Symbole d'une génération

par Jaime Pastor
Andreu Nin (à droite) et Wilebaldo Solano © Augusti Centelles

Avec Wilebaldo Solano, décédé le 7 septembre à Barcelone, disparaît un des meilleurs représentants de cette génération de révolutionnaires apparue durant les années 1930 auxquels la vieille sentence disant qu'il <i>" est facile de donner sa vie pour la révolution, beaucoup plus difficile de lui consacrer toute sa vie »</i> est entièrement applicable.

Né à Burgos en 1916, établi à Barcelone peu après, il s'est engagé dans la lutte pour le socialisme depuis son baccalauréat et il ne l'abandonnera jamais. Cet engagement l'a conduit à entrer dans le Bloc Obrer i Camperol (BOC, Bloc ouvrier et paysan) en 1932, devenir secrétaire général de la Jeunesse communiste ibérienne en 1935, puis membre du comité exécutif du Parti ouvrier d'unification marxiste (Poum) en 1936.

Après les journées de mai 1937, l'interdiction de son parti et la séquestration d'Andreu Nin, il sera détenu et emprisonné par les forces de " l'ordre républicain » en avril 1938, puis à nouveau, déjà en exil en France, par un tribunal au service des nazis. Libéré en juillet 1944 par la Résistance, il va former le Batallón Libertad (Bataillon Liberté) qui libérera d'autres camarades emprisonnés, dont Juan Andrade, cofondateur du PCE puis du Poum.

En exil, il a été élu en 1947 secrétaire général du Poum et directeur de son périodique, La Batalla. Au cours des années 1960, il lancera, depuis Paris, la Tribuna Socialista, une publication qui devint l'organe d'expression de la " gauche du Poum », pour marquer ainsi sa distance avec le secteur du Poum qui entrait dans le Parti socialiste de Catalogne.

Ensuite, malgré l'échec des tentatives de construire une nouvelle gauche révolutionnaire forte et capable de changer l'orientation de la Transition espagnole, il a maintenu son infatigable engagement militant, diffusant l'histoire et les idées du Poum, restant fidèle à sa mémoire en luttant pour un socialisme en rupture radicale avec le capitalisme et avec l'expérience stalinienne.

Parce que Wilebaldo ne parlait pas seulement du passé, avec une fermeté politique et une énorme passion pour l'avenir, il soumettait la réalité d'un capitalisme chaque fois plus sauvage à une critique profonde et luttait pour libérer le terme " socialisme » de son poids stalinien.

Ceux qui ont pu jouir de son amitiés et de ses convictions, ainsi que de celles de sa compagne María Teresa, comme c'est mon cas depuis notre première rencontre en 1969, ne pourront jamais l'oublier.

Une partie de ses travaux, conférences et interviews peuvent être consultés sur le web de la Fondation Andreu Nin (www.fundanin.org/biowile.htm ) et il faut lire son livre, Le Poum, Révolution dans la guerre d'Espagne 1, qui rassemble une partie de ses écrits. ■

notes
1. Wilebaldo Solano, Le Poum, Révolution dans la guerre d'Espagne, éditions Syllepse, Paris 2002, 20,00 €

 

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