Revue et site sous la responsabilité du Bureau exécutif de la IVe Internationale.

Succès mitigé pour la mobilisation européenne du 1<sup>er</sup> juin

par

Cette manifestation contre l'austérité, qui avait été appelée par la plateforme portugaise <i>Que se Lixe a Troika !</i> (Que la Troika aille se faire foutre !), a eu l'impact le plus important en Espagne.

En Espagne

Le mouvement Marea Ciudadana (Marée Citoyenne) qui regroupe la majorité des mouvements sociaux avec le 15M — né suite à l'occupation de la Puerta del Sol à Madrid et des principales places du pays — a réussi à mobiliser dans plus de 40 villes du pays, ce qui est vraiment un succès.

Avec la revendication de l'arrêt de " l'austericide » et le slogan unitaire de "Peuples unis contre la Troïka » des milliers de personnes ont foulé le pavé de la capitale depuis le Congrès jusqu'au siège de l'Union européenne. Face à celui-ci et devant un déploiement policier massif, des milliers de personnes ont entonné poing levé l'hymne de la révolution portugaise de 1975, connue comme la " révolution des œillets », symbolisant le rapprochement entre les deux mouvements à l'origine des mobilisations massives dans les deux pays depuis 2011-2012.

Si Madrid et Barcelone ont bien sûr été les deux villes espagnoles où la mobilisation a eu le plus d'ampleur, des manifestations ont également eu lieu dans des villes moyennes dans les différentes provinces espagnoles.

A Barcelone, la question de la dette a été bien présente comme revendication principale " No pagarem el seu deute ! Que es foti la troika ! » (" Nous ne paierons pas leur dette ! Que la troika aille se faire foutre ! »). Le manifeste final condamne l'utilisation de l'arme de la dette et de l'austérité pour déposséder les peuples des biens communs et services publics et sociaux pendant que les élites mondiales s'enrichissent.

Le sauvetage de Bankia en mai 2012 pour un montant de 23,5 milliards d'euros a nettement creusé la dette publique espagnole qui était auparavant bien plus basse que celle des autres pays. Alors que c'était la dette privée des banques et entreprises de l'immobilier et de la construction qui était vraiment importante, leur sauvetage par le gouvernement a entraîné depuis 2010-2011 des mesures d'austérité sans précédent résultat d'une dette illégitime.

Au Portugal

A Lisbonne, le mot d'ordre de la manifestation était " Que la troïka aille se faire voir, c'est le peuple qui a le pouvoir ».

Environ 10.000 personnes ont participé à manifestation qui a ciblé le siège du FMI qui impose avec ses deux autres partenaires au sein de la Troïka des mesures d'austérité drastiques qui affectent plus de la majorité de la population. A Porto, ce sont environ 2.000 personnes qui ont fait entendre leurs revendications.

Le gouvernement portugais a annoncé en mai un nouveau train de mesures destinées à économiser 4,8 milliards d'euros en deux ans. Cette fois, ce sont les fonctionnaires qui sont ciblés avec une augmentation du temps de travail de cinq heures par semaine, la hausse des cotisations à leur caisse maladie, une taxe supplémentaire sur les pensions, et l'allongement de la durée de leur vie professionnelle jusqu'à 66 ans. A cela il faut ajouter la suppression de 30 000 postes de fonctionnaires en deux ans.

L'accord de privatisations signé par le gouvernement avec la Troïka prévoit également la privatisation de la Poste portugaise qui s'est déjà traduit par la suppression de 200 bureaux de poste et de leurs services de proximité dans le pays depuis novembre 2011.

Pour lutter contre cela, les travailleurs du secteur ont organisé une grève — sans préavis dans la plupart des endroits — le 31 mai qui s'est traduite par le blocage de 70 bureaux de poste à travers le pays.

Le principal syndicat du pays a d'ailleurs appelé à la grève générale le 27 juin prochain.

A Francfort

A Francfort, siège de la Banque centrale européenne, plus de 10.000 personnes de différents pays se sont rassemblées à l'appel du mouvement Blockupy pour protester contre l'action dévastatrice de cette institution qui fêtait ce 1er juin son 15eanniversaire (1).

Et ailleurs

Dans d'autres villes comme Genève - où un bon millier de personnes sont descendues dans la rue, samedi après-midi à l'appel des syndicats, pour dénoncer les cadeaux fiscaux, le démantèlement des services publics, le dumping salarial et les licenciements - des manifestations ont donné lieu à une certaine visibilité.

Cependant, comme c'était prévisible dans la plupart des grandes villes européennes hors Espagne et Portugal ce 1er juin est passé relativement inaperçu. ■

* Virginie de Romanet est la coordinatrice du groupe droit du Comité pour l'annulation de la dette du tiers monde (CADTM). Cet article a d'abord été publié par le CADTM.

notes
1. Pour plus d'infos lire le compte rendu de Pierre Gottiniaux du CADTM http://cadtm.org/Francfort-ein-zwei...

Inprecor a besoin de vous !

Notre revue est en déficit. Pour boucler notre budget en 2024, nous avons besoin de 100 abonnements supplémentaires.

Abonnement de soutien
79 €

France, Europe, Afrique
55 €

Toutes destinations
71 €

- de 25 ans et chômeurs
6 mois / 20 €

 

 

Le dernier numéro

Auteur·es