plusieurs États ont voté l’abolition de l’esclavage (à peine 157 ans après la ratification du treizième amendement) et la limitation du recours au travail en prison. La légalisation de la marijuana a été approuvée dans l’Arkansas, le Maryland, le Missouri, ainsi que dans le Dakota du Sud et du Nord, avec des pourcentages allant de 53 % à 66 %.

Plus de 55 % des électeurs du Nevada ont soutenu une augmentation du salaire minimum à 12 dollars de l’heure, et 58,5 % ont voté pour que le salaire minimum du Nebraska passe à 15 dollars d’ici 2026. L’Illinois a adopté à plus de 58 % un amendement constitutionnel consacrant le droit à la négociation collective.

Il est clair que ces mesures ont des effets limités : au mieux, elles défendent le statu quo sur le droit à l’avortement et augmentent le salaire minimum à un taux inférieur à celui de l’inflation. L’effet de l’amendement de l’Illinois sur la négociation ne dépendra pas de la nouvelle loi – ce n’est jamais le cas, malgré les récentes affirmations contraires – mais de l’auto-organisation des travailleurs et de leur capacité à forcer les employeurs à reconnaître les syndicats et à faire des concessions.

 

Un gouvernement divisé et paralysé

 

Les élections de 2022 ont produit une « gouvernance divisée » dans tout le pays. Au niveau fédéral, cette division produira une paralysie législative. La Chambre contrôlée par les Républicains, remplie de réactionnaires trumpistes, bloquera même les réformes les plus mineures tout en tentant de mettre en place des audiences de destitution contre Joe Biden. Les Démocrates ne seront pas en mesure de tenir leur promesse de codifier la jurisprudence Roe v. Wade ni de faire grand-chose d’autre. Le Congrès et la Maison Blanche pourront agir sur les questions pour lesquelles ils partagent un consensus réactionnaire, en particulier le renforcement de la position de l’impérialisme américain dans sa rivalité croissante avec la Chine.

Dans les États gouvernés par les Démocrates, au mieux le statu quo sera préservé, mais, en cas de récession, les politiciens seront sous pression pour imposer des mesures d’austérité afin d’équilibrer les budgets. Les gouvernements des États républicains lanceront de nouveaux assauts réactionnaires contre l’autonomie corporelle (notamment les droits reproductifs et transgenres), l’accès aux élections, la « justice pénale », l’éducation, les droits syndicaux et les dépenses sociales.

Le gouvernement étant paralysé, en particulier au niveau fédéral, les branches non élues et non responsables de l’appareil d’État capitaliste agiront de plus en plus à la place du pouvoir législatif. Cela signifie un rôle beaucoup plus important pour la branche exécutive, dominée par les Démocrates centristes, le pouvoir judiciaire fédéral, contrôlé par des juges réactionnaires nommés par le Parti Républicain, et la Réserve Fédérale, gérée par des bureaucrates chargés d’assurer la croissance et la rentabilité du capital, quel qu’en soit le coût pour les travailleurs.

 

Pas le moment de prendre ses désirs pour des réalités

 

Malheureusement, une grande partie de la gauche américaine ignore ces réalités et brosse un tableau rose des victoires des progressistes et des socialistes au sein du Parti démocrate. Branko Marcetic, un rédacteur de Jacobin, a déclaré que « la gauche a remporté quelques victoires majeures ». Dans une déclaration publiée le lendemain des élections de mi-mandat, Suz Warshell, membre du comité électoral national des Socialistes démocrates d’Amérique (DSA), s’est vantée qu’il y avait en fait une « vague rouge… mais pas celle à laquelle les experts s’attendaient ». Elle a proclamé : « Les socialistes gagnent à tous les niveaux du scrutin et dans tout le pays. Des sénateurs d’État aux représentants des États-Unis en passant par les présidents des conseils municipaux, les DSA ont montré que les arguments socialistes peuvent gagner à tous les niveaux et partout. »

La réalité est plus complexe. Comme l’affirme Kim Moody dans un article à paraître dans Against the Current (7), seuls dix des vingt-trois démocrates soutenus par le sénateur Bernie Sanders, les Justice Democrats et Our Revolution ont été élus, tandis que quatre députés « progressistes » sortants ont été battus dans des circonscriptions redessinées, ce qui a conduit à un gain de seulement trois « membres de gauche » à la Chambre. Deux d’entre eux, Greg Casar, du Texas, et Summer Lee, de Pennsylvanie, ont rejoint le Squad (8), portant son effectif à un grand total de 12 membres sur les 435 que compte la Chambre.

Alors que le Squad s’est engagé à lutter pour un Green New Deal et Medicare for All et contre l’aide militaire et économique des États-Unis à Israël lors de leur première élection en 2018, leur pratique a été bien différente. Jamal Bowman, un membre des DSA qui a rejoint le Squad en 2020, a visité Israël et a voté à plusieurs reprises pour l’aide militaire à l’État sioniste, en violation du soutien des DSA au mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS). Il est vrai que les autres membres du Squad parlent encore, à l’occasion, du Green New Deal ou de Medicare for All. Mais ils ont effectivement abandonné ces questions (de même que toute allusion à la réduction du financement de la police) en faveur du plan Build Back Better de Biden. Lorsque le plan initial de Biden a été rejeté, le Squad n’a pas repris l’agitation pour des réformes plus radicales, mais est devenu un auxiliaire de la loi édulcorée de la majorité démocrate centriste sur la réduction de l’inflation. En d’autres termes, la promesse du Squad d’être une voix pour le socialisme démocratique au Congrès américain a été sacrifiée – tout comme les tentatives précédentes de la gauche d’utiliser les Démocrates pour faire avancer des réformes substantielles – dans l’intérêt de « l’unité » au sein du deuxième parti le plus enthousiaste du capitalisme dans le monde.

D’autres membres de la gauche radicale ont tenté de mettre en avant l’élection de Démocrates dits progressistes, en particulier celle de John Fetterman, en Pennsylvanie. Notons que dans Jacobin Ben Burgis a critiqué l’adhésion critique à Israël par Fetterman, tout en louant son style populiste et sa politique « pro-ouvrière ». Un rapide coup d’œil au site officiel de la campagne de Fetterman révèle une réalité très différente. Sa politique « pro-ouvrière » consiste en de légères réductions d’impôts pour les ménages à revenus moyens et faibles et en une adhésion sans réserve au plan nationaliste de Biden visant à « relocaliser » une partie de la production aux États-Unis – bien loin de la promesse du Green New Deal de créer des emplois syndiqués respectueux de l’environnement. En ce qui concerne les soins de santé, M. Fetterman refuse d’adhérer à l’initiative Medicare for All et à l’abolition des assurances privées. Il soutient plutôt « toute législation qui nous rapproche de l’objectif d’une couverture universelle des soins de santé » – une position qui inclut l’extension des subventions publiques de l’Obamacare au secteur privé des soins de santé. En ce qui concerne la « réforme de la justice pénale », Fetterman fait écho à l’appel de Biden en faveur d’une augmentation du financement de la police. Il n’est pas favorable à une amnistie universelle pour les immigrés sans papiers mais appelle à un système d’immigration « strict, sécurisant et humain » qui « moderniserait notre système de visas et nos programmes d’asile afin qu’ils ne puissent pas être exploités par de mauvais acteurs » et offrirait une voie vers la citoyenneté uniquement aux « travailleurs de première ligne, aux propriétaires de petites entreprises » et aux DREAMers (9).

 

Démocrates, un solide parti de centre droite

 

Les Démocrates sont sortis des élections de mi-mandat en célébrant leur victoire au Sénat et leur défaite de justesse à la Chambre, se proclamant être un solide parti de l’establishment capitaliste de centre droite. Ni le départ à la retraite de Nancy Pelosi en tant que leader démocrate de la Chambre des représentants au bout de 20 ans, ni les conflits liés aux pertes subies dans des États traditionnellement « bleus » (10) comme New York ne remettront en cause le contrôle du Parti démocrate par des centristes ouvertement favorables aux entreprises et des pseudo-progressistes.

Tous les principaux prétendants au remplacement des leaders démocrates actuels de la Chambre des représentants – Hakeem Jeffries (New York), Katherine Clark (Massachusetts) et Pete Aguilar (Californie) – se situent bien dans le courant dominant. Jeffries, le successeur le plus probable de Pelosi à la tête du groupe parlementaire du parti et potentiellement le premier président afro-américain de la Chambre si les démocrates regagnent la majorité, est un opposant virulent de la gauche du Parti démocrate, s’opposant notamment au Green New Deal, à Medicare for All et à toute mesure visant à réduire le financement de la police. 

Alors qu’Alexandria Ocasio-Cortez n’a pas encore soutenu Jeffries, disant qu’elle et son caucus avaient besoin de temps pour « faire le point », il est probable qu’elle et le reste du Squad vont, comme ils l’ont toujours fait, se rallier à la direction du courant dominant dans l’intérêt de « l’unité du parti ». Ils le font en dépit du fait que l’establishment démocrate les rejette avec mépris. Jeffries, par exemple, a créé un comité d’action politique, le Team Blue, spécialement conçu pour repousser lors des primaires les principaux concurrents de la gauche face aux démocrates centristes. Il a déclaré à The Atlantic qu’il « n’y aura jamais un moment où je plierai le genou devant le socialisme démocratique de la gauche dure ».

Tout comme les récriminations qui fusent dans l’État de New York – un bastion démocrate qui a vu le parti perdre quatre sièges – ne conduiront pas non plus à un quelconque virage à gauche. Immédiatement après l’élection, plus de 1 100 dirigeants démocrates de l’État, allant d’Ocasio-Cortez au contrôleur municipal pro-immobilier Brad Lander, ont appelé la gouverneure Kathy Hochul à remplacer Jay Jacobs à la présidence du parti. Jacobs, qui a longtemps été un homme de main du parti, connu pour sa chasse aux sorcières contre la gauche du parti, continue néanmoins à bénéficier du soutien de la plupart des dirigeants démocrates de l’État, y compris le gouverneur et la majorité de la délégation du Congrès. Les Démocrates de New York sont plus susceptibles de suivre l’exemple du maire Adams, qui souhaite que les Démocrates se déplacent vers la droite en général sur la réforme de la justice pénale (rétablissement de la caution en espèces) et le maintien de l’ordre, et adoptent des politiques plus « favorables aux entreprises ». Les démocrates ont déjà adopté cette stratégie, car les centristes accusent la gauche et son extrémisme d’être responsables des pertes subies par le parti lors des élections de mi-mandat.

 

Lutte des fractions au sein de la droite républicaine

 

Contrairement aux Démocrates, les Républicains sont fortement divisés entre un establishment de droite mais solidement capitaliste et une aile MAGA de plus en plus extrême qui a pour base les classes moyennes traditionnelles et les petits entrepreneurs. Les grands donateurs républicains, qui toléraient auparavant les politiques erratiques et le comportement personnel de Trump tant qu’il offrait des réductions d’impôts et d’autres politiques pro-entreprises, en ont assez de lui après trois défaites consécutives aux élections nationales de 2018, 2020 et 2022. Maintenant, ils ne veulent rien avoir à faire avec la deuxième campagne présidentielle de Trump.

Confronté à la perte d’électeurs « modérés », républicains ou indépendants, dans des districts clés et au soutien indéfectible à Trump au sein du cœur de l’électorat républicain, l’establishment du parti se regroupe autour du gouverneur de Floride, Ron DeSantis. Comme le prouve sa victoire écrasante à l’élection du gouverneur de Floride, il a la capacité de conserver la loyauté des bigots de la classe moyenne avec un programme de droite dure (raciste, transphobe, homophobe et mépris pour les immigrants), tout en évitant le narcissisme et le populisme factice de Trump et de son « gros mensonge ».

DeSantis, qui a fait ses études à Yale et Harvard, est considéré par les capitalistes traditionnellement républicains comme une alternative saine et sûre à Trump, qui peut encore faire des appels à la base du parti et appliquer les politiques économiques néolibérales qu’ils soutiennent. Les Républicains se dirigent clairement vers une bataille majeure dans leur primaire présidentielle entre l’establishment du parti, dirigé par DeSantis, et Trump et ses alliés, qui ont un soutien important et organisé parmi les militants « de base » et les électeurs républicains.

La lutte entre fractions républicaines qui s’annonce va certainement améliorer les perspectives électorales des Démocrates en 2024. Mais personne ne devrait croire que la droite est morte et enterrée. Les conditions sociales qui ont permis une croissance continue de l’extrême droite n’ont pas disparu. Malgré la récente baisse de l’inflation, la stagflation persistera, ce qui continuera à éroder le soutien à Biden, qui, malgré sa cote de popularité en chute libre, semble déterminé à se présenter à la présidence en 2024 à l’âge de 82 ans.

Avec un gouvernement paralysé par les divisions, les Démocrates ne pourront rien faire ou presque pour soutenir leur prétention à trouver des solutions à la baisse du niveau de vie de la population. En outre, les branches non élues de l’État imposeront des politiques qui fourniront un terrain encore plus fertile à la poursuite de la croissance de la droite. La Réserve fédérale (FED), dans sa guerre incessante contre l’inflation, est susceptible d’augmenter fortement les taux d’intérêt jusqu’à 7 %, voire plus, déclenchant une récession, des crises budgétaires, une vague de faillites d’entreprises et une hausse du chômage.

La Cour suprême de droite émettra des avis qui mettront en pièces les réglementations sur les entreprises, ainsi que les protections des droits des travailleurs et des opprimés. Elle s’apprête déjà à annuler la discrimination positive dans l’enseignement supérieur et a en ligne de mire la loi de 1965 sur le droit de vote. Les Républicains peuvent profiter de tout cela pour promouvoir leurs solutions réactionnaires aux vrais problèmes.

 

Où en est la gauche socialiste ?

 

Avec la route de la réforme législative (une voie toujours plutôt étroite en l’absence de luttes sociales massives et perturbatrices) effectivement fermée par le « gouvernement divisé » et les deux partis capitalistes se déplaçant vers la droite, quelles sont les perspectives pour la gauche socialiste aux États-Unis ? Sera-t-elle capable de pivoter vers la reconstruction de luttes sociales indépendantes ? Serons-nous capables de donner la priorité aux mouvements pour la justice reproductive et l’autonomie corporelle, aux campagnes abolitionnistes contre la violence policière et le racisme, à la libre circulation des travailleurs, et aux luttes pour la reconnaissance syndicale, l’augmentation des salaires, la réduction des heures de travail, et un minimum de protection contre l’implacable intensification du travail ?

Seules les luttes dans les rues et sur les lieux de travail peuvent repousser les attaques de nos patrons, briser l’impasse législative et obtenir des changements progressifs. De telles luttes ont toujours été et restent la voie pour établir la gauche socialiste comme une alternative aux deux partis capitalistes : les Républicains d’extrême droite et les Démocrates centristes.

Si l’histoire récente de la gauche socialiste américaine est une indication, la gauche aura besoin d’une réorientation stratégique et tactique fondamentale. Depuis au moins la campagne de Sanders en 2016, et certainement depuis le cycle électoral de 2020, la gauche s’est presque exclusivement concentrée sur l’activité électorale au sein du Parti démocrate.

Certains ont prétendu que l’élection de socialistes sur la « ligne de vote » des Démocrates faisait partie de la construction d’un « substitut de parti » qui pourrait éventuellement effectuer une « rupture déguisée » et lancer un nouveau parti socialiste de masse. Malheureusement, même les grandes lignes d’un tel « substitut de parti » sont introuvables. Avec Sanders battu à deux reprises, le Squad contenu et piégé à la Chambre, et les politiciens au niveau local et national également piégés, la stratégie a donné peu de résultats. Au mieux, les DSA « élus » ont été réduits à une « opposition loyale » au sein du parti. Au pire, ils sont devenus des apologistes de l’establishment du Parti démocrate.

Cet électoralisme a eu des conséquences dévastatrices. La gauche a été tirée de la rue et vers la droite par cette incursion en territoire ennemi d’un parti capitaliste. Les principales voix de la gauche américaine, que ce soit dans Jacobin ou dans The Nation, en ont été réduites à écrire des rubriques de conseils encourageant les Démocrates à adopter un programme de réforme social-démocrate, que les dirigeants du parti ne lisent pas et, lorsqu’ils le font, ils le dénoncent comme extrémiste et autodestructeur.

En fin de compte, le soutien de facto de la gauche aux Démocrates laisse les Républicains, en particulier leur aile droite populiste, comme étant la seule opposition visible. Aussi réactionnaires que soient leurs fausses solutions, la droite et non la gauche ont tout à gagner de ce que Mike Davis a appelé il y a longtemps le « mariage stérile » de la gauche, des travailleurs et des mouvements des opprimés avec le Parti démocrate.

Le moment est venu de procéder à une évaluation critique de la stratégie électorale ratée de la gauche et de passer à une stratégie fondamentalement différente – une orientation sur l’organisation indépendante de la lutte de classe et sociale. La vérité est que sans la mobilisation Occupy, les soulèvements de Black Lives Matter (BLM), les marches des femmes, les luttes pour les droits des immigrants et la révolte des enseignants des États rouges, le programme de Sanders et du Squad n’aurait eu que peu ou pas d’écho.

Une grande partie de la gauche a détourné du temps, de l’argent et de l’énergie qui auraient pu être mieux utilisés à construire de telles luttes et leur infrastructure de dissidence dans les campagnes électorales démocrates. En conséquence, après toutes les campagnes électorales, la gauche socialiste est plus faible et notre programme (Green New DealMedicare for All, définancement de la police, etc.) politiquement marginal, tandis que les mouvements sociaux sont démobilisés, à l’exception des syndicats.

L’évolution du soulèvement de Black lives matter en 2020 n’est que la confirmation la plus récente de cette dynamique. Le printemps et l’été 2020 ont vu naître le plus grand mouvement social de l’histoire des États-Unis, dénonçant les meurtres de personnes de couleur par la police et transformant en bon sens pour des millions de personnes l’exigence abolitionniste de définancement de la police et de financement des services sociaux.

L’establishment démocrate, avec peu ou pas d’opposition organisée de la gauche à l’intérieur et à l’extérieur du Parti démocrate, a démobilisé ces luttes et canalisé la colère populaire dans la campagne électorale de Biden. Aujourd’hui, les Démocrates – y compris les soi-disant progressistes – font campagne sur l’augmentation du financement de la police et rejoignent la droite pour diaboliser les abolitionnistes.

Les conditions qui ont donné lieu à la dernière décennie de luttes sociales de classe n’ont fait que s’intensifier, en particulier sur les lieux de travail. Aujourd’hui, nous assistons à des campagnes de syndicalisation chez Starbucks et Amazon, à des grèves de travailleurs de l’enseignement supérieur en Californie et à New York, à la résistance de la base dans les syndicats de cheminots contre le contrat que leurs responsables ont conclu avec l’administration Biden, et à des luttes contractuelles majeures qui se profilent chez UPS et d’autres employeurs au cours de l’année à venir.

La gauche socialiste doit se réorienter sur ces luttes, en aidant à organiser des syndicats indépendants et des regroupements de base qui peuvent gagner contre les employeurs et leurs alliés dans l’administration Biden. Nous devrons abandonner le projet sisyphéen de transformer ou d’influencer le Parti démocrate, qui fera dérailler ces luttes – ou les réprimera. 

Si la gauche ne réoriente pas ses priorités vers la lutte de masse, nous serons incapables de continuer à être une force indépendante capable de défier à la fois le centre capitaliste en faillite et l’extrême droite en pleine expansion.

 

 

Charles Post enseigne la sociologie à la City University of New York. Rédacteur de Spectre, il est militant syndical, membre du collectif Tempest et des DSA. Il a publié The American Road to Capitalism: Studies in Class-Structure, Economic Development and Political Conflict, 1620-1877, Brill 2011, Leiden. 

 

Ashley Smith est rédacteur en chef de Spectre et membre des Democratic Socialists of America (DSA) à Burlington, dans le Vermont. 

 

Cet article a d’abord été publié par le site web du collectif Tempest, qui se présente comme « une modeste tentative d’aider à contribuer à la reconstitution de la politique et de l’organisation révolutionnaire aux États-Unis aujourd’hui » : https://www.tempestmag.org/2022/11/polarization-and-paralysis/ 

 

(Traduit de l’anglais par JM).

 

1. Le Parti républicain utilise la couleur rouge et comme logo un éléphant rouge, blanc et bleu.

2. Dobbs v. Jackson Women’s Health Organization est une décision de la Cour suprême des États-Unis du 24 juin 2022 qui statue que la Constitution ne confère pas le droit à l’avortement. Elle renverse les jurisprudences Roe et Casey en annulant les droits spécifiques à la vie privée, en éliminant l’implication du gouvernement fédéral et en laissant la question à trancher par les États.

3. Abréviation de Make America Great Again (rendre sa grandeur à l’Amérique), le slogan électoral de Donald Trump.

4. Green New Deal est le nom donné au projet global d’investissements, notamment dans les énergies décarbonées, visant à répondre aux grands enjeux environnementaux et climatiques, tout en promouvant la justice sociale.

5. Medicare est le nom initialement donné à un programme fournissant des soins médicaux aux familles des personnes servant dans l’armée dans le cadre de la loi adoptée en 1956. En 1965, sous la direction du président Lyndon Johnson, le Congrès promulgue Medicare pour fournir une assurance maladie aux personnes âgées de 65 ans et plus, indépendamment du revenu ou des antécédents médicaux. Medicare for All est la revendication d’un un système de santé à payeur unique pour toutes et tous.

6. Nate Cohn, « Why Some States Went in Different Directions in Midterms », The New York Times du 11 novembre 2022.

7. Kim Moody, « 2022 Midterm Elections: Stuck in the Mud, Sinking to the Right », Against the Current n° 223, https://solidarity-us.org/moody_2022_midterms/

8. Le Squad (ce terme provient de la culture hip-hop de la côte Est et décrit « un groupe de personnes auto-choisi avec lequel vous voulez vous identifier ») est un groupe de membres démocrates de la Chambre des représentants des États-Unis. Il était initialement composé de quatre femmes élues lors des élections à la Chambre des représentants des États-Unis en 2018 : Alexandria Ocasio-Cortez (alias AOC) de New York, Ilhan Omar du Minnesota, Ayanna Pressley du Massachusetts et Rashida Tlaib du Michigan. Elles ont depuis été rejointes par Jamaal Bowman, élu à New York, et Cori Bush, élue dans le Missouri, lors des élections de 2020 à la Chambre des représentants des États-Unis. Les élu∙es de 2022 ne rejoindront officiellement ce groupe qu’en janvier 2023. Greg Casar (élu au Texas) et Summer Lee (élue en Pennsylvanie) ont déjà annoncé vouloir y participer. On mentionne de plus Marie Newman (élue dans l’Illinois), Mondaire Jones (élu à New York), Becca Balint et Delia Ramirez (élues dans le Vermont). Ritchie Torres (élu à New York), un autre membre potentiel, a déclaré pour sa part qu’il n’avait « aucune intention de rejoindre le Squad ».

9. Il s’agit des bénéficiaires potentiels du DREAM Act (acronyme pour Development, Relief, and Education for Alien Minorsdéveloppement, secours et éducation pour les mineurs étrangers) – un projet de loi proposé au Sénat des États-Unis en août 2001 par les sénateurs Dick Durbin (Parti démocrate) et Orrin Hatch (Parti républicain) et rejeté en décembre 2010.

10. Le logo officiel du Parti démocrate est de couleur bleue.

traducteur
JM

 

Auteur·es

Ashley Smith

Ashley Smith est un journaliste militant socialiste qui vit à Burlington, dans le Vermont (États-Unis). Il a écrit dans de nombreuses publications, dont Truthout, International Socialist Review, Socialist Worker, ZNet, Jacobin, New Politics, Spectre et bien d’autres publications en ligne et imprimées (et Inprecor a repris ses articles à plusieurs reprises). Il travaille actuellement sur un livre pour Haymarket Books intitulé Socialism and Anti-Imperialism