Alors qu’une propagande insistante tendait à convaincre jusqu’aux peuples colonisés eux-mêmes que la décolonisation était achevée, l’actualité la plus pesante montre que la lutte pour l’autodétermination des peuples, de tous les peuples, est un impératif catégorique pour freiner la fascisation rampante ou à marche forcée de bien des pays.
L’émancipation humaine passe par un coup d’arrêt à l’extrême-droitisation, le renversement du capitalisme et l’autodétermination des peuples. Ces trois axes étant étroitement mêlés.
Pour tenter d’éviter sa chute, le capitalisme impérialiste nourrit l’extrême droite et s’oppose mordicus à l’autodétermination des peuples. La démonstration la plus éclatante de cette vérité se trouve en Palestine.
Le chef de file de l’impérialisme, Trump et sa bande, portent à bout de bras les fascistes israéliens. Les impérialismes second, français, anglais, allemand, italien, etc., agissent en complices plus ou moins hypocrites.
Le peuple palestinien dont l’autodétermination est niée depuis 1948 et même avant, n’est soutenu ni par les États, ni par les bourgeoisies arabes. Le seul allié crédible du peuplepalestinien se trouve chez les masses prolétariennes et populaires du monde.
Mais les progressistes du monde ne peuvent soutenir valablement l’autodétermination du peuple palestinien et nier en même temps le droit du peuple ukrainien à avoir un État, des frontières et la possibilité de vivre en paix. Les « caucasiens » d’Ukraine aussi ont droit à la vie, au libre choix de leur avenir. Quant au peuple russe et aux différents autres soumis à l’impérialisme grand russe, ils ne pourront s’administrer eux-mêmes qu’en renversant l’oligarchie mafieuse qui règne au Kremlin.
La situation abominable du Congo a partie liée avec les États de la région (Rwanda en tête) qu’on ne saurait en aucun cas exonérer, mais on sait bien que les multinationales soutenues par leurs États d’origine, sont sans foi ni loi, dans leur rapacité pour faire mains basses sur les richesses naturelles de la Région.
Les horribles malheurs du Soudan ont aussi à voir avec le droit à l’autodétermination du peuple soudanais. Celui-ci, révolté contre un régime tyrannique, avait retrouvé l’espoir et posait les jalons de sa révolution. Mais deux bandes armées rivales, pour confisquer le pouvoir, ont eu recours aux sous-impérialismes rétrogrades voisins, et ce sont les masses qui en font les frais.
Haïti vit sous la férule des gangs. Les liens de ces derniers avec telle ou telle branche de l’oligarchie, ne font guère de doute. Entre ces clans et les politiciens, on ne sait même plus qui instrumentalise qui, mais il n’est pas douteux que la main des divers impérialismes n’est jamais loin, et s’il est un peuple privé de son autodétermination, c’est bien le peuple haïtien.
Parmi les impérialismes à la manœuvre, il y a bien sûr celui qui, depuis deux siècles, a adopté le surnom d’Oncle Sam. Depuis une longue tradition, qui a commencé dès qu’il s’estlui-même débarrassé du joug colonial anglais, la négation de l’autodétermination des autres, lui sert de religion. Image caricaturale et sinistre de cette tradition, le sieur Trump avoue clairement sa volonté de s’approprier le Groenland quand ce n’est pas carrément le Canada, sa disponibilité à jeter des bombes sur le Mexique, à envahir le Venezuela, à renverser des gouvernements, à donner des ordres à la justice brésilienne, à étrangler Cuba, ou la Colombie… Évidemment, Puerto-Rico doit rester dans son empire, au besoin grâce à ses bases militaires. Et la France de même, ne se voit pas lâcher le moindre confetti du sien.
C’est par ce biais que notre lutte rejoint beaucoup d’autres dans le monde, et que nous nous associons au combat contre la Françafrique, qu’il ne saurait s’agir de remplacer par la Russafrique ou la Chinafrique.
Comme quoi, avant d’être une question de géopolitique et de combat de blocs, l’autodétermination est l’affaire de la lutte des peuples pour leur émancipation, y compris en coordination avec la lutte des prolétaires des pays riches qui ont les mêmes ennemis que nous, même en prenant beaucoup de temps pour en tirer toutes les conséquences.
Publié le 1er décembre 2025 dans Révolution socialiste n° 423.