Mike Davis, <i>Les héros de l'enfer</i>, Éditions Textuel, Paris 2007, 17,50 euros.
Daniel Bensaïd dans une longue préface, contextualise les mouvements qualifiés de terroristes. Il ne s'agit pas ici de morale mais d'analyses politiques des violences du système, des phénomènes d'autodéfense, de légitimes empiétements sur la propriété, de la privatisation de la violence armée mais aussi des désespoirs, des substitutionismes et du fétichisme.
" Lorsque la violence s'autonomise et se détache d'un projet collectif d'auto-émancipation pour se réduire à une violence pour soi, à une mystique de violence exemplaire (ou symbolique), à un fétichisme de la violence nue, éthique et politique ne jointent plus. » Le monde de la violence globalisée n'est plus celui des actions de Ravachol, Bonnot et autres héros de l'enfer. " La violence légitime de l'opprimé ne peut plus être tenue sans examen comme l'accoucheuse de l'histoire orientée à sens unique vers l'avènement d'un monde meilleur. »
La première partie " héros de l'enfer » est composée d'une présentation de Jean Batou, d'une interview de Mike Davis et d'un ensemble de mini-biographies de mouvements ou d'individus se réclamant peu ou prou de l'anarchisme (Michel Bakounine, les Narodniks, Errico Malatesta, Ravachol, Buenaventura Durruti, pour n'en citer que quelques-uns). Ces notices sont précédées d'un succulent texte du pape Léon XIII contre la peste mortelle du socialisme.
Mike Davis nous présente ensuite les " Éruptions juvéniles » dans le Los Angeles des années 1960-67. " La bataille légendaire du Strip, 1966-1968, n'est évidemment que l'épisode le plus connu de la lutte des adolescents de toutes couleurs durant les années 1960-1970 pour créer leur propre espace de liberté et de vie sociale festive dans les nuits de la Californie du Sud. »
Pour terminer, en résonance avec certains anciens événements italiens, allemands et français (actions armées et assassinats au nom du prolétariat), j'extrais une autre phrase de la préface de Daniel Bensaïd " C'est lorsque la défaite éteint les lumières et lorsque la désespérance l'emporte, que la violence régulée par un horizon d'émancipation bascule dans la criminalité, sans autre but ni cause que sa propre satisfaction immédiate. » Nous n'en n'avons pas fini avec les débats sur la violence. ■