Larmes réelles et larmes fictives

par Didier Epsztajn

Slavoj Zizek : <i>Lacrimae rerum, Essais sur Kieslowski, Hitchcock, Tarkovski, Lynch et quelques autres</i>, Amsterdam Poches, Paris 2007, 9,80 EUR

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Philosophe, psychanalyste, marxiste hétérodoxe, Slavoj Zizek nous entraîne dans des réflexions surprenantes autour des mises en scène, des larmes et de la magie de l'écran des salles obscures, dans ce livre sur le cinéma.

Juste comme invitation à goûter ses libres parcours, je signale une lecture à base de physique quantique de " La double vie de Véronique » et plus généralement une vision inspirée de la traduction des expériences subjectives du réel dans la fiction chez Krzysztof Kieslowski, que se soit dans son " Décalogue » ou dans sa trilogie " Bleu », " Blanc » et " Rouge ».

Sans compter les remarquables pages autour du dernier film de Stanley Kubrick Eyes Wide Shut. Pour l'auteur, le fantasme de Nicole Kidman s'oppose aux tentatives désespérées de Tom Cruise de répondre à l'énigme de ce fantasme, à la paralysie de sa capacité à fantasmer. " Et finalement, cela justifie aussi pleinement la conclusion vulgaire du film, quand après que son mari lui a confessé son périple nocturne, qu'ils ont donc tous les deux été confrontés à l'excès de leurs fantasmes, Kidman — en s'assurant qu'ils sont maintenant complètement réveillés, sortis de la nuit, et que, sinon pour toujours, tout au moins pour un long moment, ils resteront là, se gardant de tout fantasme — lui dit qu'ils doivent faire quelque chose au plus vite. Quoi ? demande-t-il. "Baiser" répond-elle et le film se termine là-dessus, le générique défile. »

Au regard des réflexions qui suivent cet extrait, que je ne peux que conseiller de lire, il est regrettable qu'un même travail n'ait pas été développé par Slavoj Zizek sur le début du film et la scène du miroir où l'axe du regard de Nicole Kidman induit le trouble chez le spectateur et la spectatrice.

Faites le détour du côté du rêve, des fantasmes, des larmes et de la (re)construction du moi.

 

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