Mieux comprendre les OGM

par Didier Epsztajn
ATTAC, Les OGM en guerre contre la société, Mille et une nuits, Paris 2005, 3 €

Le nouveau livre d'ATTAC ne traite pas de tous le problèmes liés à la transgenèse mais des risques liés à l'utilisation des plantes transgéniques dans l'agriculture et l'alimentation.

 

La première partie du livre revient sur l'absence de débat scientifique sur les chimères génétiques (nom plus exact des organismes génétiquement modifiés), sur un certain nombre de conséquences largement déniées : mutations des prédateurs (une étude indique à quelle rapidité apparaissent des pyrales (1) résistantes à l'insecticide Bt sensé protéger les céréales après modification de leur matériel génétique), pollution des eaux et du sol (les études du ministère de l'Agriculture des USA montrent que si des agriculteurs conventionnels utilisent moins de produits phytosanitaires grâce à une amélioration de leurs pratiques, les cultivateurs d'OGM augmentent leur consommation dès la quatrième année de diffusion des OGM, les quantités d'insecticides et d'herbicides sont estimées à 23 000 tonnes en 2003), absence d'augmentation des rendements (le tableau cité en page 37 indique non seulement une baisse des rendements mais de plus des surcoûts sur le " soja Roundup Ready »), etc.

 

Les grandes entreprises visent non seulement à augmenter leurs profits et à réduire l'indépendance des paysans par des liens contractuels renforcés (obligation d'acheter les semences chaque année), mais aussi à transformer les applications actuelles en choix à très long terme, voire définitifs. A ce titre, il faut lire attentivement le " contrat Montaso relatif au colza déjà cité » (page 43 à 46).

 

L'ensemble des réalités liées aux OGM est présenté clairement, avec une volonté d'explications détaillées, prenant en compte un maximum d'informations disponibles et en reliant toujours les données actuelles aux futurs conséquences envisageables.

 

En absence de débats démocratiques et sans évaluation, indépendante des firmes agro-alimentaires et laboratoires pharmaceutiques, des risques réels ou potentiels, (il est significatif, et ATTAC a bien raison d'insister sur cette problématique, que les grandes compagnies d'assurances ne veulent pas couvrir les risques liés aux OGM), les actions de désobéissances civiques qui ont été engagées doivent se poursuivre.

 

Le dossier juridique fourni aux maires pour faire interdire les cultures en plein champ sur les territoires communaux est fort utile. Il est cependant dommage qu'un dossier de même type n'ait pas été élaboré, en direction des salariés des coopératives agricoles et des firmes de l'agro-alimentaire, permettant ainsi la démultiplication des interventions citoyennes sur les OGM.

 

Une fois de plus ATTAC joue un rôle irremplaçable d'éducation populaire.

 

1. Papillon crépusculaire dont les chenilles sont sont souvent nuisibles aux cultures (vigne, maïs, etc.)

 

 

 

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