Après un mois de manifestations et de crise, le gouvernement a cherché à museler l'opposition, en instaurant l'État d'urgence à Bangkok et dans les provinces avoisinantes. Des mandats d'arrêts contre les principaux dirigeants des " chemises rouges » ont été émis. La Chaîne de télévision du peuple (PTV), très populaire parmi les " chemises rouges », ainsi que 36 sites internet indépendants, qui ne relayaient pas la propagande gouvernementale, ont été fermés. Dans le même temps, la chaîne de télévision ASTV, des " chemises jaunes » (forces réactionnaires royalistes), a continué d'émettre ses appels à la haine et à la violence contre les manifestants. Une fois de plus les élites thaïlandaises ont montré leur véritable nature, au service des puissants et des bien-nés.
Ces mesures n'ont fait qu'augmenter la détermination des manifestants à lutter pour plus de justice sociale et la démocratie. Ils étaient encore plusieurs dizaines de milliers vendredi 10 avril et samedi 11 avril dans les rues de Bangkok à réclamer la démission d'Abhisit et la tenue d'élections législatives anticipées. Samedi, les militaires ont férocement réprimé les manifestants désarmés, certains tirants à balles réelles. Un bilan officiel parle de 21 morts et plus de 850 blessés. La plupart sont des " chemises rouges ». C'est la pire répression qu'ait connu la Thaïlande depuis le coup d'État de 1992.
Aujourd'hui les " chemises rouges » se battent pour mettre fin à plusieurs décennies de " démocratie version thaï » : la concentration des pouvoirs entres les mains des militaires, de la haute bureaucratie et de la monarchie, qui n'acceptent le résultat des urnes que quand il leur est favorable.
La Quatrième internationale est solidaire de la lutte pour la justice sociale et la démocratie que mènent les " chemises rouges ». La répression des manifestants à Bangkok n'a pas entamé leur détermination. Abhisit, responsable du bain de sang, doit démissionner et convoquer des élections législatives au plus tôt.
Un terme doit être mis à la répression, à la censure des médias et à la négation des libertés démocratiques. Le droit d'organisation, d'association, de grève et de manifestation doivent être respecté. ■
Le 14 avril 2010