« Préparer progressivement la grève générale », entretien avec Bernd Riexinger

par Bernd Riexinger
Bruxelles, 19 mars 2005. DR
Bernd Riexinger est le secrétaire général du syndicat Ver.di du secteur de Stuttgart et porte-parole du parti Die Linke dans le Bade-Wurtemberg. Cette interview réalisée par Claudia Wangerin a été publiée dans le quotidien berlinois Junge Welt n° 88 du samedi 28 mars 2009.

Vous avez déclaré, il n'y a pas si longtemps, que vous considériez une grève générale comme nécessaire, mais que celle-ci à l'heure actuelle n'était pas encore possible. Quelle est d'après vous la raison essentielle qui fait que ça ne marche pas ? Est-ce le fait des travailleurs dans les entreprises qui sont encore trop timides. ?

 

Bernd Riexinger : Il y a en Allemagne une contradiction curieuse entre la compréhension de la nécessité de ce qu'il faudrait faire et ce que l'on parvient en fait à faire. Dans notre région, en Souabe, on entend souvent dire " Nous devrions faire comme les Français » mais pas encore " maintenant nous faisons comme les Français ». C'est que pour y arriver, il faut une volonté politique des directions syndicales à tous les échelons. Je pense qu'il faut préparer la grève générale en Allemagne étape après étape. Les expériences passées nous ont régulièrement apporté la preuve que les syndicats sont tout à fait en mesure d'organiser des actions sur le temps de travail. Par exemple dans la lutte contre la retraite à 67 ans ou lors des attaques contre l'autonomie tarifaire — ce qui au fond n'est rien d'autre qu'une grève politique. C'est pour cette raison que je pense que l'on peut amener progressivement les travailleurs et travailleuses à la grève générale.

 

La législation est différente en Allemagne et en France. Ici les grèves politiques sont interdites. Quelles peuvent en être les conséquences pour ceux qui y participeraient ?

 

B. Riexinger : En pratique, tout dépendrait du nombre de participants. Au-delà d'un certain seuil, personne ne se risquera sérieusement à engager une procédure judiciaire contre les participants. Ce qu'il faut, c'est tout simplement le faire. Et on doit, bien sûr, lier cette action avec l'exigence du droit à la grève politique. Les syndicats ne devraient pas continuer indéfiniment à accepter que l'Allemagne soit l'un des rares pays d'Europe dans lesquels la grève politique n'est pas autorisée.

 

 

Traduit de l'allemand par Gérard Torquet et Pierre Vandevoorde.