Classe ouvrière, salariat, luttes des classes

par Didier Epsztajn

<i>Classe ouvrière, salariat, luttes des classes</i>, Les Cahiers de Critique communiste, " Arguments et mouvements », Éditions Syllepse, Paris 2005, prix 7,00 €

La dernière livraison des Cahiers de Critique communiste comporte quatre articles revenant sur l'analyse marxiste (Antoine Artous), les questions relatives aux classes sociales aujourd'hui (Henri Wilno), les rapports de classes et les rapports sociaux de sexe à l'épreuve de la mixité professionnelle (Sabine Fortino) et le Capital globalisé, travail atomisé (Patrice Cuperty).

L'article d'A. Artous part des fondements de l'analyse marxiste des classes sociales : le prolétariat comme effet du rapport d'exploitation capitaliste. Le capitalisme est une forme nouvelle d'exploitation de travailleurs " libres ». La production s'organise sur le " travailleur collectif » qui ne peut être compris comme simple juxtaposition de procès de travail individuel, ce qui implique division du travail et hiérarchisation de savoir. L'auteur analyse le statut des nouvelles couches salariées (en revenant sur les définitions du travail productif) et les effets contradictoires de la prolétarisation. A partir de " l'existence du prolétariat à travers les luttes des classes », A. Artous revient sur des débats actuels comme la " multitude » d'A. Négri ou sur la liaison avec les " mouvements sociaux ».

Cet article d'une quarantaine de pages est remarquable par ses qualités pédagogiques, sa rigueur dans l'approche théorique et son ouverture aux débats d'hier et d'aujourd'hui. Nous sommes ici très loin de certaines vulgates marxistes ou de certaines réductions sociologiques.

Le renforcement du salariat s'est accompagné d'une forte diversification. L'article d' Henri Wilno traite plus particulièrement des classes sociales aujourd'hui, de la place des ouvriers, des notions de salariat et de prolétariat.

Sabine Fortino analyse certaines conséquences du développement de la mixité professionnelle, en insistant sur les ruptures et les continuités de la domination masculine et les clivages au sein des femmes. Un chapitre sera consacré au déni du genre dans la plupart des organisations syndicales.

Le livre se termine par l'étude de Patrice Cuperty sur les nouvelles méthodes d'exploitation de la force de travail dans le " capital globalisé » et leurs conséquences en termes d'atomisation et de précarisation du travail

Un nouvelle fois, un cahier porteur de débats, ancré dans une certaine tradition théorique et ouvert aux nécessaires nouvelles élaborations ; pour comprendre et agir sur le monde.