Le départ précipité de Denise laisse un énorme vide mais nombreux sont celles et ceux qui, à son contact, ont rejoint son combat contre la dette du tiers-monde et contre toutes les autres formes d'injustice et d'oppression.
Dirigeante politique de la section belge de la IVe Internationale pendant de nombreuses années et ancienne déléguée syndicale de la Fédération générale du Travail de Belgique (FGTB) à la ville de Liège, Denise aura milité jusqu'au bout dans les mouvements sociaux. Au cours des années 1980, elle avait affronté la répression policière et judiciaire pour son engagement dans le combat des travailleurs de la ville de Liège soumis à une succession de plans d'ajustement structurel pour payer la dette publique.
Pour elle, le combat des peuples au Nord comme au Sud de la planète contre la dictature des créanciers et de la dette ne faisait qu'un. Cinq jours avant son décès, elle avait activement collaboré à la rédaction et à l'adoption d'un appel intitulé " Femmes d'Europe, soulevez-vous ! » qui proclamait entre autres : " Nous, les femmes du CADTM, exigeons la suspension immédiate du paiement de la dette publique grecque ! Nous exigeons que soit mené dès maintenant un audit de cette dette afin de déterminer la part des dettes illégitimes qu'il faudra abolir purement et simplement ! Nous exigeons l'arrêt des dépenses d'armement et l'investissement des sommes ainsi économisées dans les dépenses socialement utiles : les besoins sociaux et la lutte contre les discriminations et les violences faites aux femmes. Nous appelons à la révolte contre l'austérité que nous imposent les capitalistes. »
Denise était une internationaliste en pensée et en action : mission de solidarité envers les ouvriers polonais en 1983, délégation auprès des mineurs britanniques durant leur longue grève en 1984-1985, animation et coordination de brigades de travail volontaire au Nicaragua pour soutenir la révolution sandiniste entre 1985 et 1989, participation aux actions de solidarité avec le peuple palestinien, plusieurs missions en Afrique (Rwanda après le génocide de 1994, Bénin, Togo, Mali, Burkina Faso, Niger, Tunisie…), en Asie du Sud (Inde, Bangladesh, Sri Lanka, Népal) et en Amérique latine (Nicaragua, Salvador, Guatemala, Mexique, Cuba, Venezuela, Brésil, …) pour développer la solidarité internationale, renforcer le réseau du CADTM et participer à l'extension du Forum social mondial, solidarité en Belgique avec les sans-papiers (Denise était membre du CRACPE qui lutte notamment contre les centres de détention), sans oublier son rôle dans la revue du CADTM intitulée Les Autres Voix de la Planète qu'elle a dirigée entre 2007 et 2009, et pour laquelle elle a écrit de vibrants éditoriaux et articles. Denise savait aussi combien il est important de mener la bataille des idées et elle mettait un point d'honneur à tenir des stands de vente des publications du CADTM. Lorsqu'elle a été fauchée par la mort, le vendredi 28 mai fin d'après-midi, elle emportait avec elle la valise sur roulettes qui servait à transporter les livres et revues du CADTM !
Féministe très active, Denise était également membre du réseau international de la Marche mondiale des femmes. La veille de son décès, elle a terminé une importante contribution : " Pourquoi le CADTM est-il féministe ? ». Ce document est un apport considérable pour l'ensemble du réseau international du CADTM. Enfin, en tant que militante du mouvement altermondialiste, elle avait participé à la fondation et suivait de près les activités d'Attac en Belgique.
Après l'annonce de son décès, des centaines de personnes et d'importants mouvements internationaux (la IVe Internationale, la Marche Mondiale des Femmes, Via Campesina, Jubilé Sud, Focus on the Global South, Attac…) ont envoyé des messages de solidarité et de condoléances depuis tous les coins de la planète. Ses ami-e-s, ses camarades et sa famille lui ont rendu un dernier salut très combatif et émouvant lors de ses obsèques, le 3 juin 2010, à Liège, en présence de trois cents personnes. ■