UN COUP DE SEMONCE CIVILISATIONNEL ET UNE RÉPONSE ÉCOSOCIALISTE

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Cette résolution propose au Congrès mondial une alternative au texte de la Commission d'écologie - La destruction capitaliste de l'environnement et l'alternative écosocialiste.

* Alan Davies, est membre de Socialist Resistance, Grande- Bretagne, et de la QI

Le monde s'approche d'un gouffre climatique. Seize des 17 années les plus chaudes en 136 ans ont eu lieu depuis 2001. L'année 2016 est la plus chaude jamais enregistrée. Les scientifiques ont longtemps soutenu qu'une augmentation de la température moyenne à la surface de 2°C au-dessus du niveau préindustriel - nous sommes déjà à 0,99°C et en progression - va déclencher des rétroactions irréversibles qui pourraient faire basculer le système climatique mondial au-delà du contrôle humain. La COP de Paris a estimé que la limite de 2°C était inadéquate et a adopté une limite plus stricte de 1,5°C. Cela suffit pour faire fondre une grande partie des calottes glaciaires du monde et ouvrir la voie vers un monde sans glace. En conséquence, le niveau de la mer augmentera fortement et plusieurs milliers d'îles seront submergées ainsi que des zones côtières autour du globe. La déstabilisation de la calotte glaciaire de l'Antarctique occidental fait planer la menace d'une augmentation encore plus importante du niveau des mers, jusqu'à six ou sept mètres. Les phénomènes météorologiques extrêmes (sécheresses, tempêtes, inondations et feux de forêt) deviendraient de plus en plus fréquents et graves. Les plus pauvres souffriront le plus.

Les océans sont maintenant 30 % plus acides qu'à l'ère pré-industrielle, en raison (principalement) de l'absorption de carbone de l'atmosphère. Un tiers de toutes les émissions de CO2 dans l'atmosphère sont absorbées dans les océans. Les récifs coralliens se meurent. Les invertébrés marins qui dépendent de la calcification pour leurs structures en coquille sont confrontés à un sombre avenir, tout comme le cycle de reproduction de nombreuses espèces de poissons qui sont au centre de l'alimentation humaine.

Les espèces disparaissent 1000 fois plus vite que le taux historique ou "naturel". Le rapport du WWF de 2016 - qui a suivi plus de 10 000 espèces de mammifères, d'oiseaux, de reptiles, d'amphibiens et de poissons dans les régions tropicales et tempérées - a conclu qu'au cours des cinquante dernières années l'impact humain a fait plus de dommages aux habitats naturels que dans toute période antérieure dans l'histoire de la planète. Le rapport reconnaît - avec un poids prédominant d'opinions scientifiques - que nous assistons actuellement à la sixième grande extinction, c'est-à-dire la plus grande extinction d'espèces depuis celle qui a détruit les dinosaures il y a 65 millions d'années.

En même temps, nous traitons la planète comme une gigantesque décharge. La Banque mondiale (rien de moins) a calculé que la production de déchets urbains par habitant dans le monde est actuellement de 2,6 livres par personne et par jour et devrait augmenter rapidement, en grande partie dans les pays en développement. Si vous ajoutez à cela les déchets produits par la production d'énergie, l'industrie et l'agriculture, le volume de déchets créés chaque jour pèse plus que le poids combiné des 7 milliards d'habitants de la planète!(1)

Il y aura bientôt plus de plastique que de poissons dans les océans. 90 % des les oiseaux marins ont du plastique dans leur corps. La première analyse globale de tous les plastiques produits en masse - Production, use, and fate of all plastics ever made - a été réalisée par l'Université de Californie et publiée en juillet 2017 (3). Elle estime que 8,3 milliards de tonnes de plastiques non biodégradables ont été produites depuis que la production de plastique a commencé dans les années 1950 - la majorité finissant dans les décharges ou dans les océans. Sur les près de sept milliards de tonnes de déchets plastiques produits en 2015, seulement 9 % ont été recyclés et 12% incinérés. Le reste est allé dans l'environnement (principalement les océans) et durera des centaines, peut-être des milliers d'années sous une forme ou une autre.

Le message est clair et implacable. Les humains modernes, les "homo sapiens» - nous-mêmes -, sont déterminés à déterminer, au cours du présent (21ème) siècle, si la planète sur laquelle nous vivons avec des millions d'autres espèces continuera à être un espace habitable.

Nous, en tant qu'espèce, ne pouvons pas continuer à suivre la voie destructrice que nous avons suivie pendant la majeure partie de notre existence - depuis la révolution industrielle en particulier. Les guerres et les conflits autour des ressources énergétiques sont devenus plus fréquents. Les personnes qui fuient la désertification, les inondations ou les incendies sont victimes des contrôles nationaux d'immigration et subissent les foudres de la police et des services d'immigration. L'ONU estime qu'environ 50 millions de personnes sont des "réfugiés environnementaux», contraints de quitter leurs régions d'origine à la suite de la sécheresse, des inondations, de l'érosion des sols et de l'extension de l'agriculture orientée vers l'exportation. La transition vers cette nouvelle réalité met en danger la vie de centaines de millions de personnes pauvres, en particulier des femmes, des enfants et des personnes âgées, et pourrait contribuer à l'effondrement complet de notre espèce.

Le capitalisme, les humains modernes et la planète

Nous pouvons convenir, en tant que socialistes révolutionnaires, que le système capitaliste, avec sa quête insatiable de profit et de croissance, est le système social le plus destructeur pour l'environnement auquel la planète ait jamais été confrontée. Il aliène les êtres humains de leur environnement comme des résultats de leur travail. C'est le système le plus socialement conflictuel que le monde ait jamais connu en termes de déni des droits humains et civiques et d'exploitation économique. Il n'y a pas de contestation à gauche sur ce sujet. En tant que socialistes, nous luttons contre le capitalisme tous les jours de notre vie.

La question qui se pose cependant, et qui reste controversée, n'est pas de savoir si le capitalisme est écologiquement destructeur, mais si la crise environnementale et climatique peut être réduite au rôle du capitalisme - comme cela est souvent implicite dans les textes des marxistes et des environnementalistes socialistes. La réponse à cette question est non. En fin de compte, le capitalisme est une construction humaine. C'est l'une des formes d'organisation sociale adoptées par les humains modernes au cours de leur/notre évolution sur cette planète - et, espérons-le, ce ne sera pas la dernière, ce n'est pas du "spécisme», ou anti-marxiste de le dire - c'est une réalité objective. Qu'il soit basé sur l'exploitation et divisé en classes n'en fait pas moins une construction humaine.

En tout cas (comme le souligne le texte de la Commission) lorsque des parties importantes du monde sont sorties de la sphère d'influence capitaliste durant la plus grande partie du XXe siècle sous la forme des dictatures staliniennes, la destruction écologique était encore pire.

Il est donc temps d'accepter, aussi inconfortable que ce soit, qu'en dépit de sa capacité destructrice inégalée, le capitalisme n'est pas le seul défi environnemental de la planète. Les humains modernes, "homo sapiens", c'est-à-dire nous-mêmes, ont également joué et continuent, de même, à jouer un rôle destructeur majeur. En fait, les deux facteurs sont finalement indivisibles, puisque la fin du capitalisme est en fin de compte une construction humaine. C'est juste une des constructions (ou formes d'organisation sociale) conçues par les humains modernes au cours de leur/notre évolution sur la planète.

L'impact des êtres humains sur la planète a été maintenant mis en évidence par la conclusion de la communauté scientifique, à l'échelle mondiale, de proposer un changement à la définition de l'époque géologique actuelle de l'Holocène (la période depuis la dernière ère glaciaire) à l'époque de l'Anthropocène - une époque définie par l'impact des humains modernes sur la planète et sa biosphère. Il est important que nous soutenions pleinement ce développement qui peut aider à clarifier la situation et aider à développer la lutte.

Les humains modernes sont uniques, et notre influence sur l'écologie de la planète est antérieure à l'avènement du capitalisme et lui survivra de même. Depuis qu'ils (nous) sont sortis d'Afrique il y a quelques 180 000 ans (2), nous avons toujours eu un impact disproportionné sur d'autres espèces étant donné notre capacité intellectuelle, nos compétences de chasse, nos capacités organisationnelles et linguistiques et notre volonté d'explorer. Nous sommes la seule espèce qui a envahi tous les habitats terrestres et est capable de détruire plusieurs fois la planète et sa biosphère - par dégradation écologique ou guerre nucléaire -, à moins que nous ne décidions (ou ne gérions) consciemment de ne pas le faire. Nous sommes la seule espèce capable d'agir consciemment (plutôt que par instinct) et de comprendre notre propre existence et les conséquences de nos propres actions. Nous ne pouvons ignorer cette situation et son impact sur la planète et les autres espèces qui y vivent.

Les humains modernes sont été responsables de la disparition de nombreux grands mammifères qui n'avaient pas d'autres prédateurs mais étaient vulnérables aux humains modernes. Avec l'expansion de la capacité maritime, les marins ont chassé jusqu'à l'extinction des espèces isolées et vulnérables telles que le dodo, le grand pingouin, la tortue géante et les oiseaux qui avaient évolué sans crainte de la prédation. Ces espèces sont passées de l'abondance à l'extinction en très peu de temps. La grande vache de Steller, qui se déplaçait lentement autour des îles Commander dans la mer de Béring, a été chassée jusqu'à l'extinction 27 ans après sa découverte par les êtres humains. Nous avons inventé l'agriculture il y a 12 000 ans, ce qui a facilité un nouveau bond dans la production alimentaire et la croissance démographique.

Comment pouvons-nous ignorer cette situation lorsque nous sommes confrontés à la crise écologique? Nous ne pouvons pas non plus refuser d'en assumer la responsabilité. Il est vrai que, dans la société, les plus riches en portent la plus grande responsabilité, mais au final c'est notre planète et la seule disponible.

Les problèmes de la gauche radicale

La gauche radicale a eu un 20ème siècle désastreux en ce qui concerne l'écologie de la planète - et donc une certaine humilité devrait être de mise vis à vis du reste du mouvement. Les organisations dominantes se considérant comme marxistes - qu'elles soient staliniennes, maoïstes ou trotskystes - n'étaient pas seulement absentes de la lutte écologique la plupart du temps, mais elles embrassaient les pires aspects de la logique capitaliste en terme de croissance et de productivisme. Il y a eu des personnes très importantes de la gauche radicale ou de la tradition trotskyste, au Nord, et même de petits courants, avant et après la Seconde Guerre mondiale, qui s'y opposaient mais qui étaient incapables d'inverser le cours. Nous pouvons citer les pionniers nord-américains tel(le)s Rachel Carson, Roderick Frazier Nash, Scott Nearing et Barry Commoner qui ont apporté une contribution majeure et sont issus de milieux socialistes ou écosocialistes.

Dans les pays du Sud, où la crise écologique a eu le plus d'impact, la dynamique écosocialiste était déjà plus forte, en particulier dans les mouvements indigènes et paysans. Il y a eu des socialistes comme Chico Mendes au Brésil et Vandana Shiva, militante socialiste, féministe et écologique en Inde. Il y a eu aussi des mouvements de masse importants comme le mouvement paysan au Pérou, dirigé par Hugo Blanco, qui rejetaient ce cadre.

Malgré ces contributions exceptionnelles, la grande majorité des organisations se définissant comme marxistes ou socialistes n'étaient pourtant pas impliquées. Elles ont considéré la lutte écologique au mieux comme une diversion de la classe moyenne et se sont tenus à l'écart de la lutte des années 1930 aux 90. Cela ne nous mènerait nulle part aujourd'hui d'agir comme si, maintenant que nous nous réveillons, nous avions toutes les réponses. Cela ne représenterait pas le genre de réévaluation profonde et critique de notre approche de l'écologie de la planète et des formes de croissance et de productivisme nécessaires pour réarmer le marxisme et le socialisme au XXIe siècle.

Écosocialisme

Se réarmer pour le XXIe siècle, c'est approfondir notre compréhension du concept d'écosocialisme - sur lequel nous nous sommes engagés lors du dernier Congrès mondial. L'écosocialisme n'implique rien de moins que la survie de la planète Terre en tant qu'espace habitable que nous partageons, nous-mêmes et les millions d'autres espèces, et l'échelle de temps pour ce faire est de quelques décennies. Cela signifie que la lutte écologique ne peut plus être traitée comme un complément à tous les autres aspects de la lutte dans laquelle nous sommes engagés, car c'est le plus important et le plus fondamental de tous.

Cela signifie que nous devons nous appuyer sur les conceptions écologiques du marxisme classique lui-même, développées et élaborées par Marx, Engels et William Morris dans la seconde moitié du XIXe siècle. Il y avait une approche qui réunissait une forte compréhension écologique avec le processus révolutionnaire lui-même. C'est un patrimoine qui a été perdu dans la première partie du 20eme siècle, mais qui a été rétabli au cours des dernières décennies, notamment par John Bellamy Foster, dans Marx's Ecology- materialism and nature publié en 2000, et Paul Burkett, dans Marx and Nature publié en 2014.

Cela signifie que les modèles d'une société socialiste/écosocialiste post-capitaliste discutés au cours du 20e siècle sont aujourd'hui inaptes à la tâche, même si nous mettons de côté les monstruosités staliniennes. Même les modèles discutés par les trotskystes et d'autres qui avaient rejeté le stalinisme n'ont pas commencé à aborder le problème. Cela signifie comprendre que si une société post-capitaliste/écosocialiste nous mettrait dans une bien meilleure position pour faire face à la crise écologique, elle ne le résoudrait pas automatiquement. Cela signifie accepter que la lutte pour la durabilité environnementale devra continuer après la révolution socialiste.

Cela signifie développer un modèle d'une société écosocialiste post-capitaliste qui ne soit pas seulement basée sur la justice économique et sociale, mais sur la durabilité écologique et la capacité à le rester. Cela signifie la fin de l'utilisation des combustibles fossiles et un passage complet aux énergies renouvelables. Cela signifie mettre fin et au productivisme et à l'obsolescence programmée et à la production pour des valeurs d'usage et non d'échange. Cela signifie la fin de l'élevage industriel et une réduction importante de la consommation de viande. Cela signifie prendre en compte la démographie de la planète et passer à une taille de population et à une structure compatibles avec la biosphère de la seule planète. Cela signifie développer une relation avec la nature basée sur le fait d'être une partie de la nature plutôt que d'être en conflit avec elle et existant à ses dépens.

Croissance économique et croissance démographique

Il est de plus en plus reconnu dans la gauche radicale écologique que la croissance et le productivisme sans fin, générés par le capitalisme ou au siècle dernier par les États staliniens, sont complètement insoutenables et vont détruire la biosphère de la planète si celà continue. Qu'il s'agisse de ressource naturelle surexploitée jusqu'à épuisement, du rejet de déchets dans l'écosystème supérieur à que ce qui peut être absorbé en toute sécurité, conduisant à un dysfonctionnement ou à un effondrement. Le taux global actuel de croissance de 3% par an ferait croître l'économie mondiale d'un facteur de 16 au cours de ce siècle et d'un facteur de 250 au cours de ce siècle et de l'autre.

Nous ne pouvons pas longtemps éviter la question démographique, c'est-à-dire la croissance de la population, qui est indissociable de la croissance économique puisqu'elle est l'un des principaux moteurs de la croissance économique.

La population humaine de la planète a presque triplé au cours des 60 dernières années - de 2,5 milliards en 1952, quand j'ai quitté l'école - à 7,2 milliards aujourd'hui. Bien que le taux de croissance ait diminué, l'augmentation se poursuit en valeur absolue de 70 à 80 millions par an. Cela a été le cas au cours des 50 dernières années et ne montre aucun signe de réduction. Cela équivaut à ajouter la population de l'Allemagne à la planète chaque année.

Selon l'ONU, la population de l'Afrique pourrait plus que doubler d'ici le milieu du siècle, passant de 1,1 milliard aujourd'hui à 2,4 milliards en 2050, et potentiellement atteindre 4,2 milliards d'ici 2100. La population du Nigeria devrait dépasser celle des États-Unis avant le milieu du siècle. Le Nigeria pourrait commencer à rivaliser avec la Chine en tant que deuxième pays le plus peuplé du monde. D'ici à 2100, plusieurs autres pays pourraient avoir des populations dépassant 200 millions, à savoir l'Indonésie, la République-Unie de Tanzanie, le Pakistan, la République démocratique du Congo, l'Ethiopie, l'Ouganda et le Niger (4). Au cours de la même période, la population des régions développées restera largement stable à environ 1,3 milliard de personnes.

La clé pour stabiliser la démographie de la planète est l'autonomisation des femmes pour contrôler leur propre corps et le rejet de toute forme de contrôle coercitif de la population. L'autonomisation signifie donner aux femmes les moyens de contrôler leur propre fécondité en rendant la contraception et l'avortement librement accessibles aux femmes, en leur donnant accès à l'éducation et en les sortant de la pauvreté. Cela signifie défier l'influence de la religion, du patriarcat ou de la pression communautaire, qui leur refusent le droit de choisir.

Les taux de natalité les plus élevés et les empreintes carbone les plus faibles se trouvent tous deux dans les pays appauvris du Sud. Plus de 220 millions de femmes se voient refuser des services de base, ce qui peut faire (et fait souvent) la différence entre la vie et la mort. Il y a 80 millions de grossesses non désirées par an dans le monde, ce qui équivaut à l'augmentation de la population mondiale. 74 000 femmes meurent chaque année à la suite d'avortements ratés dans les rues, en nombre disproportionné dans le Sud. Chaque année, environ 288 000 femmes meurent de causes évitables liées à la grossesse et à l'accouchement - et 99% d'entre elles le font dans les pays en développement. C'est une politique qui aide les femmes des pays du Sud et qui aide la planète en même temps - c'est à nouveau gagnant-gagnant.

En tout état de cause, la thèse selon laquelle la plupart des femmes des pays du Sud, ayant un véritable choix, choisiraient d'avoir les grandes familles que nombre d'entre elles ont aujourd'hui (ou permettent à leurs maris d'imposer ces familles) n'est pas convaincante. Certaines le feraient mais la plupart ne le feraient pas. Les grossesses multiples avec peu d'espace entre elles font des ravages en termes de santé et d'espérance de vie des mères concernées.

Production alimentaire

La question posée, en termes de nourriture, n'est pas seulement de savoir si suffisamment de nourriture peut être produite pour subvenir à la population humaine existante de 7,2 milliards, ou même les 9 ou 10 milliards de personnes projetées au milieu du siècle. La question est de savoir si de tels nombres peuvent être alimentés sans détruire la biosphère de la planète: sans une plus forte extension de l'agriculture et par l'utilisation toujours croissante d'engrais chimiques, de pesticides, d'hormones, d'antibiotiques et de techniques de monocultures.

L'agriculture est de loin le plus grand utilisateur mondial d'eau douce qui devient de plus en plus rare. La demande d'eau douce à l'échelle mondiale a longtemps dépassé les sources renouvelables disponibles qui sont reconstituées par la pluie ou la fonte des neiges. Les sources anciennes (sous la forme d'aquifères) sont en difficulté. Soit ne pas renouveler du tout ou renouveler à des taux très éloignés du remplacement. La distribution est inégale. Certaines régions sont relativement bien approvisionnées alors que d'autres sont confrontées à la sécheresse et à une salinisation croissante à cause de l'élévation du niveau de la mer. Dans une grande partie du monde en développement, l'eau salubre est cruellement difficile à trouver ou nécessite un travail laborieux ou de gros investissements. Selon l'ONU, la demande en eau a augmenté plus de deux fois le taux de la population au cours du siècle dernier. D'ici 2025, on estime que 1,8 milliard de personnes vivront dans des régions touchées par la pénurie d'eau, les deux tiers de la population mondiale vivant dans des régions touchées par le manque d'eau.

La question posée, en termes de production alimentaire, n'est donc pas simplement de savoir si suffisamment de nourriture peut être produite pour nourrir la population humaine existante de 7 milliards, voire les 9 ou 10 milliards de personnes projetées au milieu du siècle. La question est de savoir si ces populations peuvent être nourries sans détruire la biosphère de la planète et épuiser ses réserves d'eau douce? Est-ce que cela peut être fait sans une extension majeure de l'agriculture intensifiée avec l'utilisation croissante d'engrais chimiques, de pesticides, d'hormones, d'antibiotiques et de techniques de monoculture?

Certaines des revendications que nous devrions poser sont les suivantes :

• L'abolition de la propriété privée des ressources naturelles - terre, eau, forêts, énergie éolienne, solaire, énergie géothermique et systèmes marémoteurs.

• La socialisation du secteur du crédit pour fournir des investissements à long terme dans les énergies renouvelables et l'adaptation aux changements climatiques qui sont déjà inévitables et pour l'aide à ceux qui se sont vu refuser la justice climatique

• Défendre les droits des Peuples Premiers/peuples autochtones et reconnaître le besoin d'apprendre de la relation qu'ils ont développée avec la nature et la Terre Mère.

• Mettre fin à l'agriculture industrialisée qui domine notre système alimentaire mondial. Une petite poignée de grandes entreprises contrôlent une grande partie de la production, de la transformation, de la distribution, de la commercialisation et de la vente au détail de produits alimentaires. Cela permet aux grandes entreprises d'éliminer la concurrence et de dicter des conditions strictes à leurs fournisseurs. Cela conduit les agriculteurs et les consommateurs à la pauvreté et la faim.

• Une forte réduction de la production et de la consommation mondiales de viande.

• Une grande réduction du gaspillage alimentaire.

• Promouvoir la souveraineté alimentaire qui affirme le droit de ceux qui produisent, distribuent et consomment la nourriture à contrôler les mécanismes et les politiques de production et de distribution de nourriture.

• Protéger la biodiversité de la planète dans la production de nourriture en mettant fin à l'utilisation de pesticides et d'herbicides et interdire les aliments OGM.

L'état du mouvement

1) La lutte indigène

Selon l'ONU, on estime à 370 millions la population autochtones sur la planète dans 90 pays et parlant environ 7 000 langues. Ils ont longtemps été les défenseurs les plus efficaces de l'écologie de la planète et de ses espaces sauvages et les meilleurs gardiens de son intégrité et de sa biodiversité. Leur lutte se combine souvent avec celle des paysans et des communautés rurales, mais avec une relation directe et plus spécifique avec la nature supposant naturellement un cadre écosocialiste. Cela va de pair avec leurs propres luttes pour la souveraineté sur leurs propres terres, territoires, ressources et pour l'autodétermination.

De nombreux peuples autochtones vivent sur un territoire riche en ressources, en partie parce qu'ils l'ont protégé et préservé pendant des générations. Cela en fait des cibles privilégiées pour les industries extractives et les accaparements de terres. Ils luttent contre la colonisation depuis plus de 500 ans et continuent de lutter contre toutes les formes de colonisation et de racisme. Les peuples autochtones du Canada et du nord des États-Unis ont été à l'avant-garde de la lutte contre la construction d'oléoducs pour l'extraction des sables bitumineux de l'Alberta. Cinquante organisations autochtones ont signé un traité pour s'opposer au traité en 2016, y compris la tribu sioux Standing Rock, qui s'oppose à l'oléoduc du Dakota du Nord.

Le Sommet mondial des Peuples Autochtones s'est tenu à Anchorage, en Alaska, en avril 2009 - en préalable à la COP de Copenhague qui s'est tenue en décembre. C'était le plus grand rassemblement de peuples autochtones jamais organisé pour débattre du changement climatique. Il a été suivi par 500 personnes représentant 80 nations : d'Arctique, d'Amérique du Nord, d'Amérique latine, d'Afrique, des Caraïbes et de la Russie.

Après la défaite du mouvement climatique au sommet de Copenhague sur le climat (COP15), le président bolivien Evo Morales a convoqué en avril 2010 une conférence des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre Mère à Cochabamba en Bolivie, afin de faire entendre la voix des peuples, y compris les peuples autochtones. Plus de 35 000 personnes ont assisté à la conférence malgré les perturbations causées par une éruption volcanique en Islande (volcan Eyjafjallajökull) qui a empêché plusieurs milliers de personnes d'y assister.

2) La lutte plus vaste

La lutte pour la défense de la planète et contre le réchauffement planétaire et le changement climatique exige la coalition la plus large possible impliquant non seulement les forces des mouvements indigènes et du mouvement ouvrier, mais aussi les mouvements sociaux qui se sont renforcés et radicalisés ces dernières années et ont joué un rôle croissant, en particulier dans la mobilisation climatique. Des organisations telles que Plane Stupid, Take the Power, et les mouvements Ende Gelõnde en Allemagne ont mené d'importantes campagnes d'action directe. Via Campesina est l'un des plus grands mouvements sociaux au monde et rassemble plus de 200 millions de petits et moyens agriculteurs, de paysans sans terre, de femmes agricultrices, de peuples autochtones, de migrants et de travailleurs agricoles de 70 pays. Le Mouvement Brésilien des Travailleurs Sans Terre (MST) est l'une des plus grandes composantes de Via Campesina, avec 1,5 million de membres qui militent pour l'accès des pauvres à la terre et pour la redistribution des terres. Il a conduit des occupations de terres par les ruraux pauvres forçant le gouvernement brésilien à réinstaller des centaines de milliers de familles. Les ONG et les Verts ont également apporté d'importantes contributions à la lutte. Des organisations de longue date telles que les Amis de la Terre et Greenpeace se sont développées et radicalisées ces dernières années et de nouveaux groupes tels qu'Avaaz et 38 Degrees se sont radicalisés, notamment à la veille de Paris, et ont une capacité de mobilisation impressionnante.

La COP 21 de Paris avec toutes ses faiblesses (et il y en a beaucoup) a été un plus pour le mouvement car elle a reconnu pour la première fois le caractère anthropique de la crise climatique (contrairement à Copenhague) et a fixé un objectif incluant l'augmentation dans la température moyenne de la surface de la planète en dessous de 1,5 ° C - qui est un objectif avec des implications transitoires. Cependant il n'a pas été atteint sans lutte. C'est le résultat direct d'une bataille déterminée, tout au long de la conférence, par les pays qui disparaîtront sous les vagues à la suite d'une hausse de température de plus de 1,5°C. Une coalition de cent pays vulnérables, menée par les ╬les Marshall, a organisé ce qu'ils ont appelé une "Coalition pour une haute ambition» afin de coordonner leur campagne. Beaucoup d'entre eux ont longtemps fait campagne autour du slogan "1.5 pour rester en vie» mais personne n'a écouté. Cette lutte doit aller de pair avec une politique mondiale qui répond aux besoins humains réels, qui ne sont pas déterminés par le marché mais par une discussion démocratique permettant aux populations de prendre leur destin en main, libérées de l'aliénation du marché. La tâche consiste maintenant à tirer parti des gains - c'est-à-dire les nouvelles cibles et objectifs établis à Paris, tout en luttant pour que les différents pays respectent les engagements qu'ils ont pris en matière de réduction des émissions de carbone.

Finalement, l'implication des syndicats dans la lutte contre le changement climatique est cruciale, même si elle reste difficile dans une telle période défensive. Les progrès ont néanmoins été le fruit d'initiatives telles que la campagne pour un million d'emplois verts en Grande-Bretagne, qui bénéficie du soutien de la plupart des grands syndicats et de la TUC. Au niveau international, la campagne de "transition juste» de la CSI (une transition socialement juste des combustibles fossiles aux emplois verts) est très importante, bien qu'elle se déroule dans un cadre réformiste - comme la grande majorité des campagnes et actions syndicales. Des campagnes telles que "Trade Unions for Energy Democracy» et "Labour Network for Sustainability». Ces initiatives sont crédibles au sein des syndicats car elles traitent la question des pertes d'emplois à la suite du passage à l'énergie verte.

3) La QI

La QI s'est déclarée écosocialiste lors du dernier Congrès mondial en 2010. Ce faisant, elle est devenue le seul courant international de la gauche radicale à le faire. C'est une décision importante mais ce n'est qu'un premier pas sur lequel bâtir. Les partisans les plus fervents de cette initiative sont les sections des pays pauvres du Sud qui sont les plus touchées par les phénomènes météorologiques extrêmes qui ont le moins contribué aux émissions de carbone et qui sont les plus démunis en matière de justice climatique. Certaines de ces sections étaient déjà écosocialistes.

La section de la QI de Mindanao aux Philippines, par exemple, une région confrontée à des typhons de plus en plus fréquents et puissants, a longtemps été impliquée dans la défense de leurs communautés contre les phénomènes météorologiques extrêmes. Ils sont également engagés dans le développement de méthodes agricoles basées sur la souveraineté alimentaire et l'exclusion des semences génétiquement modifiées de multinationales comme Monsanto. À l'inverse, ils cultivent leurs propres semences et produisent de la nourriture biologique pour les communautés locales.

Le Bangladesh, l'un des pays les plus vulnérables, de faible altitude, et les plus touchés du monde en termes de changement climatique, souffre déjà de l'élévation du niveau de la mer et de la salinisation de vastes régions du pays. La section de la QI est profondément engagée dans la lutte contre le changement climatique et l'élévation du niveau de la mer. La section de la QI est centralement investie dans de grands mouvements paysans, à la fois dans la lutte contre le changement climatique et la redistribution des terres sur le modèle du MST au Brésil. Avec Via Campesina et d'autres organisations, ils font campagne pour la souveraineté alimentaire, les droits des producteurs paysans et pour la redistribution des terres. Ils ont été fortement impliqués dans l'organisation de caravanes climatiques depuis 2011, qui ont fait campagne dans tout le Bangladesh, au Népal et en Inde contre le changement climatique et le réchauffement global.

Au Pakistan, les camarades de la QI ont également été à l'avant-garde de la lutte contre le changement climatique. En 2010, des inondations dévastatrices ont submergé un cinquième du pays et laissé des millions de sans-abri. Vingt millions de personnes ont été touchées et 2 000 personnes ont perdu la vie, 12 millions de personnes ont vu leurs foyers endommagés ou détruits. Un demi-million de têtes de bétail a été perdu et 10 000 écoles ont été détruites.

Cinq camarades ont été emprisonnés pour avoir défendu des villageois après un glissement de terrain qui a bloqué la rivière Hunza dans la région de Gilgit-Baltistan au Pakistan, balayant des maisons et tuant 19 personnes. Le glissement de terrain a formé un lac de 23 km de long qui a submergé trois villages, laissant 500 personnes sans abri et 25 000 bloquées. Ils sont toujours en prison aujourd'hui sept ans plus tard et les campagnes se poursuivent pour leur libération (5).

Au Brésil, des camarades de la QI ont été impliqués dans la défense de l'Amazonie et contre le désastreux traité REDD (Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts). En Amérique latine, les organisations de la QI ont été impliquées dans des mobilisations autour du Sommet des Peuples à Cochabamba.

En Europe et en Amérique du Nord, les camarades de la QI sont de plus en plus investis dans les mobilisations climatiques - autour des COP à Copenhague et à Paris ou autour de luttes plus localisées - contre la fracturation en Grande-Bretagne, contre les sables bitumineux dans l'État canadien ou contre l'oéloduc Keystone Pipeline aux États-Unis et l'État canadien.

Certains partis de la gauche radicale, à l'échelle européenne, se sont définis comme écosocialistes, notamment l'Alliance Rouge-Verte au Danemark, le Bloc de Gauche au Portugal, le Parti Socialiste de Gauche en Norvège et, au moins formellement, le Parti de Gauche en France.

Méthode de transition

Une approche transitoire est cruciale pour mener la lutte pour défendre l'écologie de la planète comme partie intégrante de notre lutte générale pour mettre fin au capitalisme et établir une société écosocialiste économiquement et socialement juste et écologiquement durable.

Cela ne signifie cependant pas - ce qui est la logique du texte de la Commission - avec une grande partie de la gauche radicale - que la solution à la crise écologique actuelle est le renversement et le remplacement du capitalisme dans le monde entier dans les deux ou trois prochaines décennies. C'est ce que j'appelle le "déficit de crédibilité». En effet, alors que la catastrophe écologique est imminente il y a peu d'indices en ce qui concerne la révolution écosocialiste mondiale. En fait, concrètement, si la révolution écosocialiste mondiale, dans les deux ou trois prochaines décennies, est la solution au réchauffement de la planète, alors il n'y a pas de solution au réchauffement de la planète.

Il est également problématique de conclure ou d'insinuer que rien de significatif ne peut être fait pour défendre l'environnement tant que le capitalisme existe, puisqu'il serait alors trop tard. La classe ouvrière hériterait d'une planète morte ou semi-morte, et il n'y aurait pas d'écosocialisme (ou d'emplois) sur une planète morte.

La réalité est qu'une défense efficace de l'écologie de la planète signifie une lutte, ici et maintenant, pour forcer le capitalisme à faire de sérieux changements ici et maintenant. Et ce n'est pas impossible. C'est contre la logique du capitalisme et des gouvernements qui en découlent, mais des changements importants sont déjà intervenus et cela a été contraire à cette logique. Les progrès vont de l'inversion de la destruction de la couche d'ozone à la défaite du pouvoir nucléaire en Allemagne en passant par les progrès réalisés dans le domaine de l'énergie verte, même s'ils restent insuffisants.

Nous devons faire avancer des exigences qui donnent aux gens de l'espoir plutôt que du désespoir - et il y a peu d'espoir dans une politique de révolution comme seule solution.

Ce qui est requis, par conséquent, n'est pas une approche maximaliste mais une approche transitoire. En d'autres termes, une lutte pour mettre fin au capitalisme dans le contexte d'une lutte pour forcer le capitalisme à prendre les mesures nécessaires pour défendre l'écologie de la planète - par exemple la pleine mise en ?uvre des engagements de l'accord de Paris. C'est un processus qui est très bien décrit dans la conclusion du texte de la Commission - qui a été rédigé par Michael Lowy - et qui, à mon avis, n'est pas conforme au reste du texte. Il dit ce qui suit, avec lequel je suis tout à fait d'accord :

' Rêver et se battre pour le socialisme vert ou, comme certains le disent, pour le communisme solaire, ne signifie pas que nous ne nous battons pas pour des réformes concrètes et urgentes. Sans illusion dans le "capitalisme vert», il faut essayer de gagner du temps et imposer aux pouvoirs en place des mesures concrètes contre la catastrophe en cours, en commençant par une réduction radicale des émissions de gaz à effet de serre.

Ces revendications écologiques urgentes peuvent favoriser un processus de radicalisation à condition que nous refusions de limiter leurs objectifs en obéissant au marché capitaliste ou à la "compétitivité».

Chaque petite victoire, chaque avance partielle peut nous amener immédiatement à une revendication plus élevée et plus radicale. Ces luttes sur des problèmes concrets sont importantes, non seulement parce que les victoires partielles en elles-mêmes sont les bienvenues, mais aussi parce qu'elles contribuent à la croissance d'une conscience écologique et socialiste et favorisent l'autonomie et l'auto-organisation à la base. Cette autonomie et cette auto-organisation sont les conditions nécessaires et décisives pour une transformation radicale du monde, c'est-à-dire une transformation révolutionnaire qui n'est possible que par l'auto-émancipation des opprimés et des exploités: ouvriers et paysans, femmes, indigènes, communautés, ainsi que toutes les personnes persécutées en raison de leur race, de leur religion ou de leur nationalité.

Les élites dirigeantes du système, retranchées derrière leurs barrières, sont incroyablement puissantes et les forces de l'opposition radicale sont faibles. Mais leur développement en un mouvement de masse, sans précédent en nombre, est le seul espoir d'arrêter le cours catastrophique de la "croissance» capitaliste et d'inventer une forme de vie désirable, plus riche en qualités humaines, une nouvelle société basée sur les valeurs de la dignité humaine, de la solidarité, de la liberté et du respect de "Mère Nature». '

Les changements dont nous avons besoin aujourd'hui pour aller dans le sens de l'écosocialisme et inverser la crise climatique ne sont pas complexes, même si cela suppose une grande lutte pour les obtenir. Nous devrions appeler à ce qui suit:

• Une rupture totale et urgente avec l'énergie fossile. Laisser le pétrole dans le sol et le charbon dans la mine. Interdire l'utilisation du charbon de lignite, des sables bitumineux, de la fracturation hydraulique et de toutes les autres formes de production d'énergie extrême. Nous devrions appeler au désinvestissement dans le secteur des combustibles fossiles et à la fin des subventions pour le développement de projets basés sur l'énergie fossile.

• Un programme d'urgence de conversion aux énergies renouvelables - dans le cadre d'un système énergétique socialisé. Nous avons besoin en même temps d'une réduction importante de la consommation d'énergie à tous les niveaux de la société, y compris par l'isolation de nos bâtiments privés et publics, car les énergies renouvelables ne suffiront pas à remplacer la consommation actuelle.

• La fin de l'énergie nucléaire.

• Nous devrions exiger des tarifs fortement progressifs en matière d'énergie et d'eau : des tarifs qui commencent à zéro et augmentent à mesure que la consommation augmente. Cela aiderait les plus pauvres et réduirait l'utilisation de l'énergie et de l'eau.

• La fin de la société du gaspillage, conçue pour générer de vastes quantités de produits inutiles pour nourrir l'obsession capitaliste du profit et de la croissance, et le scandale croissant du gaspillage plastique. Nous devrions mettre fin à la pratique de l'obsolescence programmée. Nous devrions mettre un terme à la production de matières plastiques à usage unique et contrôler l'élimination des matières plastiques là où elles sont utilisées. Au cours des dix dernières années, nous avons produit plus de plastique que pendant tout le siècle dernier. Il faut 500-1 000 ans pour que le plastique se dégrade. Pratiquement chaque morceau de plastique qui a été fabriqué existe encore sous une forme ou une autre (à l'exception de la petite quantité qui a été incinérée). Les effets de ceci sur la biodiversité sont déjà catastrophiques.

• Une forte réduction de l'utilisation de la voiture, en particulier pour un usage individuel. En attendant, nous avons besoin de l'élimination de la combustion interne (le diesel de toute urgence), et le passage aux voitures électriques avec un gros investissement dans la technologie nécessaire. Nous avons besoin d'une forte réduction du trafic aérien, de la fin des vols courts (en faveur du rail) et de la fin de l'expansion des aéroports.

• Une forte réduction des empreintes carbone et écologiques individuelles, en particulier dans le Nord.

• L'utilisation d'une fiscalité progressive pour réduire l'utilisation des combustibles fossiles - l'imposition d'une taxe sur les carburants aériens et maritimes est d'une urgente nécessité.

• Une forte réduction du temps de travail sans perte de salaire et une transition socialement juste vers des emplois verts pour les travailleurs de l'industrie des combustibles fossiles. La CSI a fait un pas important à cet égard et devrait être soutenue.

• Donner le statut de réfugié aux victimes des catastrophes écologiques/climatiques. Plein respect des droits démocratiques des réfugiés en général.

• Mettre fin au carnage contre le monde naturel. Les éléphants sont toujours chassés jusqu'à l'extinction pour leurs défenses, les rhinocéros sont chassés jusqu'à l'extinction pour leurs cornes, les tigres aussi dont les os sont utilisés dans la médecine chinoise, les requins sont tués en grand nombre juste pour leurs nageoires et les baleines pour le commerce illégal de viande. En même temps, le commerce de la viande de brousse reste florissant, à côté de la capture d'animaux sauvages vivants pour le commerce des animaux de compagnie, en Afrique et en Amérique du Sud en particulier. Il faut mettre fin à la chasse sportive

Une stratégie de sortie du combustible fossile

Alors que les revendications ci-dessus sont d'une importance cruciale, la réalité incontournable est que tant que les combustibles fossiles sont la forme d'énergie la moins chère disponible, ils vont être utilisés. Il y a donc un besoin urgent d'une stratégie de sortie qui puisse entraîner une très forte réduction des émissions de carbone dans les deux ou trois décennies qui nous restent. Le moyen le plus efficace de le faire est de rendre les combustibles fossiles beaucoup plus coûteux par une méthode socialement juste, économiquement redistributive et capable de suciter un soutien populaire de masse.

La meilleure proposition à cet égard est la proposition de James Hansen en matière de plafonnement et de dividende - ou dans les même lignes. Elle fournit un cadre efficace pour une très forte réduction des émissions de combustibles fossiles, ici et maintenant alors que le capitalisme existe, d'ici une ou deux décennies, et sur la base d'un transfert majeur de richesse des pauvres vers les riches comme un encouragement à aller de l'avant. Aucune autre proposition ne le fait. La proposition de Hansen ne dépend pas non plus d'un accord international, mais peut être défendue sur l'arène politique nationale dans chaque pays.

Elle devrait, comme le reconnaît Hansen, aller de pair avec de nombreuses autres mesures telles que le passage à l'énergie renouvelable, un important programme d'économie d'énergie, la fin du gaspillage et de l'obsolescense des moyens de production, ainsi qu'un grand nombre de revendications énumérées ci-dessus.

Je ne propose pas que la QI adopte la proposition de Hansen ici et maintenant, mais nous devrions sérieusement envisager d'adopter ou la proposition de Hansen ou quelque dans la même ligne.

notes
1. The Future p.161

2. C'est une approximation grossière puisque cette datation est très contestée.

3. On peut le trouver ici : http://advances.sciencemag.org/content/3/7/e1700782.full

4. UN World Population Prospects: The 2012 Revision, June 2013

5. Plus d'informations : http://www.internationalviewpoint.org/spip.php?article5019

 

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