Contre Janša contre Bruxelles, la gauche peut-elle relever un défi ?

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Le 3 juin, la Slovénie a organisé des élections législatives anticipées. Le Premier ministre sortant, Miro Cerar, a déclenché les élections - les huitièmes élections législatives depuis que la République a déclaré son indépendance de l'ex-République fédérative socialiste de Yougoslavie (RSFY) en 1991 - lorsqu'il a démissionné en mars, trois mois avant la fin de son mandat. Depuis 2008, aucun gouvernement n'a duré un mandat complet.

Le soir de l'élection, l'image la plus frappante était peut-être une carte du pays montrant chaque région. Toutes étaient marquées en jaune - la couleur du parti d'extrême droite victorieux, le Parti démocrate slovène (SDS). Une image des circonscriptions électorales était également homogène, avec seulement quelques bastions de gauche brisant la mer de jaune.

Bordant l'Italie, l'Autriche, la Hongrie et la Croatie - gouvernées par des partis de la droite traditionnelle ou d'une nouvelle extrême droite - ce petit pays alpin semble avoir finalement rejoint " le nouvel axe du mal postcommuniste d'Europe de l'Est ».

Mais le paysage politique en Slovénie est beaucoup plus complexe. Pour le comprendre, nous devons d'abord examiner la dynamique de la transition post-socialiste.

 

La transition

En 1991, après un gouvernement d'union nationale de courte durée, un groupe de jeunes ex-communistes et ex-socialistes s'est imposé pour diriger la transition loin du socialisme. Sous le nom de Démocrates libéraux de Slovénie (LDS), ce parti a conduit trois gouvernements jusqu'en 2004.

L'intégration dans les marchés occidentaux a été progressive mais efficace. Les organisations syndicales étaient un des seuls obstacles, mais elles ont retardé le processus de privatisation. Les entreprises d'État ont finalement été transférées à des particuliers, mais en grande partie à des capitalistes locaux. Néanmoins, ces derniers sont rapidement devenus partie intégrante d'un réseau complexe de pouvoir post-socialiste.

L'adhésion à l'Union européenne et à l'Union monétaire européenne était le principal but du gouvernement de transition. Cela nécessitait des politiques conformes aux critères de l'UE, c'est-à-dire rendre l'économie slovène plus dépendante des exigences des capitaux extérieurs et du marché. Ce qui semblait être une adaptation neutre des normes institutionnelles était en réalité un glissement vers une subordination économique toujours plus grande.

En 2004, la Slovénie a adhéré à l'UE et, peu de temps après, le parti d'extrême droite SDS a remporté les élections générales. Sa stratégie de gouvernance différait de celles des gouvernements précédents. Il a poussé à une libéralisation plus rapide et a lancé une offensive sur les institutions publiques telles que l'enseignement supérieur et le système de protection sociale. Les mobilisations syndicales ont aidé à mettre fin à certaines des réformes néolibérales les plus dures du gouvernement, comme un système fiscal uniforme, mais le gouvernement conduit par le SDS a poursuivi le modèle d'intégration dans l'UE. Malgré une relative prospérité, les retombées promises ne se sont pas concrétisées pour de nombreux travailleurs slovènes.

Le SDS a perdu le pouvoir suite aux élections de 2008, alors que son leader, Janez JanÃa, était accusé de corruption. Les sociaux-démocrates (SD) - successeurs de la Ligue des communistes de Slovénie, mais maintenant adeptes de la " troisième voie » - ont pris le pouvoir pour la première fois. Mais leur règne a été bref. Lorsque la crise financière a frappé en 2008, le parti a été pris au dépourvu. La contraction du secteur allemand d'exportation a réduit la production en Slovénie, qui dépend de ce marché. Entre le dernier trimestre de 2008 et le premier trimestre de 2009, la production a chuté de plus de 25 %, une des plus fortes baisses des pays de l'OCDE. Mais le plus gros accident s'est produit dans l'épine dorsale de cette économie : au cours du dernier trimestre de 2008 la production du secteur de la construction a été réduite de plus de 30 %. Entre 2007 et 2010, près de 35 000 emplois ont été perdus et le taux de chômage a grimpé à plus de 7 %, avec des nombres à deux chiffres chez les jeunes.

Les électeurs, mécontents du bilan des sociaux-démocrates, ont donné une nouvelle chance au SDS. Le parti a rapidement mis en œuvre l'austérité, provoquant une colère populaire qui a entraîné les plus grands soulèvements dans l'histoire du pays. La première manifestation de masse, à l'automne 2012, avait été convoquée par les syndicats, mais il y a eu ensuite des mobilisations spontanées, avec une orientation anti-corruption. À la fin de février 2013, le gouvernement dirigé par le SDS tombait. Son successeur était un gouvernement de centre-gauche dirigé par Alenka BratuÃek, première (et toujours seule) femme au poste de Premier ministre. Elle a pris un ton technocratique, craignant l'intervention de la Troïka (la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international). Pendant ce temps, la crise en Slovénie atteignait son apogée, avec des pertes totales des sociétés non financières à 2,2 milliards d'euros et un taux de chômage à 10 % de la population totale (et 25 % des jeunes). Près de 300 000 personnes avaient un revenu inférieur au seuil de pauvreté [sur 2 millions d'habitants].

En 2014, à la suite de luttes intestines au sein de son propre parti, Slovénie positive (PS), BratuÃek a démissionné et, après des élections générales, a été remplacée en tant que Premier ministre par Miro Cerar. Juriste bien connu et fils d'un gymnaste médaillé olympique et de la première femme au poste de Procureur général, Cerar a remporté les élections sur une plate-forme ouvertement centriste, projetant une image de professionnalisme, de probité éthique et de pro-européisme.

L'élection a également marqué la première participation d'une nouvelle coalition de gauche radicale, la Gauche unie (ZL). Elle a remporté six sièges, soutenue par les vents encore pleins d'espoir du parti de la gauche radicale grecque Syriza, par le soutien populaire d'une jeune gauche émergente et par le sentiment général que le pays était sur la mauvaise voie.

Le parti de Miro Cerar a présidé une ère économique en apparence extrêmement réussie, avec une croissance économique parmi les plus élevées de l'UE. Cependant, cette croissance économique s'est faite au prix d'une précarisation croissante chez les jeunes et d'une austérité persistante. Le mécontentement grandissait et l'activité syndicale a augmenté dans les secteurs privé et public, ainsi que dans les secteurs auparavant non syndiqués. Puis, au mois de mars de cette année, alors que les négociations entre l'État et les syndicats du secteur public étaient dans une impasse, Cerar a démissionné, mettant brusquement fin à son mandat de trois ans et demi.

 

Nouvelles élections, ancienne impasse

La rotation des dirigeants et l'impasse perpétuelle dans la politique slovène ont déclenché une spirale descendante de la participation électorale en particulier des jeunes. Le taux de participation a glissé à 52 %, un peu moins qu'en 2014.

Le SDS a été le grand gagnant, avec près de 25 % des suffrages exprimés. Les deux partis de centre-gauche en ont réuni ensemble environ 25 %, et les trois partis centristes environ 28 %. Levica (la Gauche, successeur de la coalition de la Gauche unie) obtient 9 %, tandis que les deux plus petits partis de droite en reçoivent collectivement 11 %. Bien que le SDS ait gagné dans presque toutes les circonscriptions électorales, dans quelques dizaines d'entre elles les partis du centre et de gauche ont obtenu plus de voix que les partis de droite.

Le plus grand perdant est de loin le parti de Cerar, qui a perdu vingt-six sièges. Une raison probable est l'opposition de Cerar à une augmentation des salaires des travailleurs du secteur public, qui l'avaient massivement soutenu en 2014. Une autre est sa position anti-immigration, qui n'a pas réussi à trouver un écho auprès de la base du parti (comme c'est souvent le cas, c'est le centre qui a ouvert la voie à la droite - c'est le parti de Cerar qui a installé des barbelés à la frontière sud et c'est le ministre centriste de l'Intérieur qui a réclamé une loi restreignant les demandes d'asile).

Et qu'en est-il, alors, de la droite ? La base du SDS est assez différente de ceux qui prennent part aux marches de la Garde hongroise. Pourtant, lors de cette élection, c'est la première fois qu'un leader du SDS soutenait ouvertement des organisations d'extrême droite (par exemple Generacija identitete, la branche slovène de Génération Identitaire, un mouvement raciste originaire de France). Autre nouveauté, le soutien public et financier du parti d'extrême droite hongrois Fidesz et des entreprises de presse liées au Premier ministre Viktor Orban. L'amitié entre Orban et le leader du SDS, Janez JanÃa, a commencé en janvier 2016, lors d'une visite officielle d'Orban. Après avoir rencontré Miro Cerar, le Premier ministre de l'époque, il a eu une conférence à huis clos avec JanÃa. Les investissements hongrois dans les médias du SDS ont suivi. Aujourd'hui, trois sociétés hongroises de médias liées à Orban détiennent 45 % des parts de la compagnie de médias du SDS. Les médias hongrois possèdent également 52 % de Nova Obzorja, qui publie un journal SDS, et Nova24tv.si (la télé du SDS) et Nova Obzorja partagent la même adresse. Les Hongrois ont jusqu'à présent investi plus de 2,2 millions d'euros dans les médias du SDS, dont une partie au cours des mois précédant l'élection. Pour ce qui concerne leurs rapports, en prenant la parole au congrès du SDS en mai, Orban déclarait son soutien total au parti de JanÃa.

JanÃa lui-même est une figure fascinante. À l'époque de la Yougoslavie, il était un membre très actif de la Ligue des communistes. En 1988, quelques années avant l'effondrement de la Fédération socialiste, il a été condamné à dix-huit mois de prison par un tribunal militaire pour divulgation de secrets militaires. Pourtant, en 1991, pendant les dix jours de la guerre d'indépendance slovène, il était ministre de la Défense et l'un des principaux stratèges de la guerre. Il a été Premier ministre deux fois (de 2004 à 2008 et 2012-13), avant d'avoir à nouveau des ennuis judiciaires. En 2013, il a été condamné à deux ans de prison pour avoir accepté un pot-de-vin d'une société finlandaise pour l'aider en tant que Premier ministre à remporter un contrat d'approvisionnement militaire. En 2014, alors qu'il purgeait sa peine, il a de nouveau été élu au Parlement, mais la Cour constitutionnelle a annulé le jugement de la Cour suprême et a renvoyé l'affaire pour réexamen. L'affaire fut prescrite la même année. Il s'est alors retiré de la sphère publique, pour faire un retour spectaculaire seulement ces derniers mois. Depuis il domine la vie politique du pays.

Pendant la campagne électorale, le parti de JanÃa a employé une rhétorique de droite sur une foule de sujets, notamment la crise des migrants, les droits des femmes et des LGBT et la crédibilité des médias. Mais les résultats des élections ne correspondent pas à ce que l'on appelle l'Orbanisation de la Slovénie. Le SDS a remporté 220 000 voix le 3 juin, soit 70 000 de moins qu'en 2011, lorsqu'il est arrivé en deuxième position. Pour un parti avec une base d'électeurs particulièrement stable (86,6 % de ses électeurs votaient déjà pour le SDS en 2011), c'est un résultat médiocre.

Le succès du SDS est en corrélation directe avec le nombre de promesses non tenues et le manque d'alternatives venant des partis centristes et des partis de centre-gauche. La société slovène est culturellement plutôt de gauche et peut être mobilisée contre la droite - mais à condition de considérer les partis de gauche comme dignes de soutien.

On ne sait toujours pas quel gouvernement, s'il y en a un, émergera du résultat du 3 juin. Tous les partis de centre-gauche et du centre ont déclaré - du moins pour l'instant - qu'ils étaient réticents à former une coalition dirigée par JanÃa, alors que les autres partis de droite n'ont pas le nombre de députés nécessaires pour permettre de former un gouvernement majoritaire. Un gouvernement de centre-gauche est également peu probable, car il devrait réunir au moins six partis, et pour le moment Levica ne souhaite pas rejoindre une telle coalition. Les autres formations ne sont pas particulièrement ouvertes à Levica, qui demande un référendum pour quitter l'OTAN ce qui est peu susceptible de lui faire gagner leurs faveurs.

Ainsi, à quelques semaines de l'élection, l'impasse continue, et de nouvelles élections anticipées cet automne sont une réelle possibilité.

 

La gauche slovène

Levica (la Gauche) a d'abord gagné de la visibilité lors des élections de 2014. Appelée la Gauche unie (ZL), c'était une coalition de trois partis et de quelques petites organisations de la société civile. Deux des trois groupes de la coalition ont obtenu des députés. Mais une fois membres de l'Assemblée nationale, ces parlementaires se sont progressivement autonomisés, dominant la Gauche unie et la dirigeant sans aucun mandat démocratique de leurs partis. De plus en plus, l'accent était mis sur les activités parlementaires, à l'exclusion de toute initiative d'en bas. Même un projet basé sur le volontariat destiné à rassembler militants et intelligentsia avec des syndicalistes a été négligé, au point de s'effondrer.

Alors, qu'est-ce qui explique le succès relatif du parti ? Un facteur important est que, contrairement à la plupart des pays d'Europe de l'Est et des Balkans, la société slovène est culturellement orientée vers la gauche. Le Front de libération (OF) dirigé par les communistes et le mouvement des partisans pendant la Seconde Guerre mondiale sont toujours considérés positivement, reconnus pour les gains qu'ils ont apportés aux travailleurs et les contributions qu'ils ont apportées à la société slovène. Alors que l'un des objectifs de JanÃa est de ternir ce chapitre de l'histoire du pays, son objectif révisionniste a plutôt échoué. Compte tenu de la situation politique actuelle dans la région (et plus largement en Europe), Levica est perçue positivement.

En même temps, le progrès relatif de Levica en nombre de députéÃes lors des récentes élections ne constitue guère une percée. Si on regarde leur représentation dans diverses circonscriptions, on constate que leur succès se limite aux centres urbains : ils ont remporté la plupart des districts centraux de la capitale, Ljubljana, et ont obtenu de bons résultats dans les centres-villes de Maribor, Nova Gorica et dans presque toute la zone balnéaire du sud-ouest, la plus riche.

Le total des suffrages du parti correspond à sa stratégie. Là où les gens veulent des tables rondes, des discussions et d'autres événements similaires qui s'articulent autour d'idées progressistes, le parti prospère. Là où il n'y a pas de lieux ou d'intérêt pour ce genre de débat, Levica ne parvient pas à gagner du terrain. Après quatre ans passés sur les bancs parlementaires tout en mettant fin aux activités de base, les électeurs et les membres de Levica ont changé. En 2016, un long différend interne sur l'opportunité de fusionner en un parti unifié - une orientation portée par le groupe parlementaire et le Parti de la gauche européenne - a conduit à une scission au sein du principal parti de la coalition, l'Initiative pour le socialisme démocratique (IDS). Plus d'une centaine de membres actifs et d'organisateurs ont quitté le parti - un sixième du nombre total de membres, soit un tiers des membres actifs. Certains ont formé de nouvelles organisations sans ambitions parlementaires ; la plupart ont été démoralisés et ont cessé de militer. Levica s'est ainsi retrouvé presque sans militants organisateurs sociaux expérimentés. Le résultat : sa présence sur le terrain dans les zones les plus paupérisées du pays est très faible et le lien du parti avec les syndicats se limite à des relations personnelles entre les dirigeants des organisations.

Les limites de la stratégie électorale de Levica apparaissent également dans la vision mise en avant. Alors qu'il y a quatre ans Gauche unie (ZL) était une voix pour les travailleurs exploités et privés de leurs droits et osait dire qu'un autre monde est possible, maintenant Levica se concentre sur la défense de l'État providence, complété par une rhétorique sur le véganisme, les droits des animaux et l'égalité devant la loi. Les manifestations concrètes de la lutte des classes se produisent indépendamment de Levica. Incapable de s'engager avec les mouvements et de transformer les forces sociales sur le terrain, le parti s'est confiné dans les salles parlementaires et s'est rapproché d'un modèle social-démocrate traditionnel. Le vote du 3 juin met cela en évidence : Levica a perdu plus de 35 % de ses électeurs à partir de 2014 et les a remplacés par d'anciens électeurs du SMC centriste. Il a abandonné la politique radicale pour attirer des électeurs plus modérés en vue d'un succès parlementaire à court terme.

Personne ne peut prédire si Levica changera de cap et redeviendra un vecteur de transformation radicale. Mais aux yeux des militants socialistes et progressistes en Slovénie, il est tout à fait clair que ce parti a cessé d'être un foyer politique pour les mouvements progressistes. Sa dynamique actuelle a plus à voir avec la routine quotidienne des calculs parlementaires, alors que sa stratégie politique reste liée aux structures décrépites de l'UE.

 

Retour à une politique de classe et de masse

À l'heure où il est de plus en plus évident que l'UE est prête à imposer sa volonté aux pays membres, le conservatisme anti-immigrés a le vent en poupe. Le SDS exploite le mécontentement devant la dépendance qui est du même genre que celui qui a poussé les électeurs britanniques à quitter l'UE. Malheureusement, ils le font au nom de la division et du fanatisme qui, en fin de compte, servent à sauver l'UE déchirée par la crise. Afin d'avoir le levier nécessaire contre les bureaucrates de l'UE, JanÃa a besoin de la paix sociale et d'une croissance continue. Et, afin d'atteindre ces objectifs, il a déjà montré qu'il peut faire un effort supplémentaire et être un patriarche efficace pour les moments difficiles. C'est pourquoi avec un discours inter-parti et anti-JanÃa, l'opposition libérale ou se disant de gauche joue en sa faveur. En comparaison avec son audace apparente et à son alliance avec Viktor Orban, cette opposition semble faible et molle, alignée sur les bureaucrates anonymes de Bruxelles.

En réalité, ce que nous avons ici, ce sont deux blocs qui essaient de sauver l'Europe, chacun à leur manière - alors que l'électorat s'en soucie de moins en moins. En ce sens le résultat des élections est donc prometteur pour Levica : il montre qu'il y a vraiment beaucoup de gens prêts à affronter la poussée vers la droite. Mais les solutions parlementaires ne suffiront pas si elles continuent à subordonner les luttes d'en bas à leur propre logique. L'impasse parlementaire à venir pourrait ouvrir la voie à l'UE pour avancer son propre " scénario italien » antidémocratique, au nom du moindre mal face à un fanatique local indiscipliné.

La gauche slovène doit offrir un moyen de sortir de la dépendance économique et politique et se lier aux luttes pour défendre le secteur public et les droits démocratiques. Elle doit construire une force capable de repousser les pressions, tant " orbanesques » que " bruxelloises ». Cela nécessitera de renforcer sa relation avec les mouvements de la classe ouvrière. Ce sont les syndicats qui, dans les années 1990, ont imposé un salaire minimum décent, la création du Conseil économique et social et l'une des meilleures lois du travail dans le monde. Ce sont les mobilisations syndicales qui ont empêché en 2005 l'instauration d'un taux d'imposition forfaitaire et qui ont contribué en 2012 à déclencher l'automne des soulèvements qui a donné naissance à de nombreuses initiatives civiles et mobilisé d'innombrables jeunes militants.

Et si la gauche slovène peut échapper à l'impasse actuelle, ce sera à travers une politique similaire, de masse et de classe.

 

 

* Tonja Jerele est étudiante en sociologie à l'université de Ljubljana, Matej KriÃanec est doctorant en sociologie, BoÃidar Kolar est doctorant en philosophie, JaÃa Veselinovič est doctorant en relations internationales à Amsterdam. Les quatre auteurÃes militent dans l'organisation socialiste progressiste Iskra. Cet article a d'abord été publié par la revue en ligne Jacobin : https://www.jacobinmag.com/2018/06/slovenia-miro-cerar-levica-sds-orban (Traduit de l'anglais par JM).

 

 

 

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