La session du Comité international de mars 2013

par Jan Malewski
numéro

Le Comité international de mars 2013 avait à son ordre du jour les débats sur la conjoncture internationale, la situation spécifique des organisations dans les différentes régions du monde, la construction de partis larges, les tâches féministes, le fonctionnement de l'Internationale.

Les discussions de la IVe Internationale intéressent au-delà de ses rangs. Au Comité international de mars 2013, nous étions 83 participants aux débats, dont 18 observateurs ou invités (certaines organisations participant depuis plusieurs années, comme l'International Socialist Organisation des États-Unis, d'autres pour la première fois : les organisations de Bosnie et d'Iran). De nouvelles organisations souhaitent participer de manière permanente à nos débats : à cette réunion du CI, nous avons décidé d'accorder le statut d'observateur permanent aux organisations suivantes : MST (Argentine), MES (Brésil), Lucha Continua (Pérou), Marea Socialista (Venezuela), Collectivo Resistencia Socialista (Bresil), Socialist Alternative (Australie), Gauche anticapitaliste (France). Depuis, le DEA de Grèce a demandé le statut d'observateur permanent.

Réuni du 9 au 13 mars 2013, le Comité international avait à son ordre du jour les débats sur la conjoncture internationale, sur la situation spécifique et les tâches des organisations dans les différentes régions du monde, sur le bilan et les perspectives de la construction de partis larges, sur les tâches féministes et la situation des femmes, sur le fonctionnement de l'Internationale. Voici un bref résumé :

►1. Sur la situation internationale, un rapport a été présenté au nom du Bureau exécutif ainsi qu'une contribution au nom des organisations MST, MES, Lucha Continua et Marea Socialista qui ont décidé de renforcer leurs liens avec l'Internationale.

Le débat a fait apparaître un large accord pour caractériser la crise actuelle comme globale — économique, sociale, écologique, politique — avec un impact différencié selon les régions du monde (déclin de l'Europe et des États-Unis, déplacement du centre de l'accumulation capitaliste vers l'Asie-Pacifique, en particulier la Chine). Mais la Chine n'a pas la capacité d'être une " locomotive » de l'économie mondiale. Et les modifications des rapports de forces entre puissances ne modifient pas les piliers de la mondialisation néolibérale.

Accord également sur la crise de l'hégémonie néolibérale mais non sa mort, sur le fait qu'on a face à nous un accroissement de l'agressivité néolibérale et une intensification des attaques. Accord sur l'intensification de la concurrence. Accord sur la crise du mouvement ouvrier et sur un saut qualitatif de l'intégration du social-libéralisme. Cette crise et la désaffection envers les " grands partis » ouvre un espace, qui peut être rempli par la gauche réformiste (Syriza, Front de Gauche…), mais aussi par des phénomènes tel le Parti pirate (Suède, Allemagne) ou le mouvement autour de l'humoriste italien Beppe Grillo…

La question de la nécessité d'un " gouvernement des gauches » ou " gouvernement de rupture » a été discutée (à l'ordre du jour en Amérique latine et au Népal dans le passé, maintenant dans l'Union européenne). C'est l'idée d'une sortie concrète de la crise en Grèce aujourd'hui et sans doute au Portugal — par une dynamique de construction du Bloco de Esequerda et du développement des mouvements sociaux. Mais demain elle sera d'actualité ailleurs en tant qu'une réponse face aux gouvernements de droite ou sociaux-libéraux qui poursuivent la même politique. L'important dans cette démarche, ce sont les tâches mises en avant, pas de la formule de la composition d'un tel gouvernement. Sur ce point, un large accord s'est dessiné, mais une minorité reste opposée à cette perspective, partant surtout de l'idée qu'un tel gouvernement ne pourrait que trahir… Dans ce cadre, le débat a eu lieu sur l'expérience de Syriza : là encore un large accord — " ne pas idéaliser Syriza ni avoir une attitude sectaire », donc l'idée de construire Syriza et renforcer son aile gauche, de construire des ponts entre Antarsya et Syriza… — et un désaccord avec les camarades de l'OKDE et quelques autres, qui privilégient la critique de Syriza.

La discussion a également ouvert un débat sur des éléments de stratégie : le défi est de construire un nouveau bloc social, autour de la nouvelle identité collective (nous sommes 99 %) contre l'oligarchie financière, de construire une contre-hégémonie et un projet politique anticapitaliste, de rupture… Pour cela, il faut se garder de l'opportunisme et du sectarisme (ne pas mépriser les nouveaux débats qui émergent, ne pas nous renfermer dans le conservatisme de " nos acquis théoriques » mais les traduire en langage contemporain), garder les principes clairs et avoir une flexibilité tactique, tenir compte du fait qu'il commence à y avoir une recherche de réponses politiques, que ce n'est plus le moment de ce que Daniel Bensaïd avait appelé " l'illusion sociale » (voir à ce sujet, par exemple, les débats sur un parti nouveau au sein des syndicats belges).

Bref, si nous avons eu des discussions parfois tranchées et si nous savons qu'il nous faut encore élaborer beaucoup, la discussion a montré une assez large convergence, plus large qu'on ne s'y attendait.

►2. Nouveaux partis larges - à la fois le bilan d'étape des expériences (Pakistan, État espagnol, France) et une discussion générale, qui sera poursuivie au CI de 2014 en vue du prochain Congrès mondial (voir le rapport sur l'état actuel de ce débat, reproduit dans ce numéro d'Inprecor).

►3. . Des débats par région ont également eu lieu lors de ce Comité international :

● Europe, sur la préparation d'un programme d'action européen (BP euros), le développement des réseaux européens (AlterSummit, Réseau santé européen…)

● Asie-pacifique, avec la préparation de l'école de juillet 2013 à Manille (participants prévus du Pakistan, Bangladesh, Sri Lanka, Japon, Taiwan, Indonésie, Philippines, Inde, Afghanistan, Timor Est, Malaisie et peut-être aussi Nouvelle-Zélande, Bhutan, Népal, Corée du Sud…), la mise en place d'un comité responsable de liaisons entre organisations asiatiques, les rapports sur la situation au Japon, aux Philippines, au Pakistan, au Bangladesh, au Sri Lanka et en Australie.

● Amérique latine : accord sur la poursuite des débats et du travail commun avec les quatre organisations d'origine moréniste (MST, MES, LC, MS), établissement des liens avec les autres organisations latino-américaines (Chili), participation au camp jeune du MST en Argentine.

● Région arabe : débat sur l'organisation de la solidarité avec la révolution syrienne et sur le FSM de Tunis.

►4. La rencontre de la Commission femmes a débattu du séminaire réussi à Amsterdam en 2012 et de la préparation d'un séminaire de quatre jours en juillet 2013. Une discussion a été menée sur les violences contre les femmes dans les organisations révolutionnaires, dont les nôtres.

►5. Finalement, le Comité international s'est penché sur le suivi des activités centrales, avec une discussion sur les expériences et le développement des Instituts de recherche et de formation d'Amsterdam et de Manille, le bilan financier de l'année 2012, celui des sites web et de la presse. ■

 

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