Communiqué Etat d'urgence NPA et Anticapitalistas

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L'état d'urgence permanent ?
Communiqué du NPA (France)
Communiqué d'Anticapitalistas (État espagnol) face aux attentats du 13 novembre à Paris

L'état d'urgence permanent ?

Communiqué du NPA (France)

Hollande vient de terminer son discours devant le congrès réunit en urgence après les attentats de vendredi soir à Paris et Saint-Denis. Pendant 45 minutes, il a développé une politique du tout sécuritaire, de restrictions des droits démocratiques et de va-t-en-guerre. Il propose ainsi de prolonger et d'amplifier ce qui n'a pas marché. En proposant par exemple une coalition avec Obama et Poutine pour amplifier les bombardements en Syrie.

Dans le même temps au niveau national, il propose de prolonger et d'amplifier, l'état d'urgence durant trois mois puis de le normaliser et de le banaliser en proposant une révision de la Constitution. Reprenant à son compte, dans l'esprit de l'union nationale, les propositions de la droite et de l'extrême droite, il propose la déchéance de nationalité, des expulsions plus rapides et plus expéditives et enfin sous couvert de légitime défense, il banalise le libre usage des armes par la police. Il amplifie le tout sécuritaire avec le recrutement de 5000 policiers et gendarmes en deux ans, et propose la mise en place d'une garde nationale de réservistes.

Aucune de ces mesures ne seront efficaces pour lutter contre l'embrigadement de jeunes par Daech parce qu'elles font l'impasse sur la responsabilité de l'impérialisme notamment français, parce qu'elles tournent le dos à toute politique sociale notamment dans les quartiers populaires.

A l'inverse, la lutte contre le racisme et les discriminations, la solidarité, l'égalité sociale doivent se manifester massivement ; L'état d'urgence vise aussi à empêcher cela et il doit être levé.

Montreuil, le 16 novembre 2015

Communiqué d'Anticapitalistas (État espagnol) face aux attentats du 13 novembre à Paris

Face aux attentats perpétrés à Paris le vendredi 13 novembre, Anticapitalistas condamne la barbarie et se solidarise avec ceux qui en sont les victimes. Nous adressons un message de soutien et d'empathie aux personnes touchées et notre indignation et colère face à ce qui s'est produit.

L'objectif du terrorisme n'est autre que la création d'un état permanent de terreur, de haine et de défiance généralisés au sein de la population. Si la réponse passe par la réduction des libertés, moins de démocratie et de nouvelles atteintes aux droits humains, les terroristes auront atteint leur objectif. Répondre à la haine par plus de haine et à la terreur par plus de terreur revient à donner la victoire aux terroristes et à réalimenter la barbarie.

Ceux qui veulent criminaliser tout un groupe social pour le simple fait d'avoir en commun une origine géographique, des phénotypes humains et un substrat culturel supposé commun, tombent dans le même aveuglement et dans le même schéma de confrontation des blocs et de choc des civilisations que développe la droite xénophobe. Le mal nommé État islamique, qui n'est ni un État ni islamique, n'a de ce fait rien à voir avec les plus de un milliard et demi de musulmans que compte le monde et qui, depuis le début, condamnent ces attentats et bien d'autres similaires. Aujourd'hui, le focus est sur Paris, mais il faut rappeler que la majorité des victimes de la barbarie djihadiste, dans ses différentes versions et fractions, ce sont les musulmans eux-mêmes. Le fanatisme religieux, de quelque type qu'il soit, est toujours un ennemi du peuple, comme le sont aussi l'impérialisme et les politiques racistes.

Tout comme nous critiquons les réactions automatiques et simplistes, nous critiquons les analyses mécanistes et unilatérales. L'impérialisme occidental n'est pas l'unique cause du fanatisme religieux ni des attentats que celui-ci commet, bien qu'il contribue résolument à faire tourner une roue d'action/réaction mortifère et offre un alibi politique à ceux qui, des deux côtés, ont intérêt à renforcer un monde fait de blocs fermés qui s'affrontent, divisant les peuples et les classes laborieuses. Les djihadistes naissent dans les mosquées radicalisées et minoritaires, mais aussi dans les prisons, dans les quartiers frappés par le chômage et la pauvreté, sur les décombres des bombardements.

Les interventions militaires extérieures s'ajoutent à la politique commerciale et économique des grandes puissances menées en direction des pays du Sud global, aux murs de séparation et aux centres de rétention administrative de l'Europe forteresse, aux modèles d'intégration raciale par assimilation et aux politiques d'austérité qui, dans le monde entier, génèrent la pauvreté, les inégalités et les guerres. Voilà le bouillon de culture du fanatisme. Combattre ce dernier passe par le vider et non par y verser encore plus de liquide incendiaire.

Fermer les frontières, suspendre les libertés civiles, militariser l'espace public, durcir le Code pénal et agiter la haine raciale, c'est cela le véritable programme du terrorisme. La perpétuation de l'état d'urgence ou les prétendus pactes antiterroristes, qui ne s'attaquent pas aux causes mais seulement aux effets, ne sont que des solutions cosmétiques pour la galerie, ou même de nouveaux tours d'écrou dans la spirale de la terreur globale. La solidarité c'est le réconfort entre les peuples, non la connivence avec ceux qui provoquent l'horreur et alimentent la spirale de la violence. C'est pourquoi nous sommes préoccupés à l'idée que la réponse à ces attentats passe par le renforcement de valeurs et de pratiques que leurs auteurs cherchent à instaurer. A l'idée aussi que ce massacre soit utilisé pour criminaliser encore plus les réfugiés qui arrivent en Europe et fuient précisément le fondamentalisme religieux, la haine et la mort qu'il génère.

Que les attentats de Paris deviennent le "11 septembre européen" ne dépendra pas tant du nombre final de victimes que des réactions et des conséquences politiques qui en dérivent. Le cycle de guerre globale permanente, de réduction des libertés et de politiques racistes commencé en 2001 explique en grande partie les attaques de Paris et devrait représenter une leçon pour relever ce nouveau défi. Il est encore temps. Cependant, les principales forces politiques en France, en Espagne et en Europe parlent déjà de la "guerre du XXIe siècle" et répondent en termes d'unité nationale, de sécurité policière et de haine raciale. Plus qu'une réponse, cela ressemble à un programme électoral et de gouvernement de la droite la plus réactionnaire. Si nous laissons les Le Pen et les Sarkozy de chaque pays se mettre aux commandes de la réponse à la terreur, nous trouverons toujours plus de haine et de terreur. Le souvenir de la guerre d'Irak et de la gestion des attentats du 11 mars (2004) à Madrid par le gouvernement Aznar devrait nous servir d'avertissement.

Si les bombes réussissent à vider les rues et à briser la vie en commun, ce sont la répression et la haine qui occuperont le vide. Ce n'est pas le moment d'avoir peur ni de s'enfermer chez soi, en laissant le terrain libre à ceux qui, de l'un ou l'autre des bords, veulent ériger des murs de défiance entre les classes populaires. C'est l'heure du peuple, c'est le moment de créer des communautés vivantes, ouvertes et solidaires. Car, là où il y a des gens organisés, le fanatisme et la haine n'entrent pas, qu'il porte l'étiquette de djihadiste ou de néofasciste. Il n'y a qu'une seule réponse : plus de démocratie, plus de droits, plus de vivre-ensemble. Notre plus ferme rejet de toutes les formes de haine et de ceux qui les alimentent de chaque côté, est seulement comparable à notre plus ferme solidarité et plus ferme appui à ceux qui les subissent et à ceux qui les combattent. Il n'y a que le peuple qui sauve le peuple. Il n'y a que les peuples qui sauvent les peuples.

Anticapitalistas, 14 novembre 2015.