Michaël Lainé, <i>Le marché introuvable — Critique du mythe libéral</i>, Éditions Syllepse, Paris 2009, 191 pages, 14 euros
Avec brio, l'auteur s'attaque à ce qui, à force d'être répété, semble vrai : la théorie quantitative de la monnaie, la naturalisation et la mathématisation des processus sociaux, l'échange de biens désincarnés de production, l'équilibre général comme postulat et la mise hors-la-loi de l'incertitude, la simplification des échanges, la loi de l'offre et de la demande, le déni de la spéculation, etc.
Théorisations myopes, économie irréelle, dédales mathématiques, l'auteur, prenant au mot le libéralisme, fait ressortir le fatras d'un déséquilibre de la pensée. Michaël Lainé nous montre aussi que dans le monde réel, ce marché introuvable de concurrence non faussée n'existe simplement pas.
La fin de l'ouvrage est consacrée à la mise en perspective du marché et des temps longs de l'histoire (modalités historiquement inscrites des échanges). L'auteur s'attarde sur les réalités en regard de ce que les politologues nomment les modèles français et anglo-saxon.
Dévoiler les mythes, déconstruire les théories des libéraux, ne suffit certes pas à fonder une analyse du fonctionnement du système capitaliste. Cependant l'ouvrage de Michaël Lainé est utile pour contester les théorèmes, les incohérences, les modélisations, les lois, les impasses de ce qu'il faut bien appeler la fantasmagorie libérale. Derrière le vernis scientifique ne reste qu'une misérable idéologie dont le pouvoir de nuisance n'en reste pas moins toujours dominant. ■