Avortement, contraception… et formation médicale

par Didier Epsztajn
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Maud Gelly, Avortement et contraception dans les études médicales — Une formation inadaptée, L'Harmattan, Bibliothèque du féminisme, Paris 2006

Ce livre, dont l'origine est une thèse en médecine, offre le grand intérêt d'interroger la réalité et ses transformations dans un domaine circonscrit et de montrer les freins sous-jacents à l'application d'un droit acquis par les femmes à travers leurs luttes.

Cette note ne vise pas à une présentation exhaustive du livre mais à inciter les un-e-s et les autres à étudier ces pages non centrées sur les techniques médicales mais analysant les interpénétrations du savoir médical, de son enseignement et de la prégnance des " préjugés » sur le corps des femmes.

Ainsi " l'enseignement universitaire ne modifie pas significativement la perception qu'ont les étudiants de l'autonomie des femmes en matière d'avortement et de contraception, sauf quand elle est affirmée dans des termes médicaux sans équivoques ». L'absence de réflexion sur les dimensions sociales et politiques de la contraception et de l'avortement se traduit par un " renvoi au privé des aspects non médicaux de la maîtrise de la fécondité, lesquels en font pourtant le sens et justifient et exigent que les médecins mettent leur technique et leur savoir au service des femmes. »

Il devient alors évident que les étudiant-e-s privilégient " les connaissance biomédicales au détriment de la prise en compte des conditions concrètes de vie et de sexualité des femmes, et surtout au détriment d'une implication réelle des étudiants dans la prise en charge par les femmes de la maîtrise de leur fécondité. »

Les notions de " risque », " d'effet secondaire », de " traumatisme » sont très pertinemment mises en relation avec les réalités subies ou activées par les femmes afin de montrer leur caractère idéologique et permettre d'avancer vers la banalisation nécessaire des conditions d'application du droit des femmes.

Cette étude sur l'enseignement de la contraception et de l'avortement dans les études médicales montre une fois de plus, la nécessaire intervention des groupes socialement dominés pour garantir leur autonomie, condition d'une subversion possible des rapports de domination, en l'occurrence des rapports de genre.

 

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