► Geneviève Guilhaume, <i>L'ère du coaching, critique d'une violence euphémisée</i>, Éditions Syllepse, Paris 2009, 145 pages, 10 euros
Une nouvelle ère qui promettrait le développement personnel et professionnel, qui favoriserait l'épanouissement au travail, qui, loin des antagonismes sociaux viserait à obtenir une mobilisation des salariés dans les '" marchés' » intérieurs et extérieurs de l'entreprise. Sur la base de l'affaiblissement des réponses collectives " Le coaching gagne sa légitimité à travers des discours séduisants qui masquent la violence de leurs pratiques. » Occultation du pouvoir, despotisme d'entreprise (terminologie non employée par Geneviève Guilhaume), flexibilisation du rapport salarial, consentement narcissique, l'auteure nous montre que " Le coaching est donc à la fois un ensemble de discours sur le management et la communication (s'adressant aux managers notamment intermédiaires) et également un dispositif organisationnel, par lequel s'exerce une violence symbolique… C'est cette violence qui renvoie à l'organisation actuelle des entreprises, où les jeux de pouvoir entre dominants et dominés sont masqués à travers les discours et dispositifs stratégiques de la communication et du management, alors qu'ils façonnent les rapports de production et les conditions matérielles d'existence, provoquant une réelle souffrance psychique et physiques des salariés. »
Derrière " la mise en avant du caractère très professionnel de la démarche » l'auteure nous montre tout flou masqué la soi-disant " professionnalisation des coaches » et l'absence d'évaluation des effets des dispositifs déployés.
Les techniques de management ont bien quelque chose à voir avec la restructuration permanente du capitalisme, les tentatives toujours remodelées de recherche de consentement dans les rapports sociaux d'exploitation. Un petit livre qui éclaire un pan de la " servitude volontaire » et des pratiques de résistance jamais totalement inexistantes. ■