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Regards sur les pratiques militantes

par Didier Epsztajn

Contretemps n° 19, L'engagement en question, Textuel, 19 euros

Dans ce Contretemps n° 19, le dossier sur " l'engagement en question " est introduit par un article de Lilian Mathieu et Sylvain Pattieu qui indiquent l'intérêt à croiser les regards sociologiques et militants sur les pratiques collectives et individuelles des engagements. " Il est toujours difficile pour des militants d'accepter de voir leurs pratiques ou leurs trajectoires objectivées, tandis que les chercheurs ont souvent du mal à accepter de voir leurs résultats discutés par un auditoire militant. Il en résulte parfois une double incompréhension : les militants connaissent peu les travaux de science politique, de sociologie ou d'histoire qui concernent les mécanismes et les ressorts de l'engagement, alors qu'ils pourraient permettre une réflexivité sur leurs propres pratiques, et les chercheurs peuvent se voir suspectés, par méconnaissance du monde militant, de le caricaturer en le réduisant à un système de coûts et de rétributions matérielles et symboliques. ".

Les onze articles de ce dossier traitent de nombreux sujets qu'il serait vain de tenter de résumer dans cette petite note. Parmi eux, je voudrais signaler particulièrement deux articles.

Le premier de Florence Johsua " S'engager, se désengager, se réengager : les trajectoires militantes à la LCR " tente d'appréhender une des dimensions de la pratique militante de la LCR, à savoir le lien étroit aux mouvements sociaux. Cette lecture déjà explicitée dans d'autres textes, me semble particulièrement intéressante et novatrice car elle ne réduit pas l'engagement politique aux pratiques partisanes et elle éclaire les allers et retours, entre différentes pratiques (quelquefois différentes temporalités) et leurs enrichissements mutuels. On lira également avec intérêt : F. Johsua " Les conditions de (re)production de la LCR, l'approche par les trajectoires militantes " publié dans l'ouvrage dirigé par Florence Haegel : " Partis politiques et système partisan en France " (Presse de Science Po, coll. Références, Paris 2007) et son " La dynamique militante à l'extrême gauche : Le cas de la LCR " (Cahiers du CEVIPOF).

Un second article, de Maud Gelly, me semble particulièrement illustratif des nouvelles problématiques militantes trop peu abordées. A partir d'un atelier des " Alternatives féministes " organisé par le Collectif national des droits des femmes en 2005, est abordée la transmission générationnelle, ici du féminisme. Et comment renoncer à illustrer les propos par la belle conclusion de cet article " Symbolisant bien nos problèmes de transmission, la petite fille figurée par un dessin d'enfant sur le tract Alternatives féministes n'avait ni bouche ni bras. Cet atelier nous a permis d'essayer de lui dessiner deux bras, un pour tendre le poing et l'autre pour passer le témoin ou le prendre, et une bouche, pour crier les slogans et pour chuchoter, à l'oreille de notre jeune voisin-e de réunion, la signification de MLAC, CADAC, MFPF, etc. "

Ce riche dossier, qui je l'espère donnera lieu à d'autres explorations, est complété, entre autres, par un texte inédit d'Adorno sur les classes sociales, une confrontation des positions d'Arendt avec Marx sur la production (P. Sereni) et un article sur l'égalité citoyenne chez Marx, Balibar et Lefort (A. Artous).

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