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Effondrement du KPD et victoire nazie

par

Georg K. Glaser, Secret et violence Chronique des années rouge et brun (1920-1945), éd. Agone, 25 euros.

Rarement un témoignage aura aussi bien mis en valeur les ressorts profonds de la victoire du nazisme en Allemagne. Nous suivons pas à pas le parcours de l'auteur qui, membre du KPD lors des années cruciales de Weimar, est de tous les affrontements et combats de rue. Loin des états-majors, il comprend de moins en moins la stratégie d'évitement du Parti. Là où il faudrait centraliser les efforts militaires, la volonté manque, laissant la place aux " autres », aux bruns. Pourtant les situations vécues, décrites par l'auteur, les batailles rangées gagnées puis perdues, ne l'étaient pas a priori. Manifestement l'affirmation d'une volonté de vaincre assise sur la conviction qu'un autre monde était à portée de la main faisait défaut au sommet du Parti, ou plutôt faisait horreur à la haute bureaucratie du KPD.

Rosa, assassinée quelques années auparavant, a été remplacée par de notoires incapables ayant l'aval de la direction stalinisée du Komintern. Mais l'auteur, cadre intermédiaire du Parti, ne porte pas cette critique, trotskiste s'il en est. Il n'évoque jamais l'Opposition de gauche et semble ne l'avoir jamais rencontrée. Il évoque les équivoques fronts unis avec les nazis contre les syndicats libres, par exemple à Berlin la Rouge pendant la grève des transports en 1932, la démoralisation qui s'en est suivie.

Les deux mondes qui se côtoient, celui des chefs, fonctionnaires du Parti, donnant des ordres suicidaires à de véritables héros qui obéissent et retournent, après 1933, après 1935 (rattachement de la Sarre à l'Allemagne) après une fuite épique du Reich, dans la gueule du loup : " …prisonniers d'une espérance désespérée, nous devions absolument obéir aux mots d'ordre, même insensés, et tenter l'aventure, aussi déraisonnable soit-elle. Nous nous regardions, les larmes aux yeux. »

On sait qu'ils étrennèrent par milliers les camps de la mort. La critique de la ligne affleure régulièrement dans ce récit tout entier centré sur le militantisme au quotidien, véritable épopée.

Son engagement communiste révolutionnaire est à la mesure de la haine qu'il voue au vieux monde. Il faut savoir que sa révolte vient de loin : la haine de son père, nazi de la première heure, tyran domestique, alcoolique et violent. La dimension autobiographique rend le récit absolument prenant.

La seconde partie de l'ouvrage narre l'exil en France, la solidarité ouvrière qui entoure ces réfugiés démunis de tout. Le portrait dressé de certains de ces personnages, le prolétaire allemand en fuite, la solidarité ouvrière en France qui l'accueille et l'entoure sont très émouvants. Mais les mois passent, les années se succèdent et les armées fascistes envahissent la France. La résistance en France, l'arrestation, et toujours la clandestinité, même et surtout au stalag… en Allemagne ! Puis l'évasion. Après guerre l'auteur sera syndicaliste chez Renault.

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