En Libye, cette politique nous a conduit, dès le début, à soutenir les mobilisations puis l'insurrection populaire pour renverser la dictature de Kadhafi. En Libye, la solidarité avec les mobilisations populaires signifie tout mettre en œuvre pour aider le peuple contre Kadhafi : embargo total sur les ventes d'armes à la dictature, gel des avoirs du régime libyen à l'étranger, organisation de l'aide médicale, alimentaire, humanitaire aux centaines de milliers de Libyens persécutés par le régime… Soutenir le peuple libyen et protéger les civils, c'est lui donner les moyens militaires de se défendre contre les massacres des mercenaires de Kadhafi et de se libérer lui-même de la dictature. Les peuples et les armées arabes, en premier lieu les Tunisiens et Égyptiens, peuvent jouer un rôle décisif dans cette aide militaire.
Les bombardements français, anglais et américains ne visent pas à " protéger les populations civiles », comme le prétend la résolution n° 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU établissant " une zone d'exclusion aérienne » sur la Libye. Au fur et à mesure que les heures et les jours passent, les objectifs de cette résolution de l'ONU apparaissent de plus en plus " flous ». S'agit-il vraiment de protéger les populations civiles ? Alors pourquoi prendre le risque de bombarder d'autres civils ? S'agit-il plutôt d'en finir avec Kadhafi ou d'imposer un accord à son régime, voire une partition de la Libye ? Le risque d'un engrenage qui peut déboucher sur une ou des interventions terrestres n'est pas à écarter, contrairement à ce que dit la résolution. En fait, il s'agit pour la coalition impérialiste de reprendre pied dans la région, d'essayer de confisquer le processus révolutionnaire en cours, en installant des gouvernements à sa solde, ou en exerçant une pression sur les processus en cours. Sans oublier les intérêts pétroliers stratégiques. Enfin, comment croire ces monuments d'hypocrisie que sont ces gouvernements qui occupent l'Irak et l'Afghanistan et surtout nous disent vouloir " protéger les populations civiles » mais laissent les peuples, au Bahreïn, au Yémen, en Syrie ou à Gaza se faire massacrer.
Le soutien à la révolution libyenne et au renversement de la dictature de Kadhafi passe, aujourd'hui, par l'aide humanitaire et militaire aux insurgés et par l'arrêt de l'intervention impérialiste. Le peuple libyen n'est pas seul. Sa lutte s'inscrit dans la vague de la montée révolutionnaire actuelle qui secoue le monde arabe. Plus que jamais, c'est aux peuples arabes de prendre en main leur destinée sans intervention néocolonialiste des puissances occidentales.
Le 23 mars 2011
Secrétariat du Bureau exécutif de la IVe Internationale